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Iran – Russie : La renaissance de l’OPEP du gaz !
26.01.2008

Très récemment, à la veille de la rencontre de Berlin qui devait se solder par un accord sur le texte de la prochaine résolution contre l’Iran, les mollahs ont proposé aux européens de devenir leur principal fournisseur de gaz du projet du gazoduc européen Nabucco, offre qui tendait à libérer l’Europe de sa dépendance vis-à-vis de la Russie. Parallèlement, ils évoquaient une association avec la Russie pour créer un pôle énergétique. Ils espéraient que la combinaison de l’offre et de la menace d’une alliance avec les russes déclencherait un sursaut européen qui provoquerait une opposition à l’adoption d’une nouvelle résolution. Face à la déconvenue, les mollahs ont décidé de continuer dans la même voie (double approche combinée), mais en intensifiant leurs propos. C’est ainsi que l’on reparle à nouveau d’une OPEP du gaz qui célébrerait l’alliance énergétique entre l’Iran et la Russie, les deux premières réserves mondiales du gaz.



C’est en février 2007 que les mollahs avaient lancé pour la première fois cette idée alors qu’ils se trouvaient dans une situation similaire : dans l’attente d’une décision du Conseil de sécurité (qui finalement a adopté une résolution le 25 mars 2007).

A l’époque également, la cible de cette opération (médiatique) était l’Europe qui pourrait grandement souffrir d’une alliance entre les deux plus grands mondiaux du gaz qui en plus on le pouvoir de bloquer ensemble l’accès à l’Asie Centrale. Mais à l’époque, la Russie avait refusé de s’engager dans cette voie et Poutine avait nié toute volonté de créer une telle organisation.

Cette réponse négative ne nous avait guère surpris car nous suivons depuis longtemps les agissements de Gazprom qui tente de prendre le contrôle de tous les réseaux de livraison de gaz vers l’Europe. C’est ce que nous avons appelé, l’offensive énergétique russe qui a pour objectif la création d’un cartel furtif (qui veut discrètement contrôler des réseaux nationaux au détriment des pays producteurs). La proposition iranienne et surmédiatisée d’une OPEP du gaz (organisation des pays producteurs) a perturbé Moscou qui a alors nié avec force d’être à l’origine d’un projet qui effraie son principal client européen. Mais la situation géopolitique a évolué !

Dans leurs relations avec l’Iran, les russes n’ont jamais été dupes que les mollahs préféreraient une entente avec les Etats-Unis. Mais ils se sont progressivement imposés dans le bras de fer entre les deux adversaires dans l’espoir de faire tourner la crise à leur avantage ou du moins de la faire amplifier et durer. Ils ont ainsi fourni aux mollahs des armes destinées aux talibans pour faire durer la guerre en Afghanistan, ce qui leur a permis d’isoler durablement l’Asie Centrale. En conséquence, en l’absence d’un accès sécurisé depuis l’Afghanistan, les trois Etats pétroliers de l’Asie Centrale ont signé un contrat avec la Russie pour la création d’un pipeline passant par la Russie (et non par l’Afghanistan) pour faire transiter leur gaz ou pétrole vers l’occident.

Parallèlement, la crise a privé l’Iran de l’apport des investisseurs étrangers pour développer ses champs gaziers : la durée de la crise a donc joué en faveur d’une élimination de l’Iran comme concurrent de la Russie. La Russie espérait qu’au terme des sanctions endurées, les mollahs abandonneraient leur idée fixe d’une entente cordiale avec les américains pour devenir leurs alliés incontournables pour continuer le blocus de l’Asie Centrale et partager le marché européen du gaz.

Mais les mollahs restent sur leurs objectifs et en plus cherchent à fausser compagnie aux russes pour proposer de se substituer à la Russie en tant que principal fournisseur de gaz à l’Europe. De plus, il y a eu plusieurs alertes d’une entente prochaine entre Téhéran et Washington...

Quand Téhéran a à nouveau évoqué la création d’une OPEP du gaz, Moscou n’a pas nié officiellement. Via le quotidien Kommersant qui appartient à l’entourage de Poutine, Moscou a même fait courir discrètement des rumeurs sur l’imminence de sa création.

C’est toujours la même méthode, la même stratégie pour les mêmes objectifs de la part des russes : ils veulent s’imposer discrètement dans un bras de fer - cette fois entre Téhéran et Bruxelles - dans l’espoir de faire tourner la crise à leur avantage.

En attendant, ils se disent qu’une OPEP du gaz vaudrait mieux que de perdre le contact avec les feux follets de Téhéran.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur cette OPEP :
- Analyse : L’affaire de l’OPEP du Gaz perturbe les plans de Poutine
- (2 février 2007)

| Mots Clefs : Alliance IRAN-RUSSIE |

| Mots Clefs | Enjeux : Représailles Economiques Iraniennes |

| Mots Clefs | Enjeux : Offensive énergétique Russe |

| Mots Clefs | Enjeux : Pétrole & Gaz |

| Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) |