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Iran : La semaine en images n°152
17.01.2011

Cette semaine, il s’est passé un fait inédit : le Conseil de Discernement de l’Intérêt du Régime (organe plénipotentiaire qui décide de toutes les politiques du régime dans tous les domaines), le vrai gouvernement du régime ne s’est pas réuni comme à son habitude une seule fois le samedi, mais plusieurs fois de suite.

Le Conseil de Discernement a fait état de discussions nécessaires sur la révision d’un article de loi, mais à l’issue de ces réunions, il n’a annoncé aucune révision. Ce gouvernement permanent du régime était en fait réuni pour parler d’une crise inattendue.

Les 7 problèmes | Il faut parler d’une crise dans la crise car le régime est actuellement plongé dans un tourbillon de problèmes sans solution. Au départ, il y a le problème de base : Washington le sanctionne tout en proposant une entente, non parce qu’il le veut comme allié, mais pour revenir en Iran avec ses pions et prendre le pouvoir de l’intérieur. De fait, pour éviter ce scénario catastrophe, les mollahs doivent nécessairement refuser tout dialogue et surtout trouver un moyen pour échapper aux sanctions. Pour cela, Téhéran a longtemps privilégié la carte des provocations espérant déclencher une très grande crise susceptible de faire capituler Washington par peur d’une guerre régionale. Mais, second problème : le régime n’y est pas parvenu. Pour continuer cette même politique sans s’effondrer économiquement, il a gelé les salaires et augmenté les prix pour baisser la consommation donc le volume de l’importation des produits vitaux. Il a ainsi gagné du temps, mais en réduisant le pouvoir d’achat du peuple, il a annulé l’avantage salarial de ses miliciens. Troisième problème : Il a perdu le soutien de jeunes engagés dans la milice anti-émeute par pauvreté et non par conviction.

Aujourd’hui, le régime repose sur une base très réduite de quelques milliers de miliciens plus âgés qui ne peuvent le défendre. Il est très vulnérable. C’est un cinquième problème. Il se maintient en intimidant le peuple, mais il doit éviter de pousser les gens à bout. C’est un sixième problème. Il a enfin un énorme septième problème : il ne peut organiser un grand rassemblement le 11 février prochain pour le 32e anniversaire de la révolution islamique. Il est face à la révélation de son impopularité, son illégitimité et sa vulnérabilité. Il est pour ainsi dire condamné, à moins d’un retour de ses miliciens ou d’un miracle.

Il s’est retrouvé en état de crise aiguë car il a tenté de provoquer ce miracle. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévues, d’où les réunions extraordinaires du Conseil de Discernement. A l’issue de ces réunions, le régime a accusé Washington d’avoir soutenu moralement un complot pour éliminer ses savants il a renversé le Gouvernement libanais, sans laisser le Hezbollah créer un foyer d’instabilité au Moyen-Orient. En résumé, un coup de force délibérément modéré.

Sur le plan intérieur, il a mis en avant l’unité de vue idéologique entre les frères ennemis, Rafsandjani et Khamenei pour rassurer des dernières troupes. Il a promis des emplois aux Bassidjis tout en menaçant les boycotteurs présents et futurs de poursuites et a augmenté le nombre de pendaisons en complément de ses promesses. Dans ce domaine interne, il a été hésitant mais aussi confus. Les images de la semaine nous éclaireront sur les raisons de cette hésitation et cette confusion.



Boeing, Boeing | La semaine a été placée sous le signe de la confusion car elle a débuté par un événement confus : un avion des lignes internes d’Iran Air, d’un modèle inconnu, s’est écrasé à Rezayieh dans la région iranienne d’Azerbaïdjan. Les lignes internes iraniennes ont une très mauvaise réputation ! L’année dernière 192 personnes ont été tuées dans trois incidents. Cette fois, l’accident a fait 77 morts notamment parce que les secours sont arrivés 45 minutes après la chute en prétextant un accès difficile ! De nombreux passagers sauvés par les paysans locaux ont péri dans l’interval. Les photos montrent cependant un terrain plat.
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La confusion comme règles | Il y a en fait beaucoup à dire sur cet incident qui nous avait paru très suspect. En effet, dans un premier temps, le régime n’a pas donné le type de l’avion, mais il insistait sur le numéro du vol : 727. Les médias étrangers ont alors parlé d’un Boeing 727. Téhéran a confirmé. Dès lors le numéro de vol est devenu 277 !

Nous avions alors émis des doutes car les lignes internes iraniennes n’utilisent pas ce type d’avions, mais de vieux Tupolev russes, de très vieux Mcdonnell Douglas achetés à l’Ukraine ou des Fokker néerlandais de seconde main qui tombent souvent du ciel. Cette photo du moteur arrière de l’avion a permis d’éclaircir ce mystère.
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Il s’agissait d’un Boeing, mais un employé de la compagnie a révélé de manière anonyme qu’initialement le vol devait être effectué par un Fokker, mais cet avion avait été remplacé à la dernière minute par un Boeing interdit de vol en Europe en raison d’un état alarmant dû à un manque d’entretien.

Etant donné qu’à chaque incident aérien, le régime met en avant les sanctions américaines pour demander la levée de toutes les sanctions, l’information contenue dans cette fuite anonyme laissait supposer que le régime avait provoqué la chute pour demander la levée des sanctions.

Cette fuite et le débat qu’elle a suscité n’ont scandalisé aucun de ces bloggeurs et de ces journalistes adulés par RSF, personne n’a consacré quelques lignes à l’utilisation de ce Boeing défectueux et à la fausseté du prétexte de l’inaccessibilité du terrain pour les secouristes. Tous les medias ont accepté la mort de 77 de leurs compatriotes sacrifiés pour sauver le régime.

Mais il devait y avoir un malaise car comme à son habitude, le régime n’a pas utilisé l’incident pour exiger à cor et à cri la levée des sanctions. Il est resté étrangement muet. Mais les vrais dirigeants du régime se sont réunis pendant trois jours (Dimanche, lundi et mardi) sous le faux prétexte de révision d’un article de loi pour accoucher de leurs mesures de substitution pour ce joker raté : ils ont sorti la grosse artillerie contre l’Amérique pour une éventuelle escalade et une ligne hésitante face à la rue pour éviter toute escalade ! C’est bien le seul intérêt de cette triste affaire : le régime a peur de sa petite base instable. A retenir.

L’art de la décélération par les mollahs | L’un des aspects de ce profil bas a été la publication très tardive des photos de l’accident. On a ainsi eu droit aux premières photos après les premières funérailles qui ont eu lieu lundi. Le régime a aussi géré le stress de la rue en diffusant peu d’images de victimes alors qu’à d’autres occasions, il avait mis l’accent sur les blessés pour exploiter l’affaire.
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De fait, les gens qui enterraient leurs morts n’avaient pas vu les images attestant la fausseté de l’excuse des secouristes. De fait, les funérailles se sont déroulées sans incident. La foule présente ferait pâlir d’envie les organisateurs de manifestations officielles.
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Ce même lundi, le régime a sorti sa première carte vis-à-vis de la rue en annonçant la tenue de sa conférence axée sur la création d’emplois pour les Bassidjis en présence d’Ali Larijani, nouveau patron non déclaré du régime. L’intérêt de l’affaire est dans l’intitulé de l’initiative, mais aussi l’absence de toute mobilisation pour écouter le patron du régime et le chef des Bassidji.
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Ce même jour, le régime a annoncé une conférence en hommage à Amir Kabir, un des plus importants chanceliers iraniens, très populaire en raison de son patriotisme et son attachement à la modernisation du pays. Ici, l’intérêt de l’affaire est la focalisation du régime sur un personnage positif, une habitude politique pour s’acheter une vertu. Cela pourrait être une piste possible pour attirer le peuple dans la rue. L’organisation de cette conférence pilote a été confiée à Rahim-Mashaï, un agent de la force anti-israélienne de Qods qui est devenu fameux en se disant pro israélien, un personnage falot prêt à tout pour avancer.
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Et enfin, en parallèle à ce monde merveilleux de la propagande, le nouveau ministre des affaires étrangères du régime a rencontré le vice ministre suisse des affaires étrangères venu à Téhéran pour l’assurer que son pays n’allait pas aider Washington dans ses sanctions. Etant donné que la Suisse représente les intérêts américains en Iran, elle a agi avec l’accord de son grand ami qui ne souhaite pas couler les mollahs dans ces temps de confusion. Cette visite a joué un rôle important dans la semaine : Téhéran a conclu que Washington était dans une phase de faiblesse : un moment dont il devait profiter.
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Mardi, Ambiance studieuse au Conseil de Discernement, on a peut-être parlé des petits suisses. On y voit Rafsandjani avec une mise morose car il n’a plus le pouvoir dans ce Conseil qu’il a créé pour diriger légalement le pays. Il reste néanmoins à la tête de cet organisme, mais bien encadré par ses ennemis, les frères Larijani.
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Ali Larijani et Mohammad-Reza Bahonar, son éminence grise


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Ali & Sadegh Larijani.



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Sadegh - Akbar - Ali


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Les Princes Persans | Le Conseil a cessé ses travaux au moment où la fièvre du Foot s’est emparée des médias du régime à l’occasion du match Iran-Irak de la Coupe d’Asie. Les mêmes journalistes qui n’avaient rien vu d’étrange dans le sacrifice de 77 Iraniens dans un 727 sur le vol 277 ! Tous les médias ont chanté les louanges des footballeurs Iraniens baptisés les « Princes Persans ».
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Le régime cherchait sans doute à faire un coup médiatique en appelant ses joueurs « les Princes Persans », mais par une étrange coïncidence un prince persan s’est donné la mort en exil pour faire parler de son pays. Le peuple a été touché par ce geste et surtout par sa demande d’« être incinéré pour être dispersé sur la mer Caspienne afin de venir déposer un baiser sur les rives de son cher pays à chaque vague ».

Du coup, l’enthousiasme des footballeurs du régime islamique a été éclipsé par l’émotion de quelqu’un prêt à mourir ainsi pour son pays. Il n’y eut aucune liesse dans les rues pour fêter une victoire historique sur l’ennemi qui a broyé ce pays avec l’aide de l’Occident.

Ce manque de liesse est remarquable car l’auteur de ces mots se souvient de la folie dans les rues de Téhéran quand l’équipe nationale iranienne a battu l’équipe irakienne par 3 à 0 en 1972. Cette fois, non seulement personne n’a poussé de cris, mais encore ceux qui ont les moyens n’avaient pas acheté de billets pour aller les applaudir.

Mercredi, Rafsandjani était à l’honneur. Loin du Conseil de Discernement où il s’emm…, notre homme s’est rendu à l’Assemblée des Experts, une autre organisation qu’il dirige en douce depuis 30 ans ! Loin de ses ennemis les Larijani, il a un peu retrouvé son sourire de citrouille de Halloween avant de parler de sa proximité avec Khamenei.
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L’annonce a fait du bruit car les deux hommes font semblant d’être des adversaires alors que chacun doit sa carrière à l’autre. En 1989, à la mort de Khomeiny, son demi-frère Rafsandjani a falsifié son testament en faisant croire que le fondateur du régime avait choisi pour lui succéder Khamenei, un mollah de bas étage comme Rafsandjani, lui-même. Rafsandjani a ainsi désigné un copain pour écarter les grands mollahs. Puis comme membre de l’Assemblée des Experts, il a entériné son propre choix. Dès que Khamenei est arrivé à ce poste clef avec les pleins pouvoirs politiques, il a révisé la constitution pour donner ces pouvoirs au Conseil de Discernement fraîchement créé par Rafsandjani.

On ne parle pratiquement jamais de cette histoire en Iran et l’on s’en tient à leur hostilité factice. De fait, les médias du régime, qui n’avaient pas parlé du Boeing suspect, mais du Foot, se sont focalisés sur ces étranges propos de réconciliation afin de se lancer dans d’interminables tergiversations.

Ces médias si utiles ont entériné la volonté des hauts dirigeants pour évoquer l’unité retrouvée du régime, mais aussi ils ont occupé les pensées avec du vent pour permettre au régime de mener à bien et en toute discrétion ses déclarations de guerre contre Washington sans énerver ses derniers partisans qui ne voient pas ces agitations d’un bon œil. On a ainsi fini la semaine en roue libre pour le régime avec un jeudi (veille du jour férié) sans aucun fait d’actualité ! Ce régime est formidable

Vendredi | Etonnant ! Le régime ne remplit plus ses mosquées. Pour attirer la foule, il a transformé le mausolée de Khomeiny en galeries marchande pour luminaires très chics ! Enfin : le sheek molla !
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Samedi | Le régime a commencé une nouvelle semaine sous de meilleurs auspices que la semaine qu’il terminait avec un joyeux match de foot avec une nouvelle victoire de nos princes de pacotilles sur les Coréens à Qatar. Conscient du défaut de manifestations de joie en marge du match : le régime avait loué les services de quelques Pakistanais très flegmatiques. Voilà une idée : en louer 5000 à la journée pour le 11 février, sauf qu’à l’annonce d’un voyage à bord d’Iran air, nos amis risquent de perdre leur flegme légendaire.
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