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Iran : Diversion anti-Nabucco à l’OCE
12.03.2009

Les représentants des pays d’Asie Centrale et du Caucase, réunis à Téhéran pour le 10e sommet de l’Organisation de coopération économique (OCE), espéraient convaincre le régime des mollahs à se montrer plus coopératifs avec l’Europe et les Etats-Unis notamment à propos du gazoduc Nabucco. Leur espoir est ruiné car dès les premières minutes, Ahmadinejad a appelé les participants à rechercher de nouvelles formes de coopération économique entre eux pour en finir avec le capitalisme mondial qui toucherait selon lui à sa fin. | Décodages d’un discours de circonstance.



Actuellement, les chefs d’Etat et les gouvernements des pays musulmans d’Asie Centrale et du Caucase se trouvent à Téhéran en compagnie de leurs homologues turcs, iraniens et pakistanais pour le 10e sommet de l’OCE, une organisation de coopération économique créée en 1985 par l’Iran, le Pakistan et la Turquie. Le principal sujet de discussion prévu de cette conférence pour combattre ensemble la crise devait être la coopération de l’Iran au projet de pipeline Nabucco, une coopération qui fait défaut car les mollahs agissent surtout dans le sens des intérêts de leur principal allié régional, la Russie.

Tout le monde sait que Téhéran détient la clef de la réussite de ce projet de gazoduc qui veut contourner la Russie pour acheminer du gaz iranien, kazakh, turkmène ou azéri vers l’Europe. En fait, le projet est arrêté pour 3 raisons iraniennes : en complicité avec la Russie, l’Iran bloque les négociations sur le statut de la mer Caspienne et le partage de ses richesses, ce qui gèle les exploitations off shore des pays riverains. Parallèlement, conjointement avec la Russie et « pour des raisons écologiques », Téhéran s’oppose au projet de gazoduc subaquatique reliant l’Asie Centrale au Caucase. Le gazoduc Nabucco est donc privé d’approvisionnement dans le Caucase et en Asie Centrale. Il a envisagé d’une source irakienne, mais elle n’est pas suffisante pour rentabiliser le projet. Le Nabucco pourrait cependant se passer du Caucase et de l’Asie Centrale pour se connecter uniquement à l’Iran, mais en raison de son comportement nucléaire condamné par le Conseil de Sécurité, ce pays est sanctionné par les Etats-Unis qui s’opposent à tout projet d’acheminement de gaz l’incluant. C’est pourquoi, l’ensemble des acteurs régionaux intéressés par le projet se sont empressés d’imposer comme ordre du jour : « Solutions pour combattre ensemble la crise », pour tenter d’encourager les mollahs à se montrer plus coopératifs, ce qui serait bon pour eux, pour la région et pour l’Europe.

Cette demande simplissime, qui mettrait fin à la crise nucléaire et ouvrirait des perspectives économiques intéressantes pour l’ensemble des pays de la région, n’aura cependant aucune chance d’aboutir car Téhéran doit nécessairement faire perdurer les crises pour excéder les Américains afin d’obtenir d’eux un droit à l’impunité pour le Hamas et le Hezbollah, c’est-à-dire au Liban et à gaza, autrement dit au nord et au sud d’Israël. Le régime des mollahs ne peut rien faire qui puisse aller dans le sens d’un apaisement.

Cependant, Téhéran a besoin d’entretenir de très bonnes relations avec la Turquie, le Pakistan et le Turkménistan, 3 membres de l’OCE qui sont ses voisins, mais aussi ses partenaires commerciaux et énergétiques, liés également par des soucis communs sécuritaires relatifs à des groupes séparatistes armés. C’est pourquoi, dès l’inauguration du sommet, Téhéran a tenté une diversion pour échapper à l’ordre du jour relatif à son absence de coopération pour le succès de Nabucco. Cette diversion a pris la forme d’un appel à la création d’une banque commune et l’adoption d’une monnaie unique : de quoi occuper les participants pendant deux jours dans des débats stériles et sans issue notamment parce que les sanctions américaines à l’encontre du système bancaire iranien empêchent la création une banque régionale commune ou une monnaie unique.

Au-delà du discours assez pauvre d’Ahmadinejad, la diversion est drôlement bien agencée : les membres de l’OCE étaient venus à Téhéran pour se plaindre d’un manque de coopérativité de l’Iran à un projet énergétique régional, le régime tente un retournement en se plaignant d’un manque de coopérativité de ces Etats entre eux pour devenir une force régionale. Dans le même temps, Téhéran remet en cause les sanctions américaines comme un obstacle à l’épanouissement de la région. Il était visé comme l’empêcheur du projet Nabucco ; il rejette la faute sur les sanctions américaines. Il espère que toutes les victimes du retard de Nabucco, c’est-à-dire les pays riverains, mais surtout les Européens empresseront Washington d’en finir en acceptant une levée des sanctions américaines et encore mieux un compromis régional avec les mollahs à propos du Moyen-Orient.

Il n’est pas possible d’imaginer des échanges avec les mollahs, mais sans rapports de force : d’ailleurs tout le propos de Téhéran est de pérenniser ses milices armées, afin de disposer des moyens pour continuer ces rapports de force. Même en cas d’un compromis, Téhéran remettra sans cesse en cause ses engagements au gré de ses besoins idéologiques. Chaque nouvelle tentative de conciliation tourne à une nouvelle épreuve de force, une nouvelle crise.

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Les mollahs et Nabucco :
- Iran - Gazoduc : Un chien dans un jeu de quille
- (13 FÉVRIER 2008 )

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (des mollahs) |

| Mots Clefs | Enjeux : Gazoduc, Oléoduc & pipelines |
| Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Caucase |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Asie Centrale |