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Iran : Que signifie la confiance accordée à Ahmadinejad
04.09.2009

Après une victoire contestée, Ahmadinejad a connu une interminable contestation de l’ensemble de ses choix ministériels par le Parlement islamique. Cette période semble révolue car le Parlement a finalement accordé son vote de confiance au président. Les experts parlent d’une « large victoire pour Ahmadinejad, une victoire qui va lui donner les moyens de sa politique nucléaire ».



Après plus de 30 heures d’examen au cas par cas des 21 ministres, le Parlement islamique a procédé à un vote. Les 286 députés présents ont fait la queue pour mettre dans 21 pots transparents (un par ministre) des cartons faisant état de leur avis (approuvé, rejeté ou sans avis).

Le résultat n’est pas conforme aux rumeurs alarmantes que ces mêmes députés avaient diffusées pendant 15 jours, puisqu’il y a 3 rejets sur des ministères mineurs et 18 ministres approuvés souvent avec des scores flamboyants.

En revanche, il serait exagéré voire faux de dire que ce vote de confiance est une victoire pour la politique générale d’Ahmadinejad car Mottaki, son ministre des affaires étrangères qui rempile pour 4 ans, a recueilli le second plus mauvais score du scrutin. Mehrabian le ministre du commerce qui est le neveu d’Ahmadinejad a obtenu un score encore plus bas suivi sur la liste des lanternes rouges par le ministre de pétrole d’Ahmadinejad. Avec ces trois, une nouvelle crise n’est pas exclue.

Normalement, on aurait dû avoir droit à une information sur cet avertissement adressé à Ahmadinejad, mais aucun des experts consulté par la presse française n’a évoqué ce point. Tous parlent de la grande victoire du président. On retrouve les mêmes commentaires dans les médias iraniens. Cette unanimité résulte du fait que les experts consultés dans les médias français sont des lobbyistes affichés du régime des mollahs et que les grandes agences de presse occidentales composent leurs dépêches avec des éléments (commentaires, explications, analyses) fournis par l’IRNA, la principale agence de presse du régime, agence dirigée par les Pasdaran). L’Occident est abreuvé par ce que Téhéran veut véhiculer comme message.

- Il y a une semaine, tous les médias et les lobbyistes du régime voulaient véhiculer l’image d’un président désavoué, mais à présent, les mêmes sources nous parlent d’un Ahmadinejad consolidé qui peut mener à sa guise sa politique nucléaire.

Le message du régime varie au gré des fluctuations de la crise nucléaire iranienne et conformément à un schéma de fonctionnement du régime en temps de crise.

le schéma de secours | Selon Téhéran, à chaque fois qu’un adversaire augmente ses pressions ou sanctions, il faut tempérer en évoquant un possible retour aux affaires des modérés à l’issue des prochaines élections. Dans le cas présent, la promesse devient possible dans l’immédiat avec un président contesté par tous car cela insinue la possibilité d’une destitution anticipée suivie de nouvelles élections. Selon le même schéma, si au lieu d’évoquer des sanctions, l’adversaire propose le dialogue, il faut refuser la main tendue car un adversaire fort ne recule pas.

le schéma appliqué à notre cas | La semaine dernière, les Six ont renouvelé leur proposition de dialogue assortie de menaces de nouvelles sanctions. Téhéran ne peut pas accepter ce dialogue car il sous-entend un apaisement avec les Etats-Unis. C’est le point qui le bloque car il a fondé sa puissance sur sa capacité de nuisance contre Israël. S’il esquissait un apaisement en direction des Etats-Unis, il perdrait le soutien de la rue arabe et de ses milices islamistes. Dans l’incapacité d’accepter le dialogue, Téhéran s’est reporté sur son schéma de secours.

En prévision de l’annonce d’un renforcement des sanctions à la suite de la publication du dernier rapport défavorable de l’AIEA, Il a commencé à diffuser des rumeurs de la contestation d’Ahmadinejad pour préparer le terrain. Très prévoyant, Téhéran a même fixé la date du vote de confiance ou de déchéance d’Ahmadinejad au 2 septembre, le jour de la réunion des Six pour étudier le dernier rapport de l’AIEA et recommander des sanctions.

Le rapport est paru fin août. Il était positif pour Téhéran car il évoquait une vraie volonté de coopération et un ralentissement des activités nucléaires. Téhéran a cru que ce rapport pourrait aider ses alliés, la Chine et la Russie à plaider une pause dans le processus des sanctions. Subitement, les rumeurs ont changé : les députés ont évoqué un possible vote de confiance sans aucun rejet, en évoquant la nécessité de suivre les dernières directives du Guide Suprême : « ne pas agir de manière à satisfaire les ennemis étrangers ».

Malgré le contenu positif du rapport et les attentes du régime, aucun des alliés de Téhéran ne s’est exprimé officiellement contre des sanctions. Ils ont même observé un silence suspect. Dans le même temps, les Français et les Allemands qui avaient demandé des sanctions ont aussi adopté ce silence anxiogène. Téhéran a paniqué : dans le doute, il a remis en place les rumeurs de contestation d’Ahmadinejad. Il a aussi différé de 24 heures le vote de confiance à Ahmadinejad.

A Paris, Vincent Hugeux de l’Express qui fréquente malheureusement les lobbyistes du régime a conclu à un vote négatif et il a écrit un article prévoyant un désaveu massif de 5 à 10 ministres et un avenir sombre à Ahmadinejad !

S’il avait attendu 24 heures, il n’aurait pas fait cette gaffe. Dans la soirée, Téhéran a eu les résultats de la réunion des directeurs politiques des ministères des Affaires étrangères des Six réunis à Francfort : aucune référence aux sanctions. Les Six ont plaidé aussi « en faveur d’une reprise du dialogue nucléaire avec l’Iran en marge de la prochaine session de l’Assemblée générale de l’ONU à New York ». Téhéran a conclu à leur faiblesse (réticence persistante à augmenter les sanctions), il a lancé la procédure du vote de confiance pour annoncer la victoire d’Ahmadinejad avec les commentaires élogieux que nous connaissons.

Petit détail | Les résultats ont été annoncés à midi. Ce qui est impossible vu le nombre élevé des députés votants (286) et les rituels à accomplir : à savoir mettre le carton adéquat dans les 21 pots portant le nom de chaque ministre et compter deux fois le contenu des urnes. Ce vote éclair n’a sans doute pas eu vraiment lieu. Il y a certes des photos, mais aucune vidéo bien qu’elle avait été promise.

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Quoi qu’il en soit, à l’issue du vote, le président contesté a cédé sa place à Super Mahmoud « qui peut mener à sa guise sa politique nucléaire ».

La première décision de ce président consolidé a été d’affirmer via le porte-parole de la diplomatie iranienne qu’« un retour aux négociations sous la pression et les menaces était inadmissible et inaccessible ! »

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| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

| Mots Clefs | Institutions : Parlement Islamique |
| Mots Clefs | Institutions : Démocratie (médiatico)-Islamique |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Ahmadinejad |

| Mots Clefs | Décideurs : Analystes & Experts |