Le mystère est que la crise nucléaire iranienne a débuté par des révélations américaines et perdure grâce à des sanctions américaines. Cette crise est avant tout un objet diplomatique irano-américain, résultat d’une volonté des Etats-Unis d’aligner le régime des mollahs sur leurs objectifs diplomatiques.

Washington a à la fois besoin du territoire iranien, mais aussi du régime des mollahs. Le territoire iranien sera un couloir d’accès vers l’Asie Centrale qui brisera l’exclusivité d’accès aux hydrocarbures de l’Asie Centrale. Cette région s’ouvrira à l’occident et les investisseurs pétroliers américains s’approprieront les gisements pour contrôler les prix de vente à la Chine. Parallèlement, les mollahs agitateurs serviront les intérêts américains en poussant les musulmans chinois à se séparer de la Chine, privant ce pays de sa région minière la plus riche.

Les mollahs connaissent donc la très haute importance de cet accord et exigent en contrepartie l’impunité pour leur régime et leurs alliés : le Hezbollah et la Syrie. Pour faire céder Téhéran sans payer ce prix exorbitant, Washington a essayé d’avoir les mollahs à l’usure par toutes sortes de pressions dont des sanctions. L’administration Bush a même décrété que le programme nucléaire iranien ne représentait aucun danger immédiat pour allonger les délais et faire durer cette guerre d’usure. Outres les sanctions, Washington évoque la possibilité d’une intervention militaire et plus grave encore finance les activités paramilitaires de groupes séparatistes (Pejak & Jundallah) qui harcèlent les troupes du régime quand Washington le désire.

Ces pressions sont toujours allées de paire avec des offres plus ou moins dissimulées de reprise de dialogue pour conclure une entente qui peut aussi contribuer à pacifier l’Irak. L’intensité et le contenu des pressions ont souvent varié selon les réponses de Téhéran. Dernièrement, le rythme de ces variations est devenu plus soutenu car l’administration Bush aimerait parvenir à cette entente avant novembre 2008 pour offrir la paix en Irak comme cadeau d’élection au candidat de son parti.

Hier, Rice a donné un nouvel exemple de cette approche multicanale : pressions économiques + menaces d’attaques + offres de dialogue !

Dans un entretien exclusif à Politico et à Yahoo ! News, Rice a parlé de nouvelles sanctions (onusiennes et lointaines bien sûr), tout en laissant entendre que les Etats-Unis restaient ouvert au dialogue notamment avec les modérés du régime.

Elle a également affirmé que son pays ne pouvait pas empêcher Israël d’attaquer l’Iran, alors qu’il y a une semaine le Pentagone disputait sèchement les officiels israéliens qui avaient évoqué une attaque en les invitant à se contenter de leur système de défense anti-missile.

Parallèlement à ses solutions déjà-vu, Washington a demandé à son pion séparatiste Baloutche, le Jundallah, de faire un demi-geste d’apaisement en direction de Téhéran : ce groupe propose de déposer les armes en échange d’hypothétiques droits sociaux ou sinon il durcira ses attaques contre les Pasdaran.

Il y a deux jours, Téhéran a poussé son pion Moqtada Sadr à se dire prêt à déposer les armes afin de proposer la paix en Irak contre l’impunité pour le Hezbollah. Washington n’a pas aimé que l’Iran puisse avoir le dessus et lui dicter ce qu’il doit faire. Il tente de reprendre le dessus par une surenchère de menaces accompagnées d’une petite offre de dialogue.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG