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Iran : Les Six et El Baradai, à contre courant
27.09.2008

Suite au blocage des Russes, pour sauver la face, les Six se sont mis d’accord sur un projet de résolution sur le programme nucléaire iranien, qui ne prévoit pas de nouvelles sanctions. Ce fut déjà le cas avec la précédente résolution suite à une double opposition sino-russe. A peine les Six avaient-ils fait le nécessaire pour se maintenir dans leur rôle d’arbitre de la crise, qu’El Baradai appelait les Etats-Unis à entamer des négociations directes avec Téhéran à la place des Six. | Décodages |



Cette déclaration peut surprendre si on résume la crise iranienne à sa version officielle d’un contentieux nucléaire au détriment du fond du problème : une crise comme prétexte et des sanctions utilisées par les Américains pour imposer leurs conditions d’entente aux mollahs, entente dont les Américains ont besoin pour contrôler le Moyen-Orient et l’Asie Centrale.

Si on oublie la version simpliste du nombre des centrifugeuses et que l’on s’intéresse à cette entente, la position bizarre d’El Baradai, agent de la diplomatie britannique, devient moins mystérieuse.

Tout tourne autour de l’entente entre Téhéran et Washington : Pour Téhéran il est essentiel de conclure l’entente avec l’administration Bush, d’un côté parce qu’il ne veut pas des objectifs stratégiques anti-chinois des démocrates et d’autre part parce que l’administration Bush a devant lui moins de 45 jours de délai pour parvenir à cette entente. De ce fait selon Téhéran, l’administration Bush pourrait renoncer à certaines des exigences initiales et accepter la version iranienne de l’entente qui comprend une reconnaissance du régime et de son rôle régional sans exiger ni un remodelage de ce rôle (renoncer à la Syrie et au Hezbollah) ni l’exclusivité d’accès au marché économique iranien.

Cette version convient bien aux Européens et en particulier aux Britanniques qui sont les alliés historiques des musulmans aussi bien les amis du clergé chiite iranien, que ceux des frères musulmans ou encore ceux des cheikhs pirates du Golfe Persique devenus les émirs chics que le gratin du show-bizz aime fréquenter sans se poser l’épineuse question des droits de l’homme.

Londres souhaite rester le grand ami des musulmans. Cette amitié lui vaut un énorme contrat gazier que les chiites irakiens ont signé mardi avec l’anglo-hollandaise Shell ! Londres ne veut pas que les mollahs affairistes soient mis au pas par Washington et instrumentalisés pour remodeler la région et briser les statu quo.

Dans ces conditions, Londres ne peut qu’encourager l’administration Bush coincée par les délais à accepter le dialogue avec Téhéran car il soupçonne sa défaite face aux mollahs. Les propos d’El Baradaï portent d’ailleurs la marque de ce souci des Britanniques de voir sceller ce statu quo sous la forme des garanties de sécurité accordées à l’Iran lors d’une négociation officielle : codes diplomatiques pour évoquer une reconnaissance officielle du régime et de son rôle régional. Le simple fait d’accepter une rencontre avec Téhéran est une reconnaissance officielle du régime, les négociations en font l’interlocuteur régional des Etats-Unis.

D’ailleurs, dans l’interview accordée au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, El Baradaï place la crise et sa solution dans un contexte régional et précise qu’il est impossible de parvenir à un compromis sans analyse préalable du rôle de l’Iran dans la région.

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Les Six : une structure contradictoire !
- Iran-nucléaire : Derrière les portes fermées !
- (20 SEPTEMBRE 2008)

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : El Baradei |

| Mots Clefs | Pays : Grande-Bretagne |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |