Iran : Le régime a du mal à assumer la hausse des prix 23.01.2010 Durant les trente dernières années, le régime a vendu les produits de base, souvent d’origine étrangère (c’est-à-dire payés en dollars), à très bas prix pour qu’ils soient à la portée des très petits salaires qu’il distribuait aux Iraniens avec la monnaie iranienne 100,000 fois moins puissante que le dollar ! Affaibli par les sanctions qui le privent de nouveaux contrats pétroliers et donc de réserves nécessaires en dollars pour approvisionner le marché, Téhéran a opté pour un plan de réduction du pouvoir d’achat des Iraniens. Ainsi, il n’y aura jamais de pénuries susceptibles de provoquer des émeutes. Ce plan passe par la suppression des subventions et une libération des prix aux contours encore flous qui intriguent les Iraniens. Pour les préparer au choc de la découverte, le régime a opté pour un plan média éducatif. On n’a jamais lu autant d’articles économiques dans la presse quotidienne iranienne. On a même eu droit à un article évoquant la faiblesse de la monnaie iranienne. Cependant le régime n’a évidemment pas dit que le rial était à 1/100,000 du dollar (pire que par le dollar zimbabwéen) car cela le met à 1/1500 de sa valeur sous le Chah. Le régime a parlé de son taux de change officiel qui est 1/10,000e du dollar. Cette approche résume la production médiatique de la semaine sur le sujet : l’idée n’était pas d’informer sans tabous, mais d’aborder symboliquement les sujets tabous pour préparer les Iraniens. Il s’agissait d’une éducation et comme toute éducation, elle devait été rationnelle. C’est pourquoi alors que les produits qui préoccupent tous les Iraniens sont le pain et l’essence, il n’y a pas eu un seul article sur ces produits pendant les 6 derniers jours. Tous les articles de la semaine se sont focalisés sur des produits non affectifs pour parfaire l’éducation des consommateurs iraniens avant qu’ils aient droit à une dépêche sur la hausse du prix de l’essence. La vedette de cette semaine d’éducation rationnelle a été l’électricité, un produit qui touche tout le monde, mais dont le pays manque et de ce fait, il est coupé pendant plusieurs heures par jour . C’est d’ailleurs l’une des raisons du choix : les coupures ont été attribuées à une « mauvaise surconsommation de 45% des particuliers ». L’électricité a aussi été mise en vedette car elle provient des centrales thermiques qui fonctionnent au gaz, un autre produit également en hausse. Le régime a ainsi pu expliquer très simplement la corrélation des hausses. Pour bien bétonner, les médias ont précisé qu’en dehors de la hausse de la matière première qu’est le gaz, il fallait prendre en compte le coût de l’acheminement du gaz (en hausse grâce à la hausse du carburant), le coût de la transformation du gaz et enfin le coût de sa livraison aux consommateurs. À titre d’exemple, il a été précisé qu’en Europe le prix moyen du kWh ainsi produit est à 14 centimes d’euros afin que les Iraniens ne sursautent pas à la découverte de leur prochaine facture. Cependant, le but étant de préparer le terrain, aucun chiffre précis n’a été donné sur les prix à venir, mais en nous basant sur des articles écrits l’année dernière les Iraniens pourraient bien payer le kWh 900 rials en heure pleine et 1300 en heure creuse contre 130 rials à toute heure actuellement (soit 9 à 13 centimes de dollar selon le taux de change iranien au lieu de 1,3 c). Parallèlement aux articles sur l’électricité, un accent particulier a été mis sur autre produit qui touche tout le monde : l’eau. Là on a eu droit à zéro chiffre : tout l’accent a été mis sur la surconsommation extrêmement élevée en eau potable. Cela sent le super plan de rationnement encore une fois pour les particuliers en plus d’une hausse pour les particuliers et les entreprises estimée selon nos recherches à 6 fois le tarif actuel (soit 600 rials le m3). Après cette semaine éducative placée sous le signe de la lutte contre la surconsommation des particuliers, le jeudi soir tard, l’équivalent d’un vendredi soir en Occident, le régime a publié une dépêche assez longue sur les tarifs à venir sur l’un des deux sujets de préoccupations des Iraniens : l’essence, un produit sensible qui peut provoquer des émeutes. Cette dépêche sera peut-être le prototype des dépêches que leur régime a du mal à diffuser. Sur près de quinze paragraphes, la dépêche évoque la publication prochaine de « 8 programmes de transition vers des prix libres », ce qui signifie le maintien partiel des quotas à prix subventionnés pendant plusieurs années. Mais la même dépêche glisse dans son avant-dernier paragraphe les mauvaises nouvelles liées à la surconsommation : en l’occurrence « la suppression de subventions pour les automobiles consommant plus de 7 litres au 100 et la division par deux pour les automobiles consommant moins de 7 litres au 100 », en précisant qu’elles existaient déjà partiellement. Les précautions de langage prises par le régime évoquent des hausses importantes des prix et un vrai malaise pour les annoncer, et quand un tel régime a peur, c’est que c’est du sérieux.
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