Accueil > Photos > Iran en mai annonce un été sanglant




Iran en mai annonce un été sanglant

26.05.2022

Les Iraniens manifestent quotidiennement contre le régime. Dans toutes les villes. Parfois de manière très violente ou encore avec des slogans explicitement hostiles. Certains miliciens n’interviennent plus. D’autres ont fait usage de leurs armes et ont tué sans réussir à calmer cette nouvelle vague de contestation. Les mollahs sont en danger. Les États européens, alliés et vassaux des démocrates, qui ont aidé ces derniers à imposer ce régime à l’Iran et à la région ne parlent pas de tout cela. Point sur la situation.



L’Iran est en état d’insurrection, car les prix de tous les produits de base, dont le pain, ont récemment été multipliés par 3 puis par 7 ! Les mollahs vont même multiplier par 12 le prix du gaz et des carburants.

Cette situation est due au fait qu’ils sont sous sanctions, mais refusent tout compromis ou apaisement avec les Américains. Ils ne peuvent pas accepter l’apaisement, car ils devraient alors normaliser des relations avec Washington, cesser leurs activités terroristes et ouvrir le pays et l’espace politique à d’anciens complices islamistes, mais proaméricains (les Moudjahidines du peuple [1]). Leur survie dépend de leur refus d’ouverture et du maintien du terrorisme pour contre-attaquer. Ils le font davantage à mesure que les offres d’ouverture sont maintenues et renforcées.

Par ailleurs, dès leur accession au pouvoir, les mollahs ont opté pour la production du pétrole brut et ont abandonné la production de carburants et de toutes sortes de produits (y compris alimentaires), cassant l’autarcie accomplie sous le Shah, afin d’en acheter à plusieurs pays, dont ceux d’Europe, dans l’espoir de préserver leur soutien. Mais sous l’effet des sanctions, ils manquent de plus en plus de dollars pour importer ces produits comme les carburants et les produits alimentaires [2].

Depuis quelques années (sous Ahmadinejad), pour éviter la pénurie qui se solderait par de violentes révoltes potentiellement rapidement fatales à leur régime, ils ont eu l’idée peu brillante de brider la consommation par des salaires très bas et des prix de plus en plus forts. Mais ce choix a toujours généré des révoltes.

Ainsi, le régime a été confronté à une violente contestation en 2018-2019, avec des attaques contre les centres de pouvoir, dans chaque quartier de chaque ville (tactique proposée par le Prince Reza Pahlavi) et des slogans en faveur de ce dernier et du retour de la dynastie des Pahlavi, dont l’engagement pour l’Iran fait désormais l’unanimité par les Iraniens.

Mais malgré les coups infligés au régime et l’adhésion de nombreux miliciens, en l’absence d’un soutien international (sauf de la part de Trump), les gens ont perdu leur motivation et ont finalement abandonné la lutte en raison d’un hiver extrêmement violent.

Les mollahs ont aussi misé sur des chiffres élevés de mort par Covid pour contraindre les gens à ne pas se rassembler et manifester contre eux. Les faux opposants ont participé énergiquement à cette campagne, sans réussir à détourner les Iraniens de leur intention de manifester contre le régime. La contestation a repris avec la grève illimitée des ouvriers pétroliers, des routiers, des enseignants, des employés administratifs....

Il y a 6 mois, l’adhésion des agriculteurs d’Ispahan à la contestation en a attiré les attentions sur des dommages infligés à l’Iran par les mollahs. L’adhésion des habitants du sud à leurs agriculteurs et leur capacité commune à tenir tête aux miliciens du régime a relancé la contestation. Certains miliciens ont affiché ouvertement leur préférence pour le changement de régime les jours anniversaires du prince Reza Pahlavi et de son père.

Les mollahs ont diminué les salaires de tous leurs agents administratifs (des mairies, du pouvoir judiciaire et des prisons) pour préserver l’argent pour leurs miliciens sécuritaires afin d’empêcher la rupture de ces derniers. Les agents administratifs dont ceux des tribunaux et des prisons ont menacé de lâcher les prisonniers et cesser leurs participations à la répression.

Les mollahs incapables de reprendre le contrôle de leurs agents en Iran ont demandé de l’aide à Poutine, il les a humiliés et n’ont rien obtenu de sa part. Ils ont repris les négociations avec les Européens pour obtenir un gel des sanctions, mais ils n’y sont pas parvenus.

Leurs proches ont commencé à vendre des actions pour acheter des dollars et préparer leur fuite. Les mollahs ont augmenté le taux de dollar sur le marché parallèle et enfin, ils ont multiplié par 7 le prix du pain (principal aliment quotidien des Iraniens), mais aussi nombreux les prix d’autres produits de première nécessité ont été multiplié par 2 ou par 3.

PNG - 65.4 ko


© IRAN-RESIST.ORG

Le résultat a été une reprise immédiate et violente de la contestation notamment dans les régions qu’ils négligent (Khouzestan, Lorestan, Sistan-Balouchistan). Les gens ont immédiatement appliqué la tactique d’occupation de terrain, quartier par quartier et ont pu prendre le contrôle dans les petites villes comme Izeh et ont pu sérieusement perturber les villes moyennes comme Kazeroun.

Le régime a drastiquement réduit la vitesse de connexion à Internet qui est en temps normal très basse, empêchant les révoltés d’envoyer des vidéos de leurs actions vers l’étranger. Dans certaines régions, il a aussi coupé l’accès à What’s App. Les gens ont envoyé des témoignages avec des photos et ont réduit la durée de leurs vidéos de leurs manifestatons hostiles au régime [3] pour faciliter leur expédition vers l’étranger. Même si cela prend parfois quelques jours, les images font état de la détermination des Iraniens et de la déroute des miliciens encore fidèles au régime.

Golpayegan (Ispahan) : Iran sans Roi est sans Loi.


© IRAN-RESIST.ORG

Kazerun : les miliciens ont été attaqués et mis en fuite par les jeunes.


© IRAN-RESIST.ORG

Aligudarz : les miliciens venus surveiller les participants à l’enterrement de deux personnes tuées lors des manifestations de la veille ont été attaqués par les personnes endeuillées. On leur a tiré dessus. Ils ont pris la fuite.
© IRAN-RESIST.ORG

Aligudarz : le soir même, une fille brûle le portrait de Khamenei.


© IRAN-RESIST.ORG

Écriture de « Mort à Khamenei » en plein jour à Téhéran.


© IRAN-RESIST.ORG

PNG - 197.7 ko
Incendie du centre du clergé dans la zone Bakhtiari et à Ispahan.


© IRAN-RESIST.ORG

La tactique de l’insurrection à l’échelle des quartiers (dans plusieurs villes en même temps) a, cependantpour seul défaut de ne pas pouvoir vaciller la très grande ville qu’est Téhéran. Mais l’adhésion des employés de transports en commun de la capitale, d’abord les bus puis le métro [4], a créé les conditions d’une révolte à Téhéran.

PNG - 366.7 ko


© IRAN-RESIST.ORG

Le régime a manqué de troupes et évoqué un des pics de pollution à Téhéran pour empêcher les manifestations à son encontre (alors qu’avec la grève des transports la pollution est en baisse). De plus, un habitant de Téhéran a signalé qu’il avait plus pendant plus jours et qu’il y avait eu beaucoup de vent et de fait, l’air était très propre.

PNG - 71.3 ko


© IRAN-RESIST.ORG

En parallèle, les faux opposants ont lancé des témoignages faisant état d’une forte répression, avec des vidéos assez longues de déplacement de policiers, puis ont évoqué des morts par balle, mais il n’y a aucune image de ces victimes. Il pourrait s’agir d’intox dissuasive.

Le régime va mal. On en a plusieurs preuves comme des krachs boursiers, de nouvelles hausses de prix comme la multiplication très prochaine par 12 du prix du gaz de la ville afin de limiter sa consommation et le garder pour les besoins électriques des services de sécurité du régime.

PNG - 68 ko
PNG - 248.1 ko
PNG - 248.8 ko
PNG - 265.7 ko


© IRAN-RESIST.ORG

Les démocrates US craignant la chute du régime (qu’ils ont engendré) et la victoire du peuple iranien malgré l’absence de tout soutien international ont grondé mollement les mollahs sans les sanctionner davantage. Puis Mike Pompeo qui n’est pas un allié de Trump, car candidat contre lui pour les républicains) aux prochaines présidentielles, est parti en Albanie à la rencontre de Moudjahidines du peuple (islamistes en apparences gauchistes), choix de Washington en 1979, pour démoraliser les Iraniens et insinuer qu’il n’y aurait jamais aucun soutien américain républicain à leur vœu de changement en faveur des Pahlavi.

JPEG - 53.3 ko


© IRAN-RESIST.ORG

Les mollahs ont réactivé tous leurs faux opposants [5] (comme le milicien Manouchehr Bakhtiari, ex-membre de la milice anti-kurde) avec des scénarios de grève de la faim afin que les slogans aillent en leur faveur et non changement de régime. Le prince Reza Pahlavi [6], conforme à sa ligne d’action de soutien à tous les opposants, n’a pas dénoncé les fausses grèves de la faim, mais a appelé les faux opposants soi-disant en grève de la faim à cesser leur action en affirmant qu’ils seront en danger de mort et cela profiterait seulement aux mollahs.

PNG - 209.9 ko


© IRAN-RESIST.ORG

Les Iraniens n’ont pas été démoralisés par Pompeo ; ils ont insisté sur leur rejet du régime islamique en incendiant d’autres centres islamiques iraniens. Ils n’ont également pas été perturbés par les faux opposants, car ils ont réaffirmé avec force leur attachement à la royauté iranienne en scandant pour la première fois le slogan Javid Shah (vive le Roi = Vive la Royauté).

© IRAN-RESIST.ORG


© IRAN-RESIST.ORG

Les Iraniens ont enfin, franchi un pas dans la lutte contre le régime en abattant Fakher Shirzad, le commandant kurde d’une base de Bassadij (milice anti-émeute) dans un village à proximité d’Ourmieh (Rezayieh) [7]. Le régime n’a pas tenté de venger le défunt et a zappé sa mort en oubliant de préciser sa fonction et en affirmant qu’il s’agissait d’un assassinat pour l’honneur (il aurait couché avec la femme de quelqu’un).

PNG - 359.5 ko
PNG - 528.6 ko


© IRAN-RESIST.ORG

Dans ce contexte explosive, il y a quelques jours, dans un tweet, nous avions signalé cet état insurrectionnel irrépressible en Iran. Le tweet a disparu au bout de 3 jours et dans le même temps l’AFP a fait état des mêmes hausses de prix, mais en insistant sur la manifestation de centaines de personnes pour l’annulation des hausses.

PNG - 44.2 ko


© IRAN-RESIST.ORG

La France a fait ce choix car elle espère sauver le régime (qu’elle a engendré) en privant les Iraniens de tout soutien international. Elle a agi ainsi depuis 2017 sans réussir à tuer la contestation iranienne. Les seuls à en souffrir seront les investisseurs français encouragés à miser sur un régime en difficulté [8].

PNG - 67.7 ko
PNG - 30.1 ko


© IRAN-RESIST.ORG

La France est d’autant plus ridicule que même le média démocrate financier de Bloomberg a signalé la contestation en Iran, cependant sans évoquer les slogans pro-Royauté, les remplaçant par des slogans uniquement contre le dernier président (Raïssi, prenant ainsi l’option d’un certain soutien aux Iraniens qui pourraient réussir à renverser le régime en persistant courageusement dans la contestation malgré l’absence de tout soutien international.

PNG - 274.5 ko


© IRAN-RESIST.ORG

Après cette publication, les mollahs ont éliminé le milicien Hassan Sayad-Khodayi [9], le principal agent terroriste actif en Syrie et qui avait participé à l’attentat contre les diplomates israéliens en Inde, pour signaler à Washington qu’ils pourraient baisser les activités malfaisantes du régime sans pour autant entrer dans un deal (apaisement+ouverture) qui lui serait fatale.

JPEG - 74.2 ko
JPEG - 30.4 ko


© IRAN-RESIST.ORG

L’assassinat a été perpétré dans une zone ultra sécurisée de Téhéran et par deux motards, forcément des miliciens car les seuls à avoir le droit d’avoir des motos en Iran.

Malheureusement pour les mollahs, Israël [10], allié permanent des démocrates, s’est attribué la responsabilité de l’assassinat et permis à Washington de ne pas changer son approche vis-à-vis des mollahs. Les opposants se sont plaints de cette intervention israélienne qui fausse les cartes et aide les mollahs à se poser en victime de terrorisme, ils ont rappelé la face cachée de cet assassinat et ont appelé les miliciens terroristes au service des mollahs à rompre et aider le peuple avant d’être sacrifiés par leurs chefs enturbannés.

L’appel a été entendu, car un milicien connu pour avoir tiré sur des manifestants à Ahwaz a été abattu devant chez lui ! Un autre milicien de la région de Sistan-Balouchestan a été tué dans cette région. Un commandant de la même région a été tué devant chez lui à Mazadaran où il était en vacances [11] [12].

© IRAN-RESIST.ORG

PNG - 154.3 ko
PNG - 204.9 ko


© IRAN-RESIST.ORG

En résumé, on a un régime qui n’a plus de dollars. Ses dirigeants et leurs affairistes, qui avaient placé des capitaux chez leur camarade démocrate Zelensky, ne peuvent les récupérer, pour s’enfuir avec leurs magots. Dans leur fuite en avant d’une solution sans aucun compromis, ils ont fait le choix de durcir la limitation de la consommation des ménages les plus pauvres (soit 95 % de la population) et aussi de limiter l’accès de leurs proches paniqués à leurs réserves de dollars en augmentant sans cesse son taux. Ils ont exacerbé les hostilités à leur encontre. Désespérés par leurs échecs et leur isolement sur la scène internationale, ils ont renoué avec choix catastrophique d’éliminer des collaborateurs encombrants et ont semé le doute chez leurs cerbères et sans doute provoquer la rupture de certains d’entre eux, derniers défenseurs de leur forteresse ébranlée par leurs mauvais choix et les hardiesses du peuple iranien. Ce mois de mai, les mollahs ont lancé des opérations qui s’avèrent suicidaires pour leur régime.

La France peut leur proposer un deal et ils pourraient l’accepter pour gagner du temps, mais sans les vrais compromis et des vrais dollars. Le deal étant basé nécessairement par la fin de leur terrorisme, ce deal risque de provoquer la rupture décisive des soldats qui seront exposés à l’arrestation et la mort par la justice internationale. L’offre de deal risque d’aggraver leur situation. On pourrait assister à un été incontestablement bien mouvementé voire sanglant pour les mollahs, leurs complices Iraniens ou étrangers.

© IRAN-RESIST.ORG

[8Les mensonges de l’AFP ont aussi dupé le chroniqueur anti-conformiste Olivier Demeulenaere, car il a fait le jeu de la France en diffusant une annonce des mollahs faisant état d’émission d’une carte de rationnement sur une identité biométrique. C’est une vaste blague, car en dehors d’être dépassé actuellement face aux manifestations, le régime n’a aucun moyen informatique pour réaliser ces cartes et équiper les commerçants de lecteurs pour détecter les fausses cartes.