Accueil > News > Gaza fait partie d’un marchandage américain avec l’Iran



Gaza fait partie d’un marchandage américain avec l’Iran
04.01.2009

Nouri al Maliki, le 1er ministre irakien, est arrivé hier à Téhéran, le jour de l’offensive terrestre contre Gaza, pour une visite initialement programmée pour le 27 décembre, la veille de l’offensive israélienne sur Gaza. Cette visite est une nouvelle tentative de l’administration Bush pour conclure une entente avec Téhéran avant l’arrivée d’Obama dans le bureau ovale. | Décodage chronologique |



C’est la seconde fois en 6 mois que Maliki se rend en Iran à la tête d’une importante délégation ministérielle. Sa dernière visite en juin 2008 devait déclencher la reprise des négociations directes et officielles entre Téhéran et Washington à Bagdad. Les deux parties l’avaient évoqué dans des communiqués avant que Téhéran ne se rétracte sous les pressions russes. Maliki revient relancer ce processus dont l’intérêt réside dans l’officialisation des négociations.

En fait, comme l’a reconnu Kissinger en 2008, des négociateurs iraniens et américains se sont déjà rencontrés à plusieurs reprises, mais pour aboutir à une entente officielle, il est indispensable qu’ils se rencontrent dans un cadre officiel et le dialogue sur la sécurité de l’Irak est un parfait prétexte pour briser la glace.

Pour encourager Téhéran à saisir la perche tendue, Washington a encore préparé le terrain avec comme appât l’avenir du camp Achraf, base de résidence des Moudjahiddines du peuple, dont Téhéran demande la fermeture suivie d’une expulsion humiliante de ses pensionnaires. Il y a 6 mois, peu avant la visite de Maliki, Washington avait laissé entendre qu’il laisserait les Irakiens décider du sort des Moudjahiddines et les Irakiens avaient alors évoqué la fermeture du camp et l’expulsion du groupe. Après l’échec de la tentative de reprise des négociations en juin, Washington est revenu à la charge avec son offre libyenne formulée par Condoleezza Rice, offre précédée d’une nouvelle évocation de la fermeture du camp.

Dans le cas présent, c’est à la mi-décembre que Washington a commencé à évoquer le transfert aux Irakiens de la responsabilité d’Achraf. Quelques jours plus tard, le 20 décembre, Nouri Al Maliki a informé les médias de sa décision se rendre en Iran le 27 décembre.

C’est à ce moment-là que nous avons assisté à une forte agitation chez les Moudjahiddines inquiets par le sérieux de la menace contre leurs amis basés en Irak. Dans la même période, on a observé un regain d’activité chez les lobbyistes attitrés du groupe. Les Moudjahiddines ont cru avoir réussi à passer le danger quand sous la pression de leurs lobbyistes, l’ONU a parlé en leur faveur et le gouvernement irakien a promis de respecter les conventions de Genève dans leur cas. Mais les Moudjahiddines ne sont pas tirés d’affaire car ils restent un atout dans le jeu des Américains : ils ont donc à nouveau à se soucier de leur avenir car hier, à la veille de l’arrivée à Téhéran du 1er ministre irakien, le gouvernement irakien a annoncé qu’il allait s’en tenir à sa décision prise en septembre dernier de fermer le camp et d’expulser ses pensionnaires.

C’est un cadeau appréciable pour Téhéran. Cependant, il faut préciser que les mollahs ne désirent pas récupérer leurs anciens complices de la révolution islamique qui rappelleront aux Iraniens l’erreur que fut cette révolution. Les mollahs veulent uniquement avoir l’assurance que Washington a renoncé à une réhabilitation de ce groupe pour en faire un pion d’un futur changement de régime. Cependant, cette assurance est perçue par les mollahs comme un cadeau de bienvenue et non l’enjeu de l’entente que Washington souhaite conclure avec eux. Les Américains le savent parfaitement : cet enjeu vital pour Téhéran est une reconnaissance de son rôle régional par l’octroi d’une totale impunité au régime et à ses milices notamment le Hamas et le Hezbollah.

Ceci explique le choix américain de décaler la visite de Maliki du 27 décembre –date du début du pilonnage sur le Hamas-, au 3 janvier -date de l’offensive terrestre contre cet allié extraterritorial des mollahs, affaibli par une semaine de pilonnage intensif. Maliki vient de la part de Bush avec une grosse carotte irakienne et aussi un gros bâton pour le Hamas. Bush espère anéantir une partie de la force de nuisance régionale des mollahs pour faire baisser leurs exigences d’un cran. Pour montrer sa détermination, il a même explicitement apporté son soutien à l’offensive terrestre sur Gaza.

Si les mollahs acceptent l’offre, les Moudjahiddines seront sacrifiés, mais les mollahs se retrouveront à la merci de Washington... C’est pourquoi ils refuseront sans doute ; poussant le Hamas à résister contre un bâton qui risque de devenir très gros [1].

WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Décideurs : Bush |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

| Mots Clefs | Terrorismes : HAMAS |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Israël |

| Mots Clefs | Décideurs : Politiciens Irakiens |

| Mots Clefs | Terrorismes : Moudjahidines / OMPI / CNRI |

[1Les mollahs utilisent le Hamas pour obtenir des garantie de sécurité pour leur régime. Il serait bon que quelqu’un explique ceci aux Palestiniens qui ont eu le malheur de naître à Gaza.