Cela fait un mois que les Bazaris qui ont aidé les islamistes à prendre le pouvoir en Iran sont en grève. Les négociants en or et diamant, ainsi que les négociants en acier et en textile ne travaillent plus paralysant la spéculation, le bâtiment et la confection. Le régime est impuissant car il n’a pas trouvé de miliciens pour l’aider à casser cette grève. La grève a révélé la rupture entre le régime et ses miliciens. On ne trouve rien sur ces sujets en France ou aux Etats-Unis, mais uniquement des appels au dialogue car ces pays ont tous de bonnes raisons pour sauver ce régime : Washington veut un allié islamiste et la France du pétrole pas cher. Mais le régime n’accepte pas car le dialogue est une étape vers la réconciliation avec les Américains et en conséquence un moyen pour ces derniers de revenir en Iran avec leurs pions pour prendre le pouvoir de l’intérieur avec une révolution de couleur afin de disposer d’un allié islamiste très docile. Ce refus met les Occidentaux mal à l’aise car cela les oblige à le sanctionner plus alors qu’il faut le secourir.

Pour éviter ces sanctions fatales, les Occidentaux diffusent des commentaires d’experts faisant état de l’inefficacité des sanctions alors que le régime n’arrive plus à financer ses projets ou encore à payer les salaires et les pensions de retraités. On met aussi en avant les contrats d’achats d’essence ou d’investissements pétroliers signés avec Chavez pour sauver le régime alors que le Venezuela n’a pas le niveau de production pour satisfaire les besoins iraniens en carburants ou les capitaux nécessaires pour sauver ce régime très endetté de la faillite. L’hebdomadaire Express qui en 1979 avait été dans le peloton de tête pour justifier la révolution islamique a publié un article de son spécialiste d’Iran, Vincent Hugeux, où il est dit entre les lignes que l’on pourrait peut-être vivre avec une république islamique nucléaire (nous en doutons).

La faiblesse du régime réside désormais dans le fait que les jeunes engagés dans la milice l’ont lâché pendant la grande révolte populaire où le principal slogan était « Mort à la république islamique » : on vient de décider la distribution en France d’un vieux film de propagande, les Bassidjis, produit par les mollahs et qui fait état d’une réserve importante de soutien populaire !

Le peuple conteste le pouvoir, Sara Daniel dont le père a été au sein du Nouvel Observateur, un des grands publicitaires pour la révolution islamique, vient d’écrire un livre faisant état de la popularité du régime islamique et l’envie des Iraniens de démocratiser cette merde avec le Mouvement Vert pro-Khomeiny et Moussavi, un islamiste affairiste, dont tous les appels ont été boycottés par le peuple et qui n’a jamais su mobiliser les Iraniens avec son discours. Sur le site de son papa, Sara Daniel a aussi cosigné un article avec un des collaborateurs de Khatami sur la popularité de Moussavi et du Mouvement Vert. On y parle de la « dictature d’Ahmadinejad » pour convaincre les Français que le régime était en soi une démocratie. Ces efforts tentent d’attribuer une éventuelle explosion sociale à une envie de continuer le régime islamique. Le Monde qui a aussi joué un grand rôle en 1979 reprend toutes les mauvaises informations pour que les Français n’apportent pas leur soutien à un peuple qui veut virer les mollahs ! C’est démoralisant et pathétique.

Le régime a de son côté commencé des pendaisons massives et dernièrement des amputations pour intimider les jeunes. On n’en parle pas en Occident. Pas un mot sur le blog d’Armin Arefi, le versant iranien de cette propagande pour le maintien du régime islamique. Ce silence est dû au fait que Moussavi et les autres soi-disant islamistes modérés n’ont pas condamné ces opérations pour sauver le régime.

En revanche, on occupe la case des violations des droits de l’homme avec la défense de gens que le régime arrête pour les faire passer pour des opposants. Ainsi on permet au régime de multiplier le nombre de ses faux opposants (comme Hossein Derakhshan ou Nasrine Sotoudeh) qui sont partisans du maintien du régime.

Mais si les nouvelles fabriquées en France par la presse de ce pays et les agents du régime sont franchement déprimantes (elles sont en fait conçues pour démoraliser les vrais opposants), les vraies nouvelles d’Iran sont bonnes. Le Bazar tient bon sa grève, les Bassidjis continuent leur désobéissance civique, les Pasdaran les ont rejoints. Le peuple continue à boycotter les manifestations officielles.

Le régime qui ne dispose plus de forces qui incarnaient la terreur est désemparé. Il ne sait plus quoi inventer pour restaurer son autorité. Il y a une semaine, il avait fait état de la création de brigades d’enfants mouchards. Cette semaine, il a annoncé qu’il allait mettre en place un programme d’identification des adresses IP alors qu’avec son monopole sur la fourniture d’accès à Internet, il a tous les renseignements dans ce domaine.

Même si les Occidentaux refusent d’adopter de vraies sanctions, le régime ne peut plus remonter la pente et n’a qu’une solution : augmenter les prix pour baisser de force la consommation afin de tenir bon face aux sanctions. Avec cette solution cubaine, le régime creuse sa propre tombe. [1].

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 (2 OCTOBRE 2010)