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Attentat en Iran : La guerre des revendications !
30.05.2009

Difficile à dire qui a perpétué l’attentat contre une mosquée de la ville de Zahedan. Après que Téhéran ait accusé des terroristes mercenaires à la solde des Etats-Unis ou d’Israël, le groupe Jundallah financé par Washington s’est manifesté pour revendiquer l’attentat, mais Téhéran n’exploite pas cette revendication car elle perturbe l’exploitation politique que Téhéran veut faire d’un attentat financé par Washington.



Hier soir, Téhéran a fait savoir qu’une forte explosion avait détruit une mosquée de la Ville de Zahedan. D’habitude, quand le régime des mollahs est la cible d’une attaque, il maintient un black-out total sur le sujet, pas cette fois : l’agence IRNA qui est le fournisseur des agences internationales de presse comme l’AFP était présente sur les lieux pour préparer la couverture médiatique de l’affaire. Les dépêches d’inspiration IRNA ont alors formellement fait état d’une attaque terroriste liée à l’élection présidentielle en Iran sans évoquer la possibilité d’un contexte religieux. Les dépêches ne contenaient également aucune référence à un lien avec l’Arabie Saoudite qui a longtemps été accusée des différents attentats en Iran.

La nuit de l’attentat, Téhéran a aussi fait état de l’arrestation de 3 coupables, avant d’affirmer dès le lendemain (vendredi) qu’il s’agissait d’un groupe à la solde des Etats-Unis. Le propos a été relayé par différents responsables du pays dans la journée par l’orateur de la prière de vendredi puis par le ministre de l’intérieur.

Tout au long de ce laps de temps, le groupe Jundallah (soldats d’Allah) qui est à l’origine des principales attaques contre les convois, les casernes ou les planques des Pasdaran et revendique toujours très rapidement ses forfaits ne s’est guère exprimé. Notamment parce que l’explosion a eu lieu contre une mosquée pendant une cérémonie de deuil religieux en mémoire de Fatemeh Zahra, la fille du prophète, figure religieuse chiite respectée par les sunnites et que l’attentat a été très rapidement condamné par l’autorité sunnite de la région, Mowlana Abdul-Hamid Esmaïl-zehi, l’imam de prière de la région.

Mais c’est après l’accusation lancée contre les Etats-Unis pour remettre en cause l’opportunité d’un dialogue souhaité par Washington, que le Jundallah est intervenu vendredi dans la soirée. Dans sa revendication diffusée sur l’antenne pakistanaise de la chaîne Al Arabiya, il a affirmé avoir agi pour punir Khamenei d’avoir inventé une cérémonie religieuse inédite qui sous couvert de la célébration de Fatima permet aux bassidjis d’insulter les sunnites afin de créer des tensions interreligieuses. Ainsi le Jundallah a situé l’attentat sur un terrain religieux et non politique (comme le souhaite Téhéran).

Cette revendication n’a pas été retenue comme recevable par le régime des mollahs. Non seulement aucun média du régime n’a commenté cette revendication, mais encore pour recentrer l’attentat dans un contexte exclusivement politique, le régime a fait état de tirs de pistolet contre le bureau de campagne d’Ahmadinejad à Zahedan en relation avec l’attentat de jeudi soir, en précisant que deux hommes et un enfants avaient été grièvement blessés. Cette fois encore, les fins limiers du régime ont arrêté les assaillants.

Depuis, l’agence IRNA informe en continu sur l’augmentation du nombre des morts parmi les blessés de l’attentat du jeudi en publiant surtout des photos d’adolescents (le dernier bilan est de 24 morts).

En parallèle, sur ce site et d’autres supports d’informations officielles, on a droit aux messages de condoléances des principaux responsables du régime, dont les candidats et le Guide suprême : tous en cœur dénoncent cet attentat comme un acte politique d’origine étrangères (israélo-américain) pour diviser la communauté musulmane et les Iraniens afin de nuire à l’Iran et au régime. Le premier à s’exprimer sur cette position commune fut Moussavi qui a parlé dès jeudi soir, suivi par le Guide suprême qui a parlé plus longuement sur le même thème vendredi en appelant par la même occasion les Iraniens à faire preuve d’unité nationale (c’est-à-dire d’aller voter [1]).

Paradoxe cynique | Cependant, malgré l’accusation, il n’y eut aucun appel pour rompre le dialogue avec les Etats-Unis et même dans une formidable révolution (retournement à 180°), ce même vendredi, les deux principaux candidats, Ahmadinejad et Moussavi, ont fait état de leur disponibilité pour un dialogue avec les Etats-Unis (car maintenant Téhéran dispose d’un motif pour exiger une réparation avant d’aller plus loin).

© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Cette exploitation cynique laisse imaginer une possible implication du régime dans cet attentat dont il n’existe aucune preuve visuelle probante comme des images vidéo d’évacuations des 125 blessés.

Dans un autre pays, on aurait pu savoir si cela était une mise en scène médiatique, mais la revendication tardive du Jundallah brouille définitivement les pistes. Malgré l’absence de preuves de sa réalité, l’attentat a été virtuellement homologué ! Téhéran est ravi car il peut crier au martyr et le Jundallah se vante de sa force de frappe. Ce sera néanmoins la porte ouverte à une répression très réelle dont souffriront nos compatriotes de la région.

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Pour en savoir + sur le Jundallah :
- Iran : Les Américains agitent encore le Baloutchistan
- (27 JANVIER 2009)

| Mots Clefs | Terrorismes : Jundallah |
| Mots Clefs | Violence : Baloutchestan (Sistan & Baloutchistan) |
| Mots Clefs | Terrorismes : Attentats en Iran |
| Mots Clefs | Violence (réelle) : Répression pour faire un exemple |

| Mots Clefs | Mollahs & co : Ahmadinejad |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Mir-Hossein Moussavi |
| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |

[1Allez voter ! La demande est sans cesse formulée par le régime et par ses lobbyistes.