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Iran - Gazoduc : Un chien dans un jeu de quille
13.02.2008

Téhéran a annoncé son éventuelle participation à un projet de gazoduc Turkménistan-(Iran)-Azerbaïdjan-Géorgie-Ukraine (en partenariat avec le GUAM), projet qui contournerait le territoire russe. Le tube pourra traverser soit l’Iran, soit la Caspienne. C’est pourquoi ce projet (White Stream) inquiète les russes puisqu’il sous-entend un ralliement des mollahs à un statut de Mer pour la Caspienne, un statut hostile aux intérêts stratégiques de la Russie. |Décodages |



En effet, à l’heure actuelle, la Caspienne est dépourvue de statut et en son absence, un consensus de tous les pays riverains est nécessaire pour la construction d’un tube qui traverserait cette étendue d’eau. Alliés aux russes, les mollahs bloquent le processus des négociations pour un statut et, de facto, ils ont assujetti la construction d’un gazoduc subaquatique au veto russe. L’Afghanistan étant en guerre et l’Iran en crise, la Russie est devenue la seule voie d’accès à l’Asie Centrale et ses richesses énergétiques.

La Russie a donc tout intérêt à privilégier la continuité de la crise en Iran et de la guerre en Afghanistan. Une alliance avec les mollahs est la clef du succès de cette politique. C’est pourquoi Moscou protège le régime des mollahs : l’Iran reste en crise et Téhéran à la merci d’une protection russe au Conseil de Sécurité. En revanche Moscou n’apprécie guère les efforts des mollahs pour parvenir à un accord bilatéral de non-agression avec les américains : pour faire reculer les mollahs, Moscou les menace régulièrement de leur ôter sa protection au Conseil de Sécurité.

Les relations avec Moscou ne sont pas idéales : Téhéran n’apprécie guère cette instabilité, ni les menaces russes ou encore être un simple instrument dans l’offensive énergétique russe. C’est là l’utilité d’une annonce qui laisserait supposer que Téhéran préférerait une alliance avec l’Europe.

L’annonce devrait faire réfléchir Moscou afin qu’elle se montre moins menaçante. D’ailleurs, Téhéran évoque cette offre au moment où il s’apprête à participer à une rencontre avec les Américains, rencontre qui indispose Moscou. Le hasard du calendrier veut que cette rencontre aura lieu dans 5 jours, le 18 février 2008, peu avant une possible adoption d’une résolution au Conseil de Sécurité. Il y a un avertissement implicite à Moscou dans cette offre qui sous-entend un changement majeur d’alliances, changement susceptible de bouleverser toutes les prévisions à long terme de la Russie en Asie Centrale et dans sa relation énergétique avec l’Europe.

D’un autre côté, l’offre est là, bien en vue, devant l’Europe. Il s’agit même d’un bis : le 26 janvier dernier à la veille de la rencontre de Berlin qui devait se solder par un accord sur le texte de la prochaine résolution contre l’Iran, les mollahs avaient déjà proposé aux européens de devenir leur principal fournisseur de gaz du projet du gazoduc européen Nabucco qui tend à libérer l’Europe de sa dépendance vis-à-vis de la Russie. Mais parallèlement, le même jour, les mollahs évoquaient une possible participation au projet de gazoduc russe de South Stream, concurrent de Nabucco !

Cette dualité est l’un des éléments fondamentaux de la diplomatie des mollahs qui tient à la nature du régime : il ne s’agit pas d’un régime totalitaire normal qui cherche à vendre son pétrole pour enrichir ses dirigeants ; ce régime utilise également le terrorisme comme une assurance vie. Son rôle occulte au Liban et en Palestine, ou encore ses réseaux d’islamistes sont la garantie de sa survie, sa dissuasion.

En même temps, Moscou est le principal fournisseur d’armes du trio Mollahs-Syrie-Hezbollah. Ce régime ne peut donc en aucun cas rompre définitivement avec la Russie. Dans ce contexte, l’Europe est vue comme un allié bis au Conseil de Sécurité, mais aussi un instrument pour enquiquiner la toute puissante alliée russe.

La tactique a déjà fait réfléchir Moscou qui vient d’annoncer que l’Iran ne possède pas et ne possédera pas à long terme de missiles de grande portée qui seraient une menace pour les Etats-Unis (déclaration du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse mardi à Genève).

La dualité du régime des mollahs est une grande source de désordre régional. Avec les mollahs au pouvoir, l’Iran ne peut jamais être un allié fiable pour l’Occident, mais un chien enragé dans un jeu de quille.

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| Mots Clefs | Enjeux : Gazoduc, Oléoduc & pipelines |

| Mots Clefs | Enjeux : Pétrole & Gaz |

| Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (des mollahs) |

| Mots Clefs : Alliance IRAN-RUSSIE |

| Mots Clefs | Enjeux : Offensive énergétique Russe |

une alternative :
- Iran : Lettre au futur ministre des Affaires Etrangères de Nicolas Sarkozy
- (15 MAI 2007)