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Iran : Aveux, sous-entendus et décodages
21.07.2007

Téhéran continue d’exhiber les aveux de ceux qu’il appelle des « intellectuels bi-nationaux » qui auraient cherché à organiser une révolution de velours en Iran. Or, ces personnages n’ont jamais écrit des textes hostiles au régime ou à ses violations des droits de l’homme. Il s’agit d’une mascarade mise en scène avec la complicité de ces fameux « intellectuels bi-nationaux ». L’objectif de l’opération est de permettre au régime des mollahs d’avoir le dessus face aux Américains lors de la prochaine rencontre qui doit avoir lieu au sujet de la sécurité en Irak.



Comme toujours, Téhéran manipule ses adversaires avec des scénarii dignes des meilleures séries Z. Les révélations de ces fameux « intellectuels bi-nationaux » sont d’ailleurs très étudiées et remplies de sous-entendus.

Ainsi, Haleh Esfandiari a indiqué qu’elle avait eu pour mission d’établir des liens entre les universitaires américains et les « dissidents » iraniens : une manière de légitimer les soi-disant dissidents intérieurs qui ne remettent aucunement en cause le système de la tutelle du Guide Suprême et encore moins la charia, deux éléments très incompatibles avec la démocratie.

Autre sous-entendu : Esfandiari affirme qu’elle cherchait à déstabiliser le « système iranien », on se demande comment, puisque personne parmi les dissidents ou parmi les amis américains d’Esfandiari n’ont jamais remis en cause la tutelle du Guide Suprême et encore moins la charia. En tant qu’universitaire, Haleh Esfandiari a surtout participé à des conférences pour convaincre les milieux universitaires américains de la réformabilité du régime des mollahs ou pour plaider en faveur de l’absolue nécessité d’un dialogue entre le régime des mollahs et les Etats-Unis.

Les aveux de ces 3 « intellectuels bi-nationaux » sont en fait des énoncés de la soi-disant permissivité du « système iranien », un système politique imaginaire où il existerait des angles morts permettant à des « dissidents » de s’y infiltrer et de provoquer de « très importants changements à l’intérieur du système iranien » afin de « déstabiliser le régime iranien ».

Esfandiari et les autres « intellectuels bi-nationaux » insistent pour utiliser la formule « régime iranien » pour désigner ce régime que tous les iraniens considèrent comme un élément fortement anti-iranien, hostile à l’Iran et à l’identité iranienne : ces soi-disant aveux sont des énoncés chargés de sous-entendus et une sorte d’endoctrinement à l’envers. C’est-à-dire que ce n’est pas le régime qui revendique cette identité pro-iranienne, mais ceux qui sont supposés être les ennemis du régime qui le disent. Le ton des aveux est d’ailleurs très détaché et didactique.

Pour étoffer le récit, chacun des 3 a un récit individuel et un récit en commun qui tourne autour de la fondation de George Soros. Bizarrement Soros est un fervent adversaire de Bush et un grand ami du régime des mollahs. Mais, c’est justement sa marginalité qui l’a désigné comme le dindon de cette farce. Les mollahs n’ont aucune envie de citer d’autres Think Tank comme l’American Enterprise Institute ou le Council on Foreign Relations : des éléments infiltrants du régime y sont actifs et donnent l’orientation voulue par Téhéran aux divers processus de rétablissement des relations ou même de changement de régime !

Les mollahs ont choisi comme bouc émissaire la seule fondation qui est déconnectée du pouvoir américain. Dommage pour Soros, mais il ne s’en plaindra pas, car cette affaire lui fait une bonne publicité.

Quant aux récits des 3 « intellectuels bi-nationaux », il y a des détails très amusants : ainsi l’un d’eux, Y. Kian Taj-bakhsh, officiellement spécialiste d’architecture urbaine, avait déclaré que jusqu’en 1997, il ne parlait pas un seul mot d’iranien et ne savait ni lire, ni écrire en iranien ! Mais dans la deuxième partie de ses aveux, il a expliqué comment il avait commencé à collaborer avec la revue Goftogoo (mais on ne sait pas en quelle année), avant d’enchaîner directement sur l’écriture d’un livre en sociologie politique ! Ces travaux ont alors capté l’attention des étudiants de l’université (de Téhéran ?) et le régime a embauché de génie des langues pour enseigner son livre à des étudiants en cycle de doctorat !

En règle générale, ces 3 « intellectuels bi-nationaux » parlent beaucoup de leurs contacts et n’évoquent jamais leurs soi-disant écrits : il y a bien une raison à cette amnésie volontaire. Aucun n’a jamais rien écrit de subversif ou d’hostile contre le régime ou encore contre les cas des violations des droits de l’homme. Ils n’ont jamais protesté ni contre les lois qui dépénalisent la pédophilie , ni sur l’’esclavage sexuel des femmes dans un système régi par la charia, ni contre les lapidations, et encore moins contre la pendaison des mineurs.

La grande particularité de leurs récits réside sans ces imprécisions et une avalanche de noms propres pour brouiller les esprits. Nos 3 « intellectuels bi-nationaux » introduisent ainsi dans leurs récits des noms choisis, ce qui permettra de relancer la carrière en panne de certains dissidents (comme Sazgara) que le régime avait envoyé aux Etats-Unis pour infiltrer l’opposition en exil.

Ces aveux sont chargés de sous-entendus très particuliers qui vont dans le sens des attentes du régime. Ils relancent les carrières en panne des personnages qui n’ont jamais été hostiles au régime et à ses institutions et occultent les activités d’autres personnages qui oeuvrent en faveur des mollahs aux Etats-Unis.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur ces AVEUX :
- Iran : La rencontre avec les américains et ses exploitations politiques
- (19 juillet 2007)

| Mots Clefs | Institutions : Démocratie Islamique |

| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |