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Iran : Du pain, des jeux et des mensonges
28.11.2007

La Cour suprême du régime des mollahs a ordonné la tenue d’une nouvelle enquête sur la mort violente de la photojournaliste montréalaise d’origine iranienne Zahra Kazemi. Le même jour, le système judiciaire des mollahs a innocenté Hossein Moussavian, un soi-disant modéré, victime d’une soi-disant fausse accusation d’espionnage. Les deux affaires auront pour objectif d’occuper les médias internationaux pour simuler des tensions démocratiques en Iran. | Décodages |



C’est le vieux principe du pain et des jeux. On nourrit et on amuse ceux que l’on veut séduire et pour les mollahs, l’objectif n’a jamais été de séduire le peuple iranien, ni de le nourrir, mais de séduire les peuples d’ailleurs, l’opinion occidentale et la presse internationale, et nourrir leurs gouvernements qui sont ses partenaires commerciaux.

Les deux objectif vont de pair car les partenaires européens préfèrent faire des affaires avec des mollahs démocrates et politiquement corrects ! Le régime doit donc simuler à fond la démocratie.

Après avoir mis en service des simulateurs estudiantins, des simulatrices féministes, des faux syndicalistes, il part à présent à la quête de situations où ces simulateurs pourraient exercer leurs talents !

Quoi de mieux que des affaires judiciaires ? L’indépendance du judiciaire est la mesure universelle pour le degré de la démocratie dans un pays. Et le régime des mollahs entend prouver que son système judicaire est indépendant et c’est ainsi que nous aurons droit à deux spectacles pour le prix d’un seul.

Les deux affaires choisies par le régime pour lancer ce show ont un lien avec les soi-disant modérés, mais ne se ressemblent pas. L’affaire Kazemi a pour avocat, Shirin Ebadi, une figure proche des réformateurs et l’affaire Moussavian a pour accusé, un réformateur. On pourrait dire que les vraies vedettes de ce double show médiatico-judiciaire sont les soi-disant réformateurs.

C’est pourquoi, la réouverture du dossier de Zahra Kazemi nous ennuie : le cas de cette journaliste arrêtée, violée et assassinée en prison est utilisé pour corser le spectacle. Zahra Kazemi, 54 ans, avait été interpellée le 23 juin 2003 alors qu’elle photographiait des familles de détenus devant la prison Evin située au nord de Téhéran. Elle est décédée le 11 juillet des suites de ses blessures dans un hôpital militaire de Téhéran. Son corps a été immédiatement inhumé pour qu’il n’y ait pas d’autopsie comme le voulait son fils qui vit au Canada. Devant l’insistance du fils pour récupérer le corps, les autorités prétendent que des inconnus ont dérobé le cadavre peu après l’inhumation.

C’est alors qu’apparaît Shirin Ebadi, fraîchement auréolée par un Prix Nobel de la Paix. Elle se porte volontaire pour plaider la cause et sa présence prend le pas sur l’affaire. Aujourd’hui cette affaire n’est pas celle de Zahra Kazemi, mais l’affaire Ebadi contre le système judiciaire : selon la presse du régime, c’est elle qui voulait une réouverture de l’enquête pour prouver qu’il s’agissait d’un meurtre et non d’un accident. La réouverture de l’enquête est donc une victoire personnelle pour l’avocate Ebadi.

Mais l’affaire ne se résume pas à ces mises en scène entre Ebadi et le système judicaire des mollahs. En 2005, un témoin clef se manifeste et apporte des précisions sur les dernières heures de la vie de Zahra Kazemi, c’est alors que la Prix Nobel se braque et refuse d’inclure ces éléments à son projet de réouverture d’enquête.

Ce refus est dû au contenu des aveux de ce témoin inattendu qui était le médecin de garde à l’hôpital où a été admise Kazemi agonisant. Selon ce médecin aujourd’hui réfugié au Canada, la victime avait été violée par plusieurs hommes avant de mourir sous les coups. Le refus d’Ebadi de prendre en compte ces aveux a beaucoup nuit à la réputation de l’avocate Prix Nobel. En simulant l’ouverture d’une nouvelle enquête (suite à une demande de l’avocate Ebadi), le régime entend remédier à ces désordres et restaurer l’image ternie de la Prix Nobel Shirin Ebadi. On peut d’ores et déjà douter qu’on évoque le viol de Kazemi. Le show judiciaire débouchera vraisemblablement sur l’arrestation d’un bouc émissaire, mais n’éclaboussera pas Khatami bien que le meurtre de Kazemi ait eu lieu sous sa présidence.

En fait, ce show est monté non pour découvrir la vérité sur les circonstances du meurtre de Zahra Kazemi mais pour « prouver que le système judicaire des mollahs est démocratique et qu’une femme issue de l’opposition peut y exercer une certaine influence, preuve de la réformabilité du régime, preuve qu’il faut aider ces réformes et leurs champions comme Khatami ou Ebadi ».

Et d’ailleurs cela tombe bien car Ebadi prend souvent la plume pour demander aux américains de cesser toute aide aux opposants et de n’aider que ces réformes. Et ses articles sont toujours publiés par le Herald Tribune. Nous sommes donc au cœur du projet commun de réconciliation entre les mollahs et les américains.

Ce projet est d’une importance primordiale pour les deux parties (surtout pour les mollahs) qui ont déjà commencé une campagne de diffamation à l’encontre de notre site qui révèle les mécanismes de ce projet.

L’autre affaire judiciaire qui fera l’objet d’un show médiatique est plus politique. En mai dernier, le régime des mollahs a fait arrêter Hossein Moussavian, un fidèle du régime qui a été responsable des opérations terroristes du régime en Allemagne et aussi plus récemment, responsable des achats clandestins de composants de centrifugeuses dans ce pays. Craignant une interpellation de Moussavian dans une enquête sur ces ventes prohibées par la justice allemande, les mollahs ont mis leur ami en arrestation et puisque le personnage est affublé du qualificatif de modéré, ils ont conçu un projet médiatique pour exploiter cette fausse arrestation. Il en résulte un scénario où certains l’accusent d’espionnage et d’autres (des soi-disant modérés ou soi-disant pragmatiques) crient à l’injustice et évoquent des pressions venues « d’en haut » (d’Ahmadinejad) pour le condamner à tort !

Il s’agit encore de prouver l’indépendance du judiciaire au sein du régime des mollahs et aussi relancer les rumeurs sur la guerre (factice) entre modérés et conservateurs, guerre indispensable pour créer des situations où les simulateurs exerceront leurs talents de faux opposants ou faux dissidents.

Cependant, le scénario pêche par son inconhérence. Normalement, le ministre de la justice d’Ahmadinejad aurait dû subir des pressions venues « d’en haut » et condamner Moussavian, alors que ses amis du soi-disant clan des réformateurs seraient intervenus pour demander un réexamen du dossier. C’est l’inverse qui arrive : Ce sont les soi-disant durs du gouvernement qui ont innocenté l’ancien porte-parole de l’ancienne équipe modérée des négociateurs du nucléaire et ont abandonné les poursuites judiciaires à son encontre !

Mais ce sont des « étudiants (réformateurs) » qui sont descendus dans la rue pour protester contre cette décision ?!! C’est le charme du régime des mollahs pour qui seul importe le résultat final et jamais les invraisemblances ou les incohérences des mises en scène.

Finalement, après cet épisode vaseux de cet inexplicable abandon des charges, c’est le porte-parole du même gouvernement qui prend la parole pour proposer la tenue d’un procès public et sans doute télévisé pour couper court à toute contestation !

Et en avant le spectacle : un procès n’aurait pas suffi pour prouver l’indépendance du système juridique du régime, il vous en met deux ! Et pas n’importe lesquels !

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

On se demande seulement où était passé Shirin Ebadi cet été quand le régime a organisé des pendaisons collectives des prisonniers politiques ? Que faisait-elle quand le régime a fait fouetter des iraniens dans la rue ? Ces spectacles judiciaires à la gloire du système judiciaire des mollahs et de leur réformabilité conviennent aux simulateurs de Téhéran et de Washington, mais le peuple n’oublie pas les pendaisons de cet été et il connaît le vrai visage de la justice des mollahs.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Réformateurs & dissidents : Shirin Ebadi |

| Mots Clefs | Violence : Zahra Kazemi (et cas similaires) |

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