Ce sont des répliques dans la partie d’échec que se livrent la république islamique d’Iran et les Etats-Unis. L’objet de cette partie est une entente et chacun veut imposer ses propres conditions en montrant qu’il a le dessus. Reprenons les évènements décrits ci-dessus, avec cette grille de lecture.

Quand Washington a évoqué l’ouverture d’une antenne diplomatique en Iran, il s’agissait de montrer qu’il pouvait sortir l’Iran de son isolement. Mais en agissant de la sorte, Washington prenait le dessus sur les mollahs (et ce dans plusieurs domaines), ces derniers ont refusé de donner une réponse précise à cette proposition. Entre temps la presse américaine a révélé le soutien de Washington aux groupes séparatistes iraniens. Normalement Téhéran aurait dû saisir l’occasion pour fustiger Washington, mais il n’a rien dit car ces révélations prouvaient entre autres l’impuissance du régime à faire respecter l’ordre et la sécurité dans ses frontières.

Après ces deux camouflets, Téhéran a surtout cherché à inverser les vapeurs et prendre le dessus pour se retrouver en position de force afin de pouvoir imposer ses conditions pour l’entente bilatérale irano-américaine.

Pour prendre le dessus, Téhéran s’est dit prêt à étudier l’ouverture d’une antenne diplomatique américaine en Iran car les mollahs ont compris que cette affaire était plus complexe que ne le disaient les américains. Il ne s’agissait pas d’un faveur pour briser l’isolement de Téhéran, mais d’un projet pour améliorer l’image de l’administration Bush en prouvant qu’elle était capable de grands gestes diplomatiques à la manière du tandem Nixon-Kissinger.

Les mollahs ont donc évoqué cette possibilité d’étudier l’ouverture d’une antenne diplomatique américaine en Iran afin de faire comprendre aux américains qu’ils détenaient la clef de cette victoire diplomatique qui effacera l’ardoise négative de l’administration Bush au grand bénéfice du candidat McCain.

Normalement, les Etats-Unis auraient dû sauter sur l’occasion pour mettre en place les modalités pragmatiques pour l’ouverture d’une antenne diplomatique américaine en Iran, mais l’objet de ces répliques au tac au tac n’est l’apaisement pour sortir de la crise : il s’agit uniquement de prendre le dessus sur l’adversaire pour lui imposer un deal contraignant.

Pour reprendre le dessus, les américains ont donc répliqué en évoquant l’option militaire afin de faire comprendre aux mollahs qu’ils n’ont rien à perdre et qu’ils peuvent aussi sous traiter via Israël.

Après cette réplique américaine, Téhéran a mis en chantier sa réponse qui utilise l’article du New-Yorker ! L’IRNA, l’agence de presse du régime, a annoncé l’arrestation de 10 espions dans le sud-est iranien à proximité de la frontière pakistanaise. On aurait saisi aussi sur eux des cartes des sites sensibles (ou vulnérables), des caméras ultra sophistiquées et 500,000 dollars en liquide.

La suite donnée à cette affaire dépendra de l’attitude de Washington. Il y aura sans doute un procès et en réponse Washington évoquera des violations des droits de l’homme, mais ni l’un ni l’autre n’abandonneront le projet d’ouverture d’une antenne diplomatique américaine à Téhéran, moyen de pression pour les mollahs et vitrine politique pour l’administration Bush. La partie continue.

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