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Iran – affaire Esfandiari : Le Tango irano-américain
12.05.2007

« La révolution islamique reprend-elle le pouvoir en Iran au détriment des institutions de la République islamique ? C’est ce que laissent supposer une série d’arrestations dont sont victimes des universitaires et journalistes iraniens en contact avec l’Occident ainsi qu’une personnalité de l’establishment islamique (Moussavian). Arrestations qui rappellent les premières années du régime », a écrit Jean-Pierre PERRIN en introduction d’un article consacré aux raisons politiques de cette arrestation.



Cet article méritait une réponse précise et l’affaire méritait une analyse politique « chronologique ».

Réponse à l’article : L’Iran s’attaque aux intellectuels

Jean-Pierre PERRIN a encore réussi le tour de force d’écrire un article strictement conforme aux attentes actuelles du régime des mollahs.

- insistance sur la réformabilité du régime
- insistance sur le clivage modéré - ultra conservateur

Ainsi, dès les premières lignes, Perrin laisse entendre que les institutions de la République islamique seraient très peu en conformité avec les moeurs barbares des mollahs pendant les premières années de la révolution. Perrin laisse entendre que les institutions mêmes de la République Islamique sont en contradiction avec « ce qui se passe en ce moment ».

Nous avons dans un récent article pris le soin de transcrire des extraits de la Constitution de la République Islamique. Il n’y a pas le moindre doute sur le caractère 100% anti-démocratique et 100% intégriste de ce régime. Alors de deux choses l’une : soit Perrin n’a pas encore eu le temps de consulter cet article et la constitution de ce régime immonde et nous lui laissons le temps de le faire et retirer ses propos ou alors Jean-Pierre Perrin cherche à tromper l’opinion en diffusant des mensonges, et dans ce cas on peut sans craindre un procès le taxer d’agent de lobbying du régime des mollahs en France et pour les lecteurs du Libé.

Un article instructif | L’article préparé par Perrin n’a pas grand intérêt. Il s’est librement servi d’un article du Washington Post et d’un autre article de New York Times qu’il a réarrangé afin de minimiser les liens qui existent entre l’interpellée (Esfandiari) et la famille la plus corrompue du régime des mollahs : les Rafsandjani.

Son article est d’ailleurs un article pro-Rafsandjani car selon les techniques de journalisme en vigueur dans ce pays, Perrin a cité un autre des lobbyistes du régime, Karim Sadjadpour, pour affirmer que Rafsandjani était un politicien favorable à l’ouverture de relations avec Washington.

Là encore deux choses : soit Perrin n’a pas encore eu le temps de consulter les dépêches concernant le rôle de Rafsandjani dans les attentats de Paris, dans l’attentat de l’Amia et dans les meurtres des opposants, dans les détournements des revenus pétroliers, l’appel au meurtre des occidentaux au Liban, et bien d’autres affaires criminelles ou attentats ; ou alors Jean-Pierre Perrin cherche à tromper l’opinion en diffusant des mensonges par omission, et dans ce cas on peut aussi sans craindre un procès le taxer d’agent de lobbying de Rafsandjani en France.

Perrin est d’ailleurs l’un des plus rusés dans ce domaine, car il a concocté un dernier paragraphe dans lequel il fait cohabiter dans une seule phrase Haleh Esfandiari, Faezeh Rafsandjani, Ramin Jahanbeglou et Zahra Kazemi, la photographe irano-canadienne, violée en prison lors d’un interrogatoire.

Zahra Kazemi n’a pas été une lobbyiste du régime (contrairement aux trois autres), et son cas a longtemps gêné le régime des mollahs. Et aucune des fausses féministes iraniennes, ni aucun dissident ne l’a jamais défendue. Pire Shirin Ebadi s’est saisie du dossier pour écarter le témoin clé qui accréditait la thèse d’un viol collectif avant la mise à mort à l’arme blanche (coups de pied dans la tête). Perrin descend bien bas en alignant les noms de ceux qui ont cherché à étouffer l’affaire à côté de la victime d’un crime ignoble. [1]

Analyse politique de cette affaire irano-américaine

Haleh Esfandiari ne finira pas comme Zahra Kazemi. Cette campagne médiatique a certes été orchestrée par les mollahs qui cherchent à relancer l’idée qu’il existe un débat interne complexe au sein du régime. Ce qui veut dire : « donnez-nous du temps, les modérés reviendront et le dialogue peut reprendre ». Mais il y a un autre point.

L’objectif est de faire stopper les sanctions et améliorer la dégradation de l’image du régime due aux négationnistes du même régime. Ces activités négationnistes avaient été programmées par le régime car, rappelons-le, d’un point de vue constitutionnel, Ahmadinejad en tant de président n’a pas le pouvoir de décider de telles activités.

A ce moment-là le régime voulait montrer sa capacité à ameuter la Rue Arabe, faire peur pour attirer les Américains à la table des négociations, mais selon ses conditions. Aujourd’hui encore le régime des mollahs veut la même chose : négocier !

Mais l’affaire des otages britanniques l’a démontré : les mollahs ont une très mauvaise image médiatique à présent surtout à cause des propos négationnistes tenus par Téhéran. Ainsi l’affaire des otages s’est soldée par une libération et des cadeaux suivis de nombreuses interventions des lobbyistes du régime pour affirmer que cette libération était le signe d’une volonté de négocier !

Cette campagne (Libération = modération) a échoué car persiste le souvenir des propos négationnistes. Aujourd’hui le régime des mollahs veut effacer cette épisode et ne veut plus communiquer sur le thème des juifs !

L’administration américaine est également favorable à des négociations avec les mollahs et Condi Rice nous le prouve tous les jours. Les Américains apprécient cette dernière campagne sur le thème des femmes (thème très polémique qui peut faire oublier l’antisémitisme sélectif des mollahs et les rendre fréquentables).

Les Américains espèrent que cette campagne sera les prémices d’un changement d’image. Les Américains aussi aimeraient en finir avec cette image négationniste qui les empêche de dialoguer librement avec les mollahs. Ainsi le régime des mollahs et l’administration Bush avancent ensemble en dansant un dernier tango assez bizarre.

L’arrestation des irano-américaines permet à l’administration Bush d’intervenir pour chercher des interlocuteurs en Iran et trouver un point de rencontre. Oubliés les propos négationnistes, tout le monde est devenu amnésique ! Ce changement nous montre que cette affaire d’arrestation est faite d’indignations sur mesure.

En effet, par le plus grand des hasards, l’époux de Mme. Haleh Esfandiari est juif, en temps normal les mollahs auraient accusé les époux d’espionnage « en faveur des sionistes » ! Mais plus personne ne s’intéresse à ce genre de détail à Téhéran ou à Paris, et encore moins à Washington ! L’objectif commun de Téhéran et de Washington n’est pas de faire des vagues inutiles mais de se retrouver pour négocier et s’entendre.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur cette arrestation de complaisance :
- Iran - Haleh Esfandiari : Arrestation d’une lobbyiste du régime à Téhéran
- (11 Mai 2007)

Pour en savoir + sur une autre arrestation de complaisance :
- Iran : L’ex-négociateur est libéré, mais les charges demeurent
- (10 Mai 2007)

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les relations avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs ! |

| Mots Clefs | Resistance : Le Lobby Rafsandjani en France |

| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Journalistes et média Français |

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[1Le cas de Zahra Kazemi colle aux basques des mollahs | Un mauvais concours de circonstances a voulu que l’un des plus célèbres lobbyistes itinérants du régime, Akbar Ganji, fasse une conférence de presse à Paris au moment où le meurtrier de Kazemi siégeait à l’ONU à Genève. Ganji n’a pas eu un seul mot pour l’affaire et par la suite ses amis en France (RSF et FIDH) sont montés au créneau pour le défendre et pour changer les dates des communiqués de presse pour effacer ce moment honteux. |