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Iran : Les Russes ne voudraient pas quitter Bouchehr !
04.04.2009

Pendant des années, à chaque fois que les mollahs se sont mis en quête d’une entente avec l’Amérique, Moscou a réagi en leur faisant peur par des menaces de retard sur la livraison de la centrale iranienne de Bouchehr. Cette semaine Téhéran a évoqué sa disponibilité pour un dialogue à certaines conditions et immanquablement, Moscou a encore parlé de l’état d’avancement de Bouchehr, mais il semble désormais en panne de prétextes.



Moscou peut faire pression sur Téhéran avec Bouchehr car cette centrale en cours d’achèvement est la justification du maintien du programme nucléaire iranien. Téhéran prétend enrichir de l’uranium pour produire du combustible nucléaire pour Bouchehr afin d’être énergétiquement autonome. L’argument n’a pas de base scientifique car les Russes ont réglé leurs turbines pour du combustible russe. Parallèlement, Téhéran ne cesse de faire des déclarations à double sens sur l’enrichissement, des déclarations anxiogènes qui amplifient délibérément la crise.

En fait, Téhéran agit ainsi car il a nécessairement besoin d’amplifier la crise pour provoquer un état d’urgence vis-à-vis des Etats-Unis, le véritable adversaire des mollahs. L’objectif est de faire craindre à une nouvelle guerre afin d’obtenir une capitulation des Américains sur les sujets qui les opposent notamment les armes du Hamas et du Hezbollah. Mais pour avoir les moyens de cette amplification, Téhéran doit avoir un programme d’enrichissement, d’où la nécessité d’avoir une centrale en fonctionnement. De ce fait, en le privant de cette centrale, les Russes ont le moyen de perturber sa stratégie pour aboutir à un compromis avec les Américains.

Cette semaine a été marquée par un nouvel épisode des préliminaires entre les deux Etats au cours duquel les mollahs ont encore refusé la main tendue par Obama les invitant à faire le premier pas, mais ils ont bien fait savoir qu’ils étaient ouverts au dialogue sous certaines autres conditions. En réponse, Moscou évoque l’état d’avancement de Bouchehr !

Mais honnêtement, Moscou ne peut plus évoquer de retards car les travaux sont finis, et les turbines sont en phase de test. Cette fois, Moscou ne parle plus de retards matériels, mais de bons progrès sans pour autant donner une date précise, mais une simple estimation pour la fin de l’année et non fin mars ou début de l’été 2009 comme précédemment promis.

« Nos spécialistes peuvent à juste titre être fiers de leur travail à Bouchehr. Il s’agit d’un travail unique. Nous estimons qu’il sera achevé avant la fin de cette année », a déclaré Kirienko.

Ce retard de 8 mois qui ne dit pas son nom met Téhéran en situation délicate, c’est le but recherché par Moscou pour encourager Téhéran à délaisser son envie d’une entente avec les Etats-Unis pour reconsidérer un compromis multilatéral avec les Six, c’est-à-dire l’ensemble des Etats qui ont des intérêts en Iran ou dans la région.

Au-delà de ce battement de 8 mois, Moscou devra remettre à disposition des mollahs cette centrale électrique qui va sous peu devenir une source de crise car seuls maîtres à bord, les mollahs n’hésiteront pas à jouer le mystère sur la destination de ses combustibles irradiés.

Pour empêcher cette source prévisible d’une amplification radicale susceptible de provoquer un état d’urgence et une entente irano-américaine, Moscou a trouvé une parade. Selon Kirienko, les « collègues iraniens ont déjà prié (la Russie) d’envisager la création d’une coentreprise pour la gestion de la centrale, pour que la relève des experts russes se fasse graduellement ». En fait, Moscou veut rester présent sur le site, pour éviter toute opacité délibérément anxiogène sur la destination du combustible irradié.

Dans cette crise, ou plutôt bras de fer entre Téhéran et Washington, Moscou reste dans son rôle d’outsider. Il utilise tous les moyens à sa disposition pour empêcher l’entente irano-américaine, et il continuera tant que durera le flirt entre les mollahs et les Etats-Unis. Combien de temps durera le délai de passation des pouvoirs : 6 mois ? un an ? deux ans ? Les Russes ne peuvent pas indéfiniment faire durer ce délai. Ils devront un jour partir. En désespoir de cause, ils s’en remettent à l’AIEA :

« L’Iran peut prouver à 100% que le site de Bouchehr est un programme exclusivement pacifique et la communauté internationale, en la personne de l’AIEA, le sait parfaitement : le site est construit sous des garanties de l’AIEA, et ses inspecteurs sont constamment présents sur le terrain », a conclu Kirienko.

Les Russes insistent sur la nécessité d’une présence permanente des inspecteurs de l’AIEA pour imposer un devoir de transparence à un régime fondé sur le culte de l’opacité dans tous les domaines. C’est un vœu pieu, l’aveu de la fin d’un précieux moyen de pression sur les mollahs.


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Pour en savoir + sur Bouchehr 2010 :
- Iran : La très mauvaise surprise de Bouchehr
- (2 MARS 2009)

Pour en savoir + sur les relations russo-iraniennes :
- Iran : La Russie attend le bon moment pour livrer les S-300
- (23 MARS 2009)

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