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Iran : un ex-1er ministre au passé trouble attaque Ahmadinejad
25.06.2007

Le dernier 1er ministre de l’Iran post-révolutionnaire, Mir Hossein Moussavi, est sorti de sa réserve pour mettre en garde contre la pauvreté qui, selon lui, menace les fondations de la République islamique.



Mir Hossein Moussavi, qui était un proche de Khomeiny, le fondateur de la République islamique, a dirigé le gouvernement de 1981 à 1989, avant que ce poste ne soit supprimé, et contrairement à ce qui est affirmé dans la dépêche de l’AFP il ne s’est pas éloigné de la scène politique iranienne puisqu’il est membre du Conseil de Discernement, organisme qui définit la politique qui est appliquée par le président et ses ministres.

Nous assistons donc à une triple désinformation, celle du régime qui veut refourguer un de ses ex-intégristes comme réformateurs, la collaboration du correspondant iranien de l’AFP et finalement la désinformation quant au contenu des propos apparemment critiques de Mir Hossein Moussavi à propos du régime.

En effet, ce dernier n’a pas critiqué « le régime » mais son président, alors que constitutionnellement ce président n’a aucun pouvoir et que le pouvoir est entre les mains de Rafsandjani et du Conseil du Discernement dont Mir Hossein Moussavi en est membre depuis sa création en 1989. Ce personnage est un pilier du régime, un pilier du centre de décision et il critique un épouvantail.

Moussavi a vivement critiqué la situation des mineurs vivant dans la pauvreté et les statistiques selon lesquelles 20% des enfants de la capitale seraient des sans-abri. Il a évidement attribué cet échec à Ahmadinejad. Sans doute ignore-t-il que le président n’est pas constitutionnellement responsable de ce fatras, et que le responsable est l’organisme dont il est membre et qui a approuvé l’ensemble des politiques économiques du pays depuis 1989.

Comme toutes les personnes chargées de taper sur Ahmadinejad, il a également oublié de parler des sanctions imposées à l’Iran grâce à sa conduite nucléaire.

Et enfin ajoutons qu’en tant que 1er ministre, il est à l’origine du programme de rationnement qui a créé deux catégories d’êtres humains en Iran : ceux du pouvoir avec accès illimité à tous les biens ou denrées et ceux de la rue avec des coupons de rationnements. Il a également été à l’origine de la mise place du programme d’encouragement de la natalité qui avait pour objectif d’engendrer suffisamment de masse de chair humaine pour la guerre sans fin contre Saddam et la conquête révolutionnaire islamique du Moyen-Orient. Cet homme qui est lui-même à l’origine de beaucoup des maux dont souffre le pays est présenté par l’AFP comme un observateur modéré et avisé.

Ses propos ont été publiés ce dimanche par la plupart des journaux réformateurs : étonnant puisque Mir Hossein Moussavi a été le directeur du journal ultra-intégriste qui se nomme République Islamique.

Depuis 1997, il prétend être un réformateur ou un modéré. Ce projet des « réformes » a été conçu par Rafsandjani pour améliorer l’image du régime et les « réformateurs » sont tous d’anciens ultra intégristes à l’image de Mohtashami-pour, le fondateur du Hezbollah, Khatami l’ex-concepteur des commandos pour tuer des opposants ou encore Moussavian le responsable des réseaux d’élimination des opposants.

Autre point, cet architecte de formation, peintre occasionnel qui expose souvent ses toiles à Téhéran, est également l’homme d’Etat qui a décidé de la création des Services de Renseignement des Pasdaran responsables des opérations internationales de terrorisme. Ce délicieux personnage était également au pouvoir quand son ami Rafsandjani a fait exploser quelques bombes sur Paris. Il est également connu pour son implication dans les achats d’armes dans l’affaire Iran-Contra.

Son seul intérêt est qu’il n’est ni un mollah ni un Pasdaran mais un technocrate. Il est 100% sûr puisqu’il siège au Conseil de la Révolution Culturelle, organisme chargé de veiller à la pleine islamisation de tous les aspects de la vie, de la culture et de l’enseignement. Le régime le garde en réserve pour une éventuelle candidature suivie d’une élection. C’est ainsi qu’il ne s’est pas présenté en 1997 puis en 2005, afin de rester une dernière cartouche possible pour une présidence issue ni des Pasdaran ni du clergé. Il a toutes ses chances puisqu’il est presque un jeune homme (66 ans) parmi les vieux mollahs au pouvoir depuis 1979.

Nous félicitons donc l’antenne Téhéranaise de l’AFP d’avoir publié les sornettes des mollahs sans préciser la bio de leur auteur (partiellement disponible sur wiképédia).

Sur un plan pragmatique, il s’agit d’une nouvelle approche de diabolisation d’Ahmadinejad. Actuellement le régime des mollahs est sous pression et il a choisi d’intensifier son aide militaire des mouvements guerriers irakiens ou afghans hostiles aux Etats-Unis. Les Etats-Unis espèrent qu’ils affaibliront les mollahs sur le plan économique et les auront à l’usure. En diabolisant délibérément Ahmadinejad sur tous les plans (politique, économique et social), le régime prépare le terrain pour une éventuelle mise à l’écart d’Ahmadinejad au cas où les Américains décideraient de mener des actions plus hostiles à l’égard du régime comme celle de placer Rafsandjani (le vrai patron du régime) sous mandat d’arrêt international pour crime contre l’humanité ou de saisir ses avoirs en Europe, aux Etats-Unis et au Canada. [1]

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| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |

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[1Extrait d’une précédente analyse | datant du 25 avril 2007
- Iran : Ce qui se cache sous le voile |