Rafsandjani, demi-frère de Khomeiny, membre du premier conseil de la révolution, le premier « ministre de l’intérieur » du régime, président de l’assemblée des Experts, et surtout du Conseil de Discernement, centre de tous les choix du régime, a affirmé que « l’Assemblée des Experts avait été créée pour éviter une vacance de pouvoir ou pire encore l’accession au pouvoir d’un élément non fiable ».

Cette année, le régime des mollahs, c’est-à-dire Rafsandjani, a décidé de mettre en place les bases d’un relookage du régime des mollahs pour permettre la normalisation des relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Dans le cadre de ce relookage politiquement correct, Rafsandjani prévoyait de revoir la forme du régime et remplacer le guide par un conseil de révolution dont les membres seraient des élus, et ce afin de faire taire les critiques américaines sur « un pouvoir entre les mains des non-élus ».

Parallèlement, il a décidé de donner un look plus parlementaire et plus présidentiel au régime. Avec l’aide des différentes instances du régime, il a favorisé une médiatisation d’Ali Larijani comme un charismatique président du Parlement pour lancer ce personnage bégayant comme un successeur potentiel d’Ahmadinejad.

Or, dans ce discours, l’accent a donc été mis sur l’importance vitale de l’appareil clérical et la prédominance du rôle du guide suprême, c’est-à-dire la nécessité de ne pas toucher à la forme du régime.

Cette insistance sur le pouvoir du clergé et du guide a fait son retour chez Rafsandjani quand ce dernier a détecté chez Ali Larijani une tentative pour prendre le pouvoir (avec l’aide passive d’Ahmadinejad) en profitant des opportunités que le régime lui avait offertes.

Rafsandjani a réagi en avertissant la vieille garde du danger de ce plan (dont il était pourtant l’architecte). Larijani est entré en disgrâce et le régime s’est résigné à récupérer Ahmadinejad (pour éviter des remous).

Ahmadinejad a cessé d’être le bouc émissaire officiel qui devait préparer la victoire de Larijani. Mahmoud le chanceux est redevenu le centre des intérêts du régime, du guide suprême et de la même presse qui l’attaquait.

Au cours de cette réunion de l’Assemblée des Experts, comme Khamenei quelques jours plus tôt, Rafsandjani a aussi apporté son soutien à Ahmadinejad, le récupéré, alors qu’il l’avait critiqué le 15 août pendant l’opération pour la déstabilisation de Larijani. Selon les médias officiels, « Rafsandjani a invité tous les partis et groupes politiques à préserver un climat de sérénité et d’harmonie politique dans le pays avant la prochaine élection présidentielle (éviter des remous). Il a également plaidé pour des relations plus étroites entre la nation et le gouvernement » (d’Ahmadienjad). La disgrâce de Larijani est complète, une page est peut-être tournée.

Un fait drôle vient s’incruster sur ce changement de casting. Pour déstabiliser Larijani, les amis de Rafsandjani s’en étaient pris à son ami et éminence grise, Kordan, fraîchement nommé ministre de l’Intérieur d’Ahmadinejad. Pour sauver sa peau, Larijani avait esquissé un désaveu de son ami accusé de plagiat d’un diplôme universitaire. A présent, c’est ce dernier qui prend ses distances avec Larijani en essayant de rester collé à Ahmadinejad ! Il a même convoqué la presse pour leur préciser qu’il avait ressenti le discours élogieux du guide à l’adresse du gouvernement comme une reconnaissance de sa propre nomination. Malgré cette génuflexion, son avenir est compromis, même si pour des raisons de convenance (éviter des remous), il n’a pas encore été prié de quitter le gouvernement…

La tentative ratée de relookage via Larijani a sauvé Ahmadinejad, mais elle a surtout provoqué un retour en force d’un discours de fidélité au modèle clérical et ses institutions. Le départ de ce nouveau discours avait d’ailleurs été donné par Rafsandjani à Mach’had pendant l’opération médiatique de déstabilisation de Kordan, le principal complice de Larijani.

Ce revirement entraîne également un retour des discours très islamistes ! C’est donc aussi un échec complet pour Rafsandjani qui rate son plan de relookage démocratique pour faciliter une entente politiquement correcte avec Washington.

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