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Iran : Persépolis et l’être persan
22.06.2007

Nous vous avions promis des articles sur tous les défauts historiques de la BD Persépolis, mais l’actualité prime sur ce travail qui est utile sans être stimulant comme peut l’être l’analyse politique. En ce qui concerne Persépolis, outre les mensonges du livre et du film, il y a surtout les propos tenus par son auteur.



Nous avons visionné les interviews accordés par Satrapi à Cannes, ces interviews se ressemblent, il y a un discours de fond pour banaliser la situation en Iran. Ainsi dans un extrait qui est en notre possession (nous n’arrivons pas à le comprimer en flash ou en wmv), Satrapi dit que les iraniens ne sont pas des terroristes.

Or, le monde ne regarde pas vers l’Iran en y voyant un peuple de terroristes mais un peuple victime de terroristes islamiques au pouvoir. Avec une formulation très particulière, elle crée la confusion entre les islamistes au pouvoir et leurs victimes. Puis elle enchaîne sur l’horreur que lui inspirent les propos qui qualifient l’Iran (c’est-à-dire la république islamique) d’Etat terroriste. Mais le monde considère le régime comme étant une entité terroriste et non les « iraniens » ! C’est une manipulation qui ne profite guère au peuple iranien. C’est un entretien diffusé par VoA, la télévision américaine en langue persane ; Satrapi a d’ailleurs tenu le même discours dans un reportage consacré à son exposition à la Fnac.

Selon elle, on a créé un monde laid avec un nouveau bloc Est (ex-bloc soviétique - ndlr), et on traite la population de ce bloc de terroristes. Elle dit avoir fait un film pour faire comprendre que « ces gens » sont comme vous et moi, ils aiment leurs parents, ils aiment manger des glaces et aller à la piscine.

Mais elle ne parle pas des « iraniens ». Elle parle de « ces gens » au pouvoir, des mollahs et des Pasdaran ou des miliciens bassidjis, ces terroristes qui aiment leurs parents, mangent des glaces et vont à la piscine.

Du fait, ce que dit Satrapi est une formulation délibérée pour dédouaner le régime des mollahs de son étiquette de terroriste islamique. Ces propos de Strapi heurtent les « iraniens », surtout ceux qui vivent encore en Iran et espèrent un élan de solidarité venant de l’Europe. Ses propos trompent les Européens qui oublient le peuple iranien pour se concentrer sur une oeuvre en tout point tendancieuse.

Mais ses discours ont été conçus pour plaire à la gauche française ou occidentale (le public du film). On y trouve d’autres leitmotiv qui sont franchement très blessants pour tout Iranien. L’un de ces slogans fabriqués pour plaire à la gauche est l’horreur qu’inspire l’identité nationale aux auteurs du film, plus particulièrement à Satrapi.

Ce terme (identité nationale) est peut-être mal vu en France, mais pour les iraniens, leur identité nationale, perse, pré-islmaique est leur seul rempart contre le régime des mollahs. Pour tout iranien, l’identité persane est une fierté, un pécieux secret, un ralliement à un Iran tolérant ami du peuple et liberateur du peuple juif, une civilisation qui fut à l’origine de la première charte universelle des droits de l’homme.

L’identité nationale des iraniens est un refuge pour résister à l’islamisme du pouvoir. C’est elle qui a permis à l’Iran de préserver sa langue et sa culture dans le monde musulman depuis 14 siècles.

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Identité nationale, elle dit : c’est laid, très laid !

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Dans cette vidéo, Satrapi, entre deux gorgées de coca-cola et deux rires gras, déblaterre sur la laideur de l’identité nationale. Elle rit et s’amuse, aucun iranien ne peut se comporter ainsi quand il sait que ses compatriote souffrent en Iran sans rien posséder, sans aucun accès aux joies les plus gratuites.

Son language du corps est blessant car les iraniens attendent de leurs compatriotes exilés qu’ils parlent à leur place et racontent leur calvaire et non qu’ils oublient de mobiliser les occidentaux pour les soutenir, qu’ils agissent comme si de rien n’était et qu’en plus qu’ils salissent leur seul rempart contre la barbarie, cette identité nationale vieille de plusieurs miliers d’années.

Elle n’est pas la porte-parole des iraniens, elle ne ressent rien pour l’Iran ou pour les iraniens. Son récit sert à dédouaner le régime et prétendre qu’en Iran on peut aller à la piscine donc tout va bien.

En sortant de Persépolis, vous ne serez pas tétanisés au point de vouloir demander à Bernard Kouchner de ne pas accepter de rencontrer un représentant du régime des mollahs.

Pourtant vous le devriez car là-bas on a dépénalisé le viol et la pédophilie. Là-bas on lapide, là-bas on pend les prisonniers dans la rue et on les laisse devant les yeux des enfants. Là-bas on vend ses organes pour survivre. Là-bas on vend ses enfants à des pédophiles. Là-bas on se défonce pour oublier toutes ces horreurs.

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Mais en sortant de Persépolis, vous n’en saurez rien, brave peuple de gauche.

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Une oeuvre formatée pour la gauche française :
- Iran : Marjane Satrapi et sa Bridget Jones voilée
- (22 Mai 2007)

Une oeuvre pour RELATIVISER la situation en IRAN :
- Iran : Ahmadinejad ne coupera pas toutes les mains !
- (19 Avril 2007)

La situation en IRAN :
- Iran : La Femme dans la Constitution du régime des mollahs
- (10 Mai 2007)

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Marjane Satrapi : Banalisation du port du voile islamique | Le Monde. Oct. 2003

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