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Suez réagit «mal» à l’Accord Gazier Russo-algérien
30.08.2006

Analyse | L’accord conclu entre le groupe gazier russe Gazprom et la société algérienne d’hydrocarbures Sonatrach « peut être lourd de conséquences pour les consommateurs européens », estime le PDG du groupe français d’énergie et d’environnement Suez, Gérard Mestrallet, dans un entretien au journal Les Echos de mardi.



Voilà une réaction bien tardive, mais réjouissante à double titre. Le premier étant le fait que nous l’avions écrit en quasi exclusivité mondiale aux dépends d’un confrère spécialisé et surtout nous avions attiré l’attention de nos lecteurs sur une stratégie globale de la Russie qui cherche à créer un Super Consortium Energétique que nous avions appelé la Mega OPEP. Cette structure regrouperait les partenaires nucléaires et militaires de la Russie autour d’un accord pour l’exploitation et le transit des Hydrocarbures. Nous avions alors mis en garde contre ce projet dont l’objectif est de contrôler les voies de livraison des hydrocarbures vers l’Europe. Hélas, l’affaire se passait en Août, le mois que les ennemis de la France choisissent pour commettre leurs forfaits. Heureusement les vacances ont pris fin et le groupe Suez réagit enfin non pas pour analyser les conséquences de cette alliance mais pour plaider sa cause.

« Dans l’immédiat, l’accord Gazprom-Sonatrach montre surtout que nous, clients, avons raison de nous organiser pour peser plus lourd. Car dans ce métier, plus on est gros, mieux on négocie », a ajouté Mestrallet, dont l’entreprise entend fusionner avec Gaz de France. Mais au-delà de l’horizon de cette fusion, Mestrallet se refuse d’analyser l’accord Gazprom-Sonatrach et de le placer dans le contexte explosif du retour au premier plan de la Russie au Moyen-Orient et de son plan d’Offensive énergétique. Cette dernière confirme avec force que ce que nous appelons la géopolitique n’est autre que de la géostratégie économique.

La Russie, elle-même producteur de Gaz, utilise des atouts géographiques pour neutraliser ses concurrents directs : les républiques de l’Asie Centrale et les pétromonarchies du Golfe Persique. Par des alliances géostratégiques subtiles, la Russie entend isoler la voie d’accès vers l’Asie Centrale (voir la carte) qui est la plus intéressante alternative énergétique en cas de conflits d’intérêts avec la Russie ou l’Iran. Ce qui était en premier lieu une Alliance Iran-Russie est devenue sous l’impulsion de Vladimir Poutine, une Alliance Iran-Russie-Venezuela avec un Projet énergétique fort séduisant qui comprend une offre nucléaire et l’accès à la bombe en faveur d’un processus qui utilise le bras de fer des mollahs contre l’Occident.

Même si une fusion Suez et GDF est intéressante, l’affaire a une dimension internationale qui échappe à Mestrallet et les journalistes spécialisés qui omettent de prendre en compte l’aspect global de l’offensive économique Russe. Pour les Russes, la crise iranienne est une aubaine et l’Iran doit rester sous la gouvernance des mollahs qui entretiennent le Hezbollah. La Russie utilise l’état de crise permanent dans la Région pour chasser ses concurrents de ces territoires. Certes aujourd’hui, elle a besoin de la France pour affaiblir encore plus les Etats-Unis dans la région mais très vite, les mollahs préféreront ou seront contraints de remplacer les contrats des pétroliers Européens et remplaceront ces derniers par Gazprom ou des compagnies des pays de l’AXE.

De ce fait, nous jugeons avec la plus grande sévérité la réaction du PDG de Suez qui a une vision Européenne et uniquement commerciale de l’accord Gazprom-Sonatrach. Cette vision locale ne se résume pas à la réaction de Suez et on la retrouve chez son futur allié, le GDF. Dans le même entretien publié par les Echos, Jean-François Cirelli, le PDG de Gaz de France, déclare que les initiatives de Gazprom ne « compromettent en rien les relations tissées » avec GDF. Gazprom est l’un des principaux fournisseurs de GDF et Jean-François Cirelli imagine sans doute que Gazprom ne lui ferait jamais une infidélité.

Au cours de l’entretien, le PDG de Gaz de France annonce la signature prochaine qui aggrave la dépendance de la France vis-à-vis de Gazprom et fait état d’un « accord important de fourniture, garantissant (à la France) des volumes de gaz russe pour une très longue période ».

Selon Cirelli, Gazprom « restera un partenaire privilégié » de GDF. Nous en doutons sérieusement et comme dans le cas des accords commerciaux passés avec les mollahs, d’un côté la France cherche à assouvir des intérêts commerciaux immédiats et de l’autre les mollahs ou les Russes entendent engager la signature d’un pays pilier de l’Europe. Pour les mollahs afin de créer une dépendance économique qui servirait de levier de pression dans le dossier nucléaire et pour les Russes, il s’agit d’augmenter la dépendance vis-à-vis de son gaz. Parallèlement ce pays se porte acquéreur des réseaux de livraison de gaz par cargo-citernes ou par pipelines afin de contrôler le débit d’approvisionnement énergétique de l’Europe.

Rappelons que le protocole d'accord entre Gazprom et Sonatrach envisage une vaste coopération dans «l'exploration, l'extraction, le transport d'hydrocarbures, le développement d'infrastructures gazières, le traitement et la vente de gaz» en Russie, en Algérie ou dans des pays tiers, ainsi que de possibles «échanges d'actifs», selon Gazprom.

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