Tous les médias (sauf The Times) qui ont écrit sur la soi-disant capacité nucléaire militaire des mollahs ont parlé sans avoir eu connaissance d’un point essentiel. Le quotidien britannique s’est basé non pas sur un document top secret obtenu grâce à de l’espionnage, mais sur un document non daté, sans entête ni signature, de contenu théorique et d’origine iranienne transmise par « des scientifiques iraniens » !

L’affaire est devenue plus intéressante avec l’intervention officielle du porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères qui a démenti les tests évoqués par le Times, en dénonçant « un scénario » (du blabla), mais en se gardant bien de signaler que le document de base était un simple papier libre titré « le programme pour les études de 4 prochaines années ! »

Il aurait suffi de signaler ce détail pour clore l’affaire, mais Téhéran s’est bien gardé de le faire comme s’il souhaitait laisser en suspens un soupçon supplémentaire sur ses capacités nucléaires. Cela ne nous surprend pas car c’est ce qu’a toujours fait Téhéran : insinuer une plus grande capacité nucléaire pour amplifier la crise afin de provoquer une escalade guerrière dissuasive.

Téhéran a imaginé cette stratégie au démarrage de la crise nucléaire en 2003 car il était déjà sous la coupe des sanctions américaines depuis 23 ans. Ne s’estimant pas en mesure d’en supposer d’avantage, il a rapidement opté pour la stratégie de l’amplification de la crise, des bluffs pour faire coucher l’adversaire. Il a longtemps cherché à provoquer l’escalade avec les Etats-Unis avec des déclarations officielles, mais cela a contribué à alourdir ses sanctions. Il y a peu nous avions annoncé un changement nuancé dans la méthode iranienne des provocations. Au moment précis où Washington montre des signes faisant état de sa volonté de continuer d’éviter toute escalade pour continuer sa petite guerre d’usure économique, Téhéran nous donne un bon exemple de ce changement en nuances avec ce papier libre dont il n’a pas démenti l’authenticité. Téhéran a insinué une capacité sans faire de déclaration l’exposant à de nouvelles sanctions.

Dans cette entreprise, Téhéran a été aidé par le Times qui ne pouvait pas ignorer l’absence de l’authenticité du papier. La participation de ce quotidien est loin d’être un hasard : il a assuré les intérêts Britanniques. La Grande-Bretagne veut empêcher que les Américains parviennent à soumettre les mollahs avec leurs sanctions, car les Etats-Unis auraient dans ce cas une mainmise totale sur des territoires pétroliers d’Iran et d’Asie Centrale, ce qui ferait des compagnies pétrolières américaines les leaders du marché mondial du pétrole au détriment des compagnies Britanniques qui occupent cette place depuis 100 ans.

Une preuve supplémentaire de cette hypothèse est que Washington a superbement ignoré les « informations du Times » comme il ignore depuis toujours toutes les publications britanniques relatives au nucléaire iranien entreprises par les quotidiens ou encore les instances officielles britanniques.

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Ce n’est pas le premier fourré de deux complices :
 Iran : Retour des rumeurs nucléaires de Reuters !
 (5 AVRIL 2008)