Iran : Chirac immobile 19.09.2006 Ce qu’a dit Jacques Chirac [1] n’est ni révoltant, ni susprenant : il dit exactement la même chose depuis 3 ans, et sur ce site nous en avons la preuve. Jacques Chirac répète inlassablement la même chose depuis que le programme clandestin du régime des mollahs a été découvert par hasard par les satellites américains, en décembre 2003. Ce qui est révoltant et surprenant c’est l’invariabilité de son discours et de ses analyses : le monde a changé et le Président est resté figé. La prise de parole présidentielle est cependant la marque d’un repli français et non la preuve de l’indépendance vis-à-vis des américains. Ce geste présidentiel vient du déficit de confiance généré par Douste-Blazy qui n’arrive pas à s’imposer comme la voix de la France. Les interventions du Premier Ministre rajoutent à la dissonnance et le président a parlé. Cette intervention intervient immédiatement après la visite en France de Stuart Levey, le sous secrétaire d’état américain du Trésor en charge du terrorisme et de la délinquance financière. La banque française BNP-Paribas serait très liée au régime des mollahs, et selon le New York Times, cette banque serait l’un des principaux créanciers du régime des mollahs. Stuart Levey était à Paris ce week-end pour demander au Président Français d’être solidaire avec les Etats-Unis sur les premières mesures de boycott contre une immportante banque iranienne qui participe au financement du Hezbollah. Evidemment, si la France avait accepté, cette décision aurait conduit les mollahs à ne pas vouloir rembourser leur dette à la BNP-Paribas. Cependant la France a estimé que ses intérêts étaient du côté des mollahs et continue de croire que le régime iranien est solvable. L’année dernière le montant de la dette des mollahs s’est élévé à 24 milliards de dollars dont 5,9 milliards sont des emprunts accordés par des banques françaises. Cependant l’année dernière les prix du pétrole se sont envolés permettant à de nombreux pays de rembourser leurs dettes. Les mollahs se sont encore plus endettés dans la même période, frôlant la banqueroute. Là aussi, la France reste figée en s’engageant encore plus auprès d’un état impopulaire et exsangue en répétant son erreur irakienne de soutien à Saddam qui fait aujourd’hui exclure les entreprises françaises en Irak. Le soutien de Chirac à Saddam a meurtri les élus les irakiens même s’il continue d’exciter les islamistes de la « rue arabe ». Parallèlement, le monde a roulé sa bosse, la Russie a pu renaître de ses cendres et revient en force sur l’échiquier international. Ce pays a remboursé ses dettes et a une politique énergétique très offensive et se porte acquéreur des réseaux de distribution de gaz des pays fournisseurs de l’Europe (Algérie) et des pays de transit de gaz (Ukraine, Turquie et Grèce). La Russie tente de prendre des parts dans GDF et ayant acquis des parts dans EADS, elle cherche aussi à peser sur les décisions du CA du géant d’armement européen. Depuis la fin décrétée de la Guerre Froide, la France mène une politique très détâchée des Etats-Unis, une politique qui renforce la Russie surtout en Asie Centrale et au Moyen-Orient. La France avait même rêvé de créer un axe énergétique Paris-Berlin-Moscou avant de s’apercevoir que les Russes avaient uniquement cherché à augmenter la dépendance de l’Europe vis-à-vis du gaz Russe. Là aussi la France reste fidèle au dogme de la Fin de la Guerre Froide et continue d’affaiblir le seul allié possible pour contenir l’expansionnisme énérgétique Russe. C’est pour ces raisons que la prise de parole présidentielle est la marque d’un repli français (et non la preuve de l’indépendance vis-à-vis des américains). La France fait du surplace, dépassée par les évènements et incapable de sortir de sa torpeur. Les propos de Jacques Chirac sont révoltants pour la France et non pour les opposants iraniens. De nombreux états ont commencé à prendre des distances avec l’économie iranienne qui selon les chiffres du FMI affichera une inflation supérieure à 28% en 2007. Les banques japonaises se retirent, le Japon hésite à s’engager plus avec les mollahs sur le champ pétrolier le plus prometteur du monde, les chinois attendent et seule la France maintient le cap et ne trouve aucune parade aux changements régionaux. C’est un repli. Le Quai d’Orsay a boudé Stuart Levey. Le Président a parlé et l’opposition, de Jack Lang à Le Pen, a approuvé. Le monde change et la France est figée. De plus la vélléité de reprendre les négociations sans conditions préalables est un coup porté à l’ONU et discrédite totalement la supposée autorité de cette organisation et du Conseil de Sécurité. Les conséquences de cette liberté chiraquienne se feront d’emblée sentir au Liban où le Hezbollah ne sera pas contraint, théoriquement il l’est actuellement, à déposer les armes. Nous nous souvenons que la France avait évoqué le recours au Conseil de Sécurité pour une intervention en Irak. Das le cas iranien, la France n’avait plus d’excuse. Elle a alors manœuvré sur une opposition Russe ou Chinoise et elle demandé un consensus du Conseil, estimant une telle éventualité impossible. Or, entre temps les mollahs ont tenté une mission pour arriver à un compromis séparé avec les américains et leur tenntative a échoué. Cette mission menée par Khatami a suscité la colère les Russes qui ont décidé de se joindre aux sanctions. Les Chinois suivent généralement la tendance générale, la France a été surprise par ce consensus et le Président a réagi en s’opposant fermement à toute sanction. Cependant comme nous l’avons affirmé à maintes reprises, si les mollahs sont ravis par cette aide inattendue qui retarde les sanctions, ils ne peuvent se contenter de l’Europe comme Allié Stratégique : cet allié ne peut être que la Russie ou les Etats-Unis. Tel est le véritable aspect révoltant de ces propos : ils nous ramènent en juillet 2006 (lien ci-dessus), avant l’épisode de la fin de l’ultimatum de l’ONU, bien avant la guerre du Hezbollah, bien avant les 15 jours supplémentaires. Et le constat est encore et encore et encore le même : la France resté figée. La semaine dernière nous vous avons appris que le régime des mollahs avait dépêché à Paris un émissaire particulier d’Ahmadinejad pour négocier avec le Président à propos du nucléaire iranien. Mojtaba Hashemi-Samareh, qui avait rencontré le président Jacques Chirac, était selon nos sources, porteur d’un message d’Ahmadinejad. C’est après cette rencontre qu’à Helsinki le Président français avait espéré que les négociations avec la république islamique prendrait un tour nouveau. À présent, il ne veut plus des sanctions, de suspension de l’enrichissement d’uranium, mais le Président n’a pas encore demandé que l’on fournisse directement les ogives nucléaires à Téhéran. Ce calembour n’est pas totalement hors propos, certains observateurs iraniens émettent l’option selon laquelle la France serait intéréssée par la bombe iranienne : car dans une telle éventualité, les états arabes du Golfe Persique devraient se lancer dans une course à l’armement. Selon les mêmes sources, la France serait l’un des bénéficiaires de cette demande. Cependant, la nucléarisation militaire iranienne encouragera aussi une course à la prolifération qui aura pour conséquence la fin du régime contrôlé et la fin de la dissuasion Française, ce privilège nécéssaire à la France, selon Jacque Chirac. Le monde change et la France est immobile. WWW.IRAN-RESIST.ORG [1] Lundi 18 septembre 2006, avant son départ pour l’ONU, Jacques Chirac sur Europe 1. « On peut trouver des solutions par le dialogue. Nous devons d’abord trouver un ordre du jour de la négociation, puis engager une négociation et, pendant cette négociation, je suggère que les Six renoncent à saisir le Conseil de sécurité et que l’Iran renonce pendant la durée de la négociation à l’enrichissement de l’uranium ». |