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Iran : Un retournement spectaculaire grâce aux Etats-Unis !
14.09.2009

Afin de ne faire aucun geste d’apaisement sans s’exposer à des sanctions pour manque de coopération, Téhéran a l’idée d’une offre de dialogue hors-sujet pour pousser les Américains à claquer la porte des négociations. Après avoir refusé sans s’emporter, Washington a accepté ce dialogue pour engager Téhéran dans la voie de l’apaisement. C’est la panique à Téhéran, les mollahs ne veulent plus de leur propre solution !



Le mardi 8 septembre, le principal négociateur iranien a annoncé à la presse que Téhéran était prêt à reprendre les pourparlers avec les Occidentaux.

Le mercredi 9 septembre, Mottaki, le ministre iranien des affaires étrangères, a répété que l’Iran était prêt à reprendre le dialogue avant de remettre aux représentants des Six réunis dans ses bureaux à Téhéran des copies du paquet des propositions iraniennes, en fait un ensemble de sujets de discussion déjà proposés en 2008 qui avait alors été rejeté par les Six comme étant hors-sujet. Téhéran espérait provoquer une réaction similaire des Six pour rejeter la faute d’une rupture sur eux.

Le jeudi 10 septembre, Téhéran a cherché à ranger l’opinion de son côté en insistant sur sa volonté permanente de dialoguer, « la main tendue par Ahmadinejad », une attitude peu récompensée par ses adversaires. C’est d’abord Soltanieh, le représentant iranien à l’AIEA, qui l’a dit à Vienne en citant Ahmadinejad, puis Hashemi-Samerah, vice-président et meilleur ami d’Ahmadinejad, l’a redit dans une interview accordée au Washington Post.

Le vendredi 11 septembre, les Américains ne se sont pas emportés comme le souhaitait Téhéran, car cette proposition n’avait rien d’inédit. C’était du réchauffé.

C’est en 2008 que Téhéran avait mis au point ce stratagème de dialogue décalé pour provoquer une rupture des Américains. Il n’avait pas obtenu l’effet escompté car Bush voulait conclure son mandat par une entente avec l’Iran nécessaire pour accéder à l’Asie Centrale. Avec l’arrivée d’Obama qui avait multiplié les prétextes pour attirer Téhéran à la table des négociations, les mollahs avaient mis de côté cette proposition risquée. Conformément à notre analyse, quand Obama et ses conseillers ont vu ressurgir cette proposition avec les risques évidents qu’elle comportait, ils ont conclu à un épuisement des solutions et ruses diplomatiques du côté iranien, un épuisement qui leur a permis d’affiner leur réponse.

Le vendredi 11 septembre, les Américains ont refusé de prendre la main tendue par Ahmadinejad. Concluant à un succès de son plan, Mottaki, le ministre iranien des affaires étrangères, a alors repris la parole pour insister sur la bonne volonté de son pays pour discuter.

Coup de Jarnac | Il faut croire que Washington prévoyait ce genre de cocorico. En bon joueur de poker, il l’a attendu pour piéger Téhéran. Il a alors accepté l’offre de Téhéran en se disant « prêt à tester la volonté iranienne pour discuter ! »

Le samedi 12 septembre, Washington a retourné la situation en sa faveur. Piégé par son excès de fierté, le régime s’embourbe, insiste sur son « droit au nucléaire », mais ne peut remettre en cause la volonté de dialogue qu’il a affichée.

Que va faire Téhéran ? C’est une défaite beaucoup plus grave que l’on ne se l’imagine car Téhéran est désormais devant un non-choix. S’il refusait de dialoguer (pour parvenir à un compromis), il se verrait exposé à de nouvelles sanctions, ce qui dans son cas peut signifier un effondrement car déjà il est économiquement très affaibli. S’il acceptait le dialogue (un compromis) pour échapper à cet affaiblissement supplémentaire susceptible d’aider les opposants, il se verrait désavoué par la rue arabe à qui il a promis un refus de dialogue avec les Américains « alliés des sionistes ». Il aurait alors du mal à conserver le contrôle des milices qui ont un pouvoir réel de nuisance. Sans cet apport terroriste, le régime serait facile à renverser. De ces deux solutions, la seconde est la plus radicale, c’est pourquoi, très vraisemblablement, Téhéran choisira les sanctions en espérant qu’elles soient adoucies avec l’aide de ses alliés de base qui sont ses partenaires commerciaux, la Russie, la Chine et l’Europe.

Un avant-goût de ce choix crucial nous est donné par la fuite en avant d’Ahmadinejad avec un discours anti-impérialiste proche des aspirations de la rue arabe.

La ruse du dialogue décalé ayant échoué, nous verrons aussi le régime intensifier sa comédie de contestation scénarisée de la légitimité d’Ahmadinejad pour feindre la crise interne qui l’empêcherait de dialoguer.

Ira-t-on vers un enlisement ? Non, car cette situation avec de nouvelles sanctions peut être une bénédiction pour l’opposition iranienne qui a contesté la totalité du régime entre le 15 et le 25 juin par un soulèvement national. Cette situation avec de nouvelles sanctions ouvre la porte à de nouvelles possibilités d’action anti-régime quand les sanctions créeront des pénuries de produits de base. De plus, l’aggravation de la situation économique au niveau populaire suite à un refus de dialogue va secouer les faux opposants : ils devront choisir entre le peuple qui souffre de ce refus de dialogue et le régime dont ils font partie. Le régime va au-devant d’un risque de fracture interne.

Cette situation va aussi révéler au grand jour le vide du discours des faux dissidents du régime si au lieu de défendre le peuple, ils défendent le droit au nucléaire.

Les semaines à venir risquent de s’avérer passionnantes car le régime ne peut pas reculer et doit aller toujours en avant. Dans ce cadre, il demandera aussi à ses lobbyistes étrangers de prendre la défense de son droit au nucléaire. Ces lobbyistes devront faire aussi des choix. Le coup de Jarnac de Washington (bien que conçu pour coincer les mollahs dans une entente) sera une bénédiction pour tous les adversaires de ce régime.


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| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
| Mots Clefs | Nucléaire : Négociations sans fins (Manoeuvres dilatoires) |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |