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Iran : Les Etats-Unis veulent la peau des Pasdaran
15.06.2007

Les Etats-Unis veulent que les Gardiens de la révolution soient directement désignés dans une prochaine résolution des Nations unies sur l’Iran, a affirmé jeudi le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson. Son discours précis tranche avec les déclarations des politiciens de Washington.



« Les Gardiens de la révolution, un bras paramilitaire du régime, ont été directement impliqués dans la planification et le soutien d’actes terroristes, ainsi que dans le financement et l’entraînement d’autres groupes terroristes pour atteindre les objectifs militaires du régime », a-t-il ajouté selon le texte de son discours rendu public à Washington.

Paulson a souligné que ce groupe était « si étroitement imbriqué dans l’économie et les entreprises iraniennes qu’il est de plus en plus probable que quand vous faites des affaires avec l’Iran, vous faites des affaires avec les Gardiens de la révolution ».

Paulson s’est félicité que la plupart des grandes institutions financières mondiales aient réduit ou arrêté de façon spectaculaire leurs affaires avec l’Iran. Il a déploré que certaines banques avaient décidé d’arrêter de faire des affaires en dollars, mais qu’elles continuaient de traiter avec des entreprises iraniennes dans d’autres monnaies. Selon lui, les banques iraniennes qui sont toutes contrôlées par l’Etat, ainsi que sa banque centrale, sont au service des politiques (terroristes ou nucléaires) du régime. C’est pourquoi elles devraient être une cause de grande inquiétude pour les institutions financières dans le monde. Paulson a appelé les alliés des Etats-Unis à intensifier l’isolement financier de l’Iran pour contrer ses ambitions nucléaires.

« Même si l’isolement financier de l’ensemble du régime risque de s’avérer coûteux pour nous et pour nos partenaires, il sera beaucoup moins coûteux qu’un Iran disposant de l’arme nucléaire », a-t-il affirmé.

Il est indéniable que c’est bien la première fois qu’un responsable américain parle de la république islamique d’Iran en rappelant qu’il s’agit d’un bloc compact où les Gardiens de la révolution (Pasdaran) sont omniprésents dans tous les domaines surtout en politique et dans les finances [1].

Parallèlement à ce discours très précis de Paulson, les « politiciens » de Washington ont commencé à exploiter ce discours dans le cadre des objectifs diplomatiques non déclarés des Etats-Unis au Moyen-Orient. Si les intentions de Paulson sont claires, pour Washington, il s’agit de continuer sa politique d’affaiblissement du régime des mollahs pour les contraindre à une entente régionale globale (la création d’un arc chiite pour contrôler les ambitions des pétromonarchies sunnites).

L’affaiblissement des Pasdaran pourrait théoriquement désorganiser le régime des mollahs, mais le défaut de cette théorie est qu’elle considère les mollahs et les Pasdaran comme étant deux entités distinctes que l’on pourrait monter l’une contre l’autre. C’est puéril comme l’a été la vision qu’avaient les Américains de l’Iran en 1979, quand ils avaient tablé sur la même stratégie de mise en concurrence des groupes qu’ils considéraient comme distincts (les mollahs, la Bazaris, le Front National et les gauchistes du parti Toudeh).

Sur un plan pragmatique | Après Nicolas Burns qui avait évoqué une implication des Pasdaran dans l’aide aux Talibans, avant d’être désavoué par sa hiérarchie, aujourd’hui, nous avons eu droit à une nouvelle remarque sur une « possible mais pas certaine » implication des Pasdaran dans les livraisons d’armes aux Talibans. Cette fois, c’est Robert Gates qu’il l’a dit, alors qu’il affirmait le contraire, il y a une semaine.

Si Paulson intervient sans arrière-pensée politicienne et va au cœur du problème en parlant du « régime » (et non pas du « gouvernement iranien » [2]), ses collègues du Département d’Etat et du Pentagone restent confinés dans l’approche très discutable qui est de jauger les réactions de Téhéran après chaque déclaration pour savoir jusqu’où ils pourraient aller sans compromettre l’entente à venir.

Dans sa nouvelle déclaration, Gates a encore utilisé le jargon cher aux mollahs pour parler du « gouvernement iranien », avec ce souci permanent de ne pas impliquer tout le régime. Finalement, les plus grands adversaires de Paulson ne sont pas les banquiers des pays alliés des Etats-Unis mais ses propres collègues et leur doctrine d’alliance régionale avec les mollahs.

Reste donc à savoir dans quelle mesure le Département d’Etat suivra les avis de Paulson. Est-ce que les Etats-Unis chercheront à imposer au « régime » des sanctions purement économiques, propres à briser la puissance financière des mollahs et leurs acolytes les Pasdaran ? Ou bien se contenteront-ils seulement de cibler certaines activités des Pasdaran afin de ne pas mettre en péril ce régime qui leur semble si utile ? [3]

WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |

| Mots Clefs | Institutions : Pasdaran, Gardiens de la Révolution |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Afghanistan |

[1Les Pasdaran et le business | L’armée des Gardiens de la Révolution, Sepah-é Pasdaran est gérée comme un holding en Iran et il est exempté d’impôts. Les Pasdaran contrôlent nombres de produits d’importation car ils contrôlent les ports et la douane. Les marchés de la viande, du poulet, des cosmétiques,des stupéfiants et de la prostitution sont gérés par les Pasdaran depuis des années. Pour en savoir +, lire :

- Les nouveaux princes du pétrole portent des flingues !

- Le fondateur des Pasdaran est devenu l’ami de George Bush

- Le fondateur des Pasdaran est un intellectuel !

[2Le « régime des mollahs » et le « gouvernement iranien » | La République Islamique est une oligarchie militaro-religieuse (alliance des mollahs et des Pasdaran), c’est la terminologie du mot République qui exige un décorum républicain. La fonction présidentielle n’a aucune autre utilité en Iran et en vertu de la Constitution de la république islamique, le président et son gouvernement n’ont aucun réel pouvoir. Explication du sytème de la république Islamique d’Iran | En insistant sur les termes comme le « Gouvernement iranien » ou en prétendant séparer les Gardiens de la révolution du reste du régime, les Etats-Unis cherchent à ne pas compromettre une future entente.

[3L’utilité des mollahs pour les Etats-Unis | Il faut savoir que malgré le fait que les mollahs ont rompu les relations avec Etats-Unis, leur accession au pouvoir a pleinement satisfait les Etats-Unis : les mollahs ont détruit la stabilité régionale et provoqué une guerre avec l’Irak. Dans cette guerre, la totalité des infrastructures des deux pays (musulmans) les plus industrialisés de la région a été détruite ou endommagée, les forces de travail ont péri à la guerre et les deux pays ont dû puiser dans leurs réserves ou s’endetter pour s’armer et s’entretuer. Les mollahs ont même contribué à faire durer la guerre 6 ans supplémentaires pour s’enrichir dans le commerce des armes. Cette guerre artificiellement prolongée a été une bénédiction pour les Etats-Unis et autres fabricants ou trafiquants d’armes et l’Iran en est sorti diminué et son industrie pétrolière, résultat de 25 années d’efforts du Shah (de 1954 à 1979), fut détruite.

Aujourd’hui ce pays ne peut plus extraire son pétrole comme avant 1979 et fait de la figuration dans l’OPEP car il prévend son pétrole (en Buy-Back) au dixième de son prix du marché. En 1960, les compagnies occidentales (les majors) avaient accès à 85 % des ressources du globe. Suite à la création de l’OPEP, cette proportion est tombée à 16 %. Mais grâce aux mollahs, la nationalisation du pétrole iranien est une pure fiction.

Même s’ils ne sont pas alignés sur les Etats-Unis, les mollahs font merveille pour la réalisation des coups bas que l’Amérique veut infliger à ses amis, les pétromonarchies du Golfe Persique. Et le terrorisme d’Etat des mollahs est le meilleur argument pour justifier la présence des navires Américains dans le Golfe Persique. L’Iran n’est plus le « gendarme du Golfe ».

Les mollahs sont véritablement un élément incontournable pour la diplomatie américaine et les deux partis politiques américains se font la course pour renouer le dialogue avec eux afin de mettre au point un certain nombre de choses pour que leur terrorisme si efficace puisse le plus souvent coïncider avec les intérêts géopolitiques des Etats-Unis.

- L’Iran aime les jeux d’arbitrage |