Accueil > News > Iran : Un compromis ?



Iran : Un compromis ?
03.07.2008

Alors que Téhéran promet sans cesse une réponse rapide à l’offre des Six, dans une lettre publiée dans Libération, Velayati, conseiller du Guide Suprême, évoque un compromis qui serait susceptible de débloquer la situation et faire démarrer les négociations. La lettre bien qu’elle ne contienne pas l’énoncé de ce compromis a suscité à tort l’espoir d’un changement. Pourtant, cette lettre est tout sauf une source d’optimisme.



En février 2007, Velayati s’était déjà adressé aux français avec un discours qui se voulait modéré. A l’époque Téhéran espérait neutraliser l’adoption d’une nouvelle résolution du Conseil de Sécurité, résolution qui fut adoptée en mars 2007. Aujourd’hui alors que Téhéran pourrait écoper d’une nouvelle résolution, Téhéran adopte à nouveau un ton plus modéré par l’intermédiaire de la personne qui est préposée à ce rôle.

Cette nouvelle intervention de Velayati est donc plus modérée que la précédente et ne contient aucune menace de représailles économiques. En revanche, elle contient la panoplie complète des revendications du régime dans un langage modéré.

Selon Velayati la république islamique est une démocratie sortie des urnes. Le guide Suprême serait donc l’incarnation de ce suffrage. Selon Velayati, de Khomeiny à Khamenei, le régime des mollahs a œuvré pour la paix mondiale et la reconnaissance de la souveraineté des Etats.

Le régime des mollahs qui a créé et finance le Hezbollah est mal placé pour se représenter en défenseur du principe de la souveraineté nationale : le Hezbollah a entraîné le Liban dans la guerre avec Israël pour permettre à l’Iran de faire diversion au plus fort de la crise nucléaire qui l’oppose au Conseil de Sécurité.

Mais la référence à la souveraineté nationale est une articulation rhétorique pour évoquer deux sujets : la nécessité pour l’Iran de garantir sa sécurité (sous-entendu par le nucléaire), mais aussi il s’agit d’évoquer le soutien des mollahs à la souveraineté nationale palestinienne qui serait spoliée par Israël. L’auteur qui se dit hostile aux dérapages verbaux d’un Ahmadinejad n’en est pas moins intransigeant sur le droit au nucléaire (sans en préciser la nature) ou encore à un effacement d’Israël par un référendum démocratique !

L’espoir qu’a suscité ce texte nous laisse voir que le public français n’a rien compris à son contenu : cette incompréhension est aussi valable au sujet du compromisnucléaire évoqué mais pas expliqué par Velayati.

En réalité, ce compromis a été évoqué par Velayati deux jours plus tôt dans une interview donnée en Iran : il s’agit du projet « Freeze for Freeze » ou « gel contre gel » que les mollahs avaient fait connaître dans la presse française et britannique via Delphine Minoui.

Il s’agit d’une double pause : Téhéran s’engagerait à ne pas installer de nouvelles centrifugeuses et les Six à ne plus adopter de nouvelles sanctions, mais aussi à ne plus exiger un arrêt vérifiable de l’enrichissement comme condition préalable pour l’ouverture des négociations. De plus Téhéran ne veut donner aucune preuve visuelle de ce soi-disant gel de l’extension de ses activités. Le compromis de Téhéran est implicitement une réponse négative à l’offre des Six.

Téhéran ne veut pas arrêter l’enrichissement et ne veut pas autoriser d’inspections sur ses sites nucléaires. En d’autres termes, il veut garder intact le mystère anxiogène de ce programme qui demeurera ainsi un formidable moyen de chantage sur l’occident et les interlocuteurs de l’Iran. D’ailleurs, l’auteur de cette lettre Ali-Akabr Velayati s’y connaît bien en chantage : il est l’un des responsables de l’attentat contre les juifs argentins qui avait pour objectif de contraindre Menem à vendre le savoir faire nucléaire argentin au régime des mollahs. Velayati est d’ailleurs actuellement sous mandat d’arrêt international pour cette affaire.

En résumé, non seulement Téhéran refuse les conditions nucléaires de l’offre des Six sur le nucléaire, mais aussi il reste intransigeant sur le volet diplomatique de l’offre qui lui propose de jouer un rôle constructif au Moyen-Orient, c’est-à-dire un rôle non anti-israélien !

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Cette lettre fait d’ailleurs partie d’une opération médiatique internationale : des articles explicatifs complémentaires ont été publiés dans le Financial Times et dans Bloomberg, pour évoquer le désir de compris de Téhéran !

Dans Bloomberg, l’article est signé par Ladane Nasseri que nous connaissons bien, et dans FT par Najmeh Bozorgmehr [1], ex-correspondante d’Iran Daily, un quotidien étatique du régime des mollahs.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir plus :
- Iran : Décodage du message du Guide Suprême aux dirigeants du Monde
- (22 FÉVRIER 2007)

| Mots Clefs | Décodages : Définition selon les mollahs, Novlangue, NewSPEAK |

| Mots Clefs | Mollahs & co : Khamenei |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (des mollahs) |

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

[1Najmeh Bozorgmehr | Très active pour décrédibiliser le fils du Chah en le comparant au charlatan irakien Ahmad Chalabi, le pion de Washington.

« Indeed, “united by the desire for regime change in Iran and encouraged by the overthrow of the Iraqi regime, exiled Iranian monarchists are developing an alliance in Washington with influential neo-conservatives as well as Pentagon officials and Israeli lobby groups,” reported Guy Dinmore and Najmeh Bozorgmehr in the Financial Times ».
source : Amercain Conservative

Les journalistes pro-régime lui rendent service par divers moyens dont l’un est de porter atteinte dans l’opinion internationale à Reza Pahlavi, le seul opposant réellement populaire en Iran. En parallèle, des journalistes comme Bozorgmehr font la promotion des faux opposants qui n’ont aucune popularité en Iran. Comme les iraniens ne se soulèvent pas pour défendre ces faux-opposants, l’opinion internationale en conclut que le peuple soutien le régime.

Par ailleurs, des journalistes comme Bozorgmehr n’ont jamais dénoncé les crimes du régime comme la pédophilie dépénalisée ou l’état d’esclavage imposé aux iraniennes et ce afin de ne pas porter atteinte à l’image du régime qu’ils soutiennent implicitement. Le plus choquant est que la majorité de ces journalistes complaisants sont des femmes : Najmeh Bozorgmehr, Delphine Minoui, Ladane Nasseri, Marie-Claude Descamps