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L’Iran cherche à fuir les négociations directes avec le Congrès
01.12.2008

En novembre 2007, les pays arabes du Golfe Persique ont proposé aux mollahs de créer un consortium pour la production du combustible nucléaire. Téhéran a refusé. En novembre 2008, des représentants des mêmes pays, venus à Téhéran en émissaires de Washington, ont renouvelé la même offre pour dénouer la crise, offre qui a été encore une fois refusée. Ce dimanche, le responsable de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique a suggéré la création d’un consortium régional pour la construction de réacteurs nucléaires.



Cette déclaration faite à Téhéran en marge de la « première conférence iranienne sur le nucléaire et le développement durable », est en fait un complément du discours prononcé la veille à Doha au Qatar par Ahmadinejad à la « conférence de l’Onu sur le financement du développement ».

Samedi à Doha, Ahmadinejad avait invité les états islamiques à supprimer les obstacles dans la région « en ne comptant que sur leurs propres possibilités ». Il espérait surfer sur la vague de protestation anti-américaine d’un collectif d’ONG arabes qui au cours d’un forum précédant la conférence avait souhaité « mettre fin à la mainmise américaine sur le système financier international ».

Cependant, il faut reconnaître qu’Ahmadinejad, l’agitateur attitré de Téhéran, a cédé à la tentation de faire un discours très politisé et qu’il a accumulé les erreurs en fustigeant la présence américaine en Irak, en Afghanistan et dans le Golfe Persique et aussi en prédisant encore une fois la fin d’Israël. Les hôtes arabes d’Ahmadinejad n’ont pas relevé ses provocations, mais le régime a jugé cette prestation improductive et susceptible d’isoler l’Iran qui est gardé souvent à l’écart des grandes rencontres internationales. Le régime est intervenu depuis Téhéran pour donner une nouvelle orientation à cette coopération régionale évoquée par Ahmadinejad, mais si mal exploitée.

Il y a évidemment une volonté de ne pas aggraver l’isolement du pays en continuant un discours très politisé qui met mal à l’aise des voisins arabes, mais parallèlement Téhéran espère inclure cette suggestion de coopération nucléaire lucrative dans la résolution finale de cette conférence qui devra définir le 2 décembre quelques axes de financement pour aider les pays du sud à lutter contre la crise.

En cas de gain de cause, Téhéran pourrait réorienter aussi le cours de la crise et du processus engagé via les Six et le Conseil de Sécurité afin d’obtenir un gel des sanctions sans avoir rien cédé sur la question de l’enrichissement.

On se retrouverait alors dans un nouveau processus de négociation avec la participation des pays voisins, ce qui contribuera à renforcer le rôle régional du régime qui a pris un coup avec l’adoption par l’Irak de l’accord autorisant la présence américaine dans ce pays voisin de l’Iran.

Cette tentative de réorientation multidirectionnelle est indissociable des initiatives entreprises par Washington, notamment par le Congrès [1], pour engager Téhéran dans des négociations directes.

Téhéran ne veut pas d’une négociation directe avec Washington tant que ce dernier n’aura pas renoncé à certaines clauses de l’entente qui doit en résulter. Pour meubler le temps et faire patienter Washington (sans défaillir sous le poids de ses sanctions), Téhéran évoque cette coopération régionale (pour construire des centrales). C’est une lamentable ruse dont par avance on connaît la stérilité car l’Iran n’est pas une puissance nucléaire capable de construire des centrales. Il dépend lui-même de la Russie pour sa seule centrale en construction depuis 1995.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

un article complémentaire :
- Iran : Kouchner, Obama et le dialogue sans condition préalable
- (16 NOVEMBRE 2008)

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les relations avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Nucléaire : Négociations sans fins (Manoeuvres dilatoires) |

| Mots Clefs | Pays : Conseil de Coopération du Golfe (CCG) |

[1Larijani, le président du Parlement islamique, a déclaré samedi que Téhéran avait reçu une lettre du Congrès américain l’invitant à des négociations directes et que les députés réfléchissaient à une réponse adéquate.