Contexte. | Le texte proposé par le démocrate Tom Lantos, président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, a été voté par 397 voix contre 16 au moment où Ahmadinejad se trouvait à New York pour prendre la parole lors de l’Assemblée générale des Nations unies. L’adoption de cette loi intervient également avant une réunion prévue entre les P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, États-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France + l’Allemagne). On se souvient que Bernard Kouchner avait rejeté le classement des Pasdaran comme groupe terroriste mais aussi le projet de sanctionner les activités américaines des entreprises françaises présentes en Iran.

Il y a donc un message dans cette adoption express à la veille de la première d’une longue série de réunions pour la préparation du brouillon de la prochaine résolution contre les mollahs. L’administration Bush entend envoyer un avertissement à… ses soi-disant alliés qui promettent toujours plus de coopération avec les Etats-Unis mais ne font rien.

Avertissement. | Cependant, de nombreux fonds de pension américains investissent dans ces entreprises visées, mais l’administration Bush et les élus démocrates ne les forcent pas à retirer leurs fonds comme un autre texte de loi l’exige. Ces dernières mesures adoptées ne seront pas de nature à renverser les mollahs et c’est bien là le problème. Il s’agit juste d’un gros avertissement. Le régime des mollahs est économiquement faible et il souffrira quand même de la mise en application de ces mesures non fatales. Les Américains sont toujours dans une optique d’affaiblissement des mollahs dans le cadre d’une guerre d’usure, ils espèrent que les mollahs abandonneront en cours de route et accepteront les conditions proposées par les Américains.

Alliés Européens… | Sont concernés par cette nouvelle loi : l’industrie nucléaire Russe qui est en charge de la construction de la Centrale de Bouchehr et des compagnies pétrolières : la Britannico-néérlandaise Royal Dutch Shell, le Français Total, l’Italien ENI et le Japonais Inpex qui ont investi plus de 100 milliards de dollars pour extraire du pétrole en Iran. Les Etats Européens concernés jugent ces mesures extraterritoriales contre-productives et déloyales en faisant valoir qu’ils étaient sur le point d’accepter des sanctions multilatérales aussi bien au sein de l’ONU qu’en dehors de l’ONU.

Russie. | Grande adversaire des sanctions contre l’Iran, la Russie sera doublement touchée par ces mesures. Elle coopère avec le secteur nucléaire iranien et elle est aussi le fournisseur d’armes des Pasdaran et un partenaire militaire qui vend des usines de fabrication d’armes aux mollahs. Selon le quotidien Russe Vremia novostei, Rosoboronexport (organisme de ventes d’armes russes), Aviaexport et le bureau d’études Tupolev qui coopèrent avec les Pasdaran pourraient être sanctionné. Ces sanctions ne seront pas de nature à inciter les Russes à se montrer plus coopératifs pour l’adoption de nouvelles sanctions contre leurs alliés iraniens.

Guerre d’usure lente. | Cette adoption d’une loi unilatérale risque d’influencer le texte de la prochaine résolution et surtout retarder son adoption. Ce sera tout au bénéfice des Etats-Unis qui sont dans un processus d’affaiblissement et de guerre d’usure.