Ce dernier n’a fait que reprendre les thèmes majeurs exprimés dans la lettre d’Ahmadinejad à Bush. Khatami a plaidé pour l’interdiction des ADM au Moyen-Orient et pour le droit à l’enrichissement nucléaire : 2 thèmes très en vogue au sein du régime des mollahs. L’un cherche à affaiblir la puissance nucléaire d’Israël et l’autre à doter l’Iran de l’arme atomique tout en remettant en cause le principe fondateur du TNP. Ce message n’apporte aucun nouvel élément au débat et montre l’unité des positions entre les différents présumés clans du régime. Khatami a même loué la qualité des messages sociaux d’Ahmadinejad et ses propositions pour les jeunes et la femme iranienne.

Les questions posées par des journalistes iraniens en poste à Londres et à Washington ont déçu les opposants iraniens car elles nourrissaient la fausse image du président réformateur (en lutte contre les conservateurs) mais les questions des journalistes américains ont surpris le souriant mollah qui a été contraint de délivrer son message conforme à la politique nucléaire du régime. Et malgré ses sourires, le contenu n’a rien apporté de concluant, nous avons seulement appris que les mollahs maintenaient leur position de négocier sans pré-condition sur la suspension nucléaire. Et nous avons entendu qu’ils restent fidèles à leurs habitudes de l’exercice de la langue de bois et ils continuent à déclarer que l’on peut négocier tout, même des conditions de la suspension préalable à toute négociation !

Changement | Il est évident que ce discours est la pointe visible de l’iceberg, Khatami a certainement rencontré des officiels de l’administration Bush et les négociations sur les Garanties de Sécurité exigées par le régime ont dû échouer, incitant le régime à réajuster son discours très différent des interviews qui avaient précédées la conférence de presse à la National Cathedral.

Retour aux tactiques dilatoires | Le changement de ton de Khatami a été sensible. Il a longuement insisté sur la nécessité d’une reprise des négociations, rappelant ainsi sa propre politique nucléaire quand il était président. Ahmadinejad ne fait que suivre la politique mise en place par Khatami. Son insistance sur la nécessité d’une reprise des négociations a ravivé les souvenirs de ces interminables négociations aussi longues et que stériles qui avaient berné la Troïka Européenne de 2003 à 2005 et ont fini par déboucher sur la crise actuelle.

Khatami a échoué et en plus il a renforcé l’opposition iranienne qui a manifesté massivement et à l’unisson contre sa venue et a pu trouver d’importants alliés parmi les hauts responsables américains. C’est un double échec, mais ce ne sera pas le dernier émissaire du régime des mollahs à courtiser les Américains ou les Européens.

Pour en savoir + sur la conférence de presse à la National Cathedral :
 regarder l’émission sur le site de C-Span (en Anglais et en Farsi)
 (09.09.2006)