A l’occasion du voyage de Shimon Pérès à Moscou, l’on reparle de l’opposition d’Israël à la livraison des systèmes anti-missiles russes S-300 à l’Iran, ce qui laisse supposer des projets de frappes dans les mois à venir. Il est certain qu’Israël, mais aussi son allié américain ne souhaitent pas voir les mollahs s’équiper de cette DCA très performante, mais à la lumière de la nouvelle sur l’autorisation implicite de livraison de missiles iraniens au Hamas, on peut supposer que les deux alliés ont d’autres projets pour Téhéran.

Ces projets concernent, non pas la capacité balistique inexistante de Téhéran, mais sa vraie force de dissuasion : sa capacité de nuisance régionale via des chaînes islamistes qui travaillent en tandem avec des milices armées comme le Hamas et le Hezbollah. Le but est d’attirer la plus petite de ces forces de nuisance dans une guerre pour lui faire perdre la face, comme cela est arrivé pendant la guerre de Gaza en décembre 2008.

A cette époque, les mollahs redoutaient l’arrivée d’Obama à la Maison-Blanche et son offre de dialogue sans condition préalable, un processus piège conçu pour les engager sur la voie des concessions notamment sur cette capacité de nuisance. Pour l’en dissuader, ils ont donc décidé de frapper fort en faisant une démonstration de leur capacité de nuisance avant son arrivée dans le bureau ovale. Téhéran a alors chauffé à blanc la rue arabe avec ses chaînes islamistes peu avant que le Hamas n’annonce sa décision de ne pas reconduire la trêve, le 19 décembre, en raison du non-respect par l’ennemi sioniste de ses engagements. Aussitôt, le Hamas a commencé à tirer ses petits missiles iraniens sur Israël alors même qu’il n’avait pas la capacité de résister à une riposte israélienne, comme on a pu le constater par la suite.

En fait, le Hamas ne s’y attendait pas. Selon un ancien diplomate iranien, figure respectée de l’opposition iranienne basée dans la capitale américaine, d’après des sources au Congrès, à la mi-décembre, Washington avait envoyé Jimmy Carter à Damas pour rencontrer pendant 5 heures Khaled Mechaal, le chef du Hamas. Au cours de cette rencontre, Carter avait assuré son interlocuteur qu’il avait les mains libres pour enquiquiner Israël car en période de transition présidentielle, Bush ne cautionnerait aucune riposte. Il a laissé entendre que le Hamas ferait alors le ménage pour Obama qui inaugurerait une ère anti-israélienne, promesses rendues plausibles par des déclarations démocrates faites à cette époque.

Les mollahs ont gobé cette histoire, le Hamas a plongé et ont eu le droit à l’opération « Plomb durci » qui a anéanti les faibles capacités militaires du Hamas. Pire encore, chacun a vu que Téhéran parlait dans le vide quand il promettait l’envoi de combattants ou le déclenchement de ses missiles longue portée.

En réarmant le Hamas, Washington donne aux mollahs les moyens de s’engager à nouveau dans le même piège afin d’affaiblir leur prétention ainsi que leur aura de force régionale. Téhéran pourrait évidemment éviter ce piège en refusant l’affrontement, mais cela serait l’équivalent d’un apaisement susceptible de nuire à ses relations avec le Hamas. Quel que son choix, il en sortira affaibli.

La politique américaine vis-à-vis des mollahs reste la même que depuis 30 ans : les affaiblir par tous les moyens disponibles pour les pousser à un compromis.

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