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Iran : Ça craque enfin !

06.07.2021

Les ouvriers des secteurs clefs de l’économie iranienne, le pétrole, l’électricité, l’acier sont en grève illimitée depuis 17 jours [1], car leurs salaires sont inférieurs au quart du niveau du seuil de pauvreté absolue ! Leur grève s’est renforcée par l’adhésion des ouvriers d’autres secteurs et les miliciens de base qui sont dans la même situation de pauvreté. Les ouvriers du pétrole viennent d’annoncer leurs revendications pour l’ensemble des ouvriers iraniens. C’est une vraie déclaration de guerre aux mollahs qui a déjà fait craquer le régime des mollahs.



Le samedi 3 juillet, les ouvriers grévistes du secteur pétrolier ont publié leur quatrième résolution qui est une longue liste de 9 revendications ou exigences qui sont toutes irréalisables avec les mollahs au pouvoir, et de fait signifient que le mouvement va continuer pour paralyser ces derniers et les renverser.

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Saillie n°1 | Des salaires supérieurs à 12 millions de tomans, c’est-à-dire, au moins 10 fois de leur valeur actuelle ! En fait, aucune augmentation n’est envisageable pour les mollahs, car ils sont déficitaires en commerce extérieur.

La balance de l’économie des mollahs a été négative : en moyenne d’environ -30 milliards de dollars par an avant 2010. La Coface avait même mis en garde les investisseurs français en 2008 à ce sujet. Depuis, il y a moins de déficits, non parce que les mollahs ont mieux géré les affaires, mais parce que de moins en moins de pays leur font crédit...

La première raison de ce déficit durable est la vente de pétrole ou les produits pétroliers à des prix très inférieurs à ceux des autres pays de l’OPEP. Les comptes du régime restent aussi déficitaires [2] même en remplaçant les vrais revenus pétroliers par des revenus totalement fantaisistes, car inspirés des ventes au prix du baril sur le marché de Londres (qui est un marché de spéculation et d’achat de pétrole).

La seconde raison est de faire des importations inutilement coûteuses pour acheter des soutiens politiques à l’étranger et des dessous de table en dollars qui ont conduit à la faillite des producteurs locaux, la perte des millions d’emploi s l’annihilation de toute possibilité d’autosuffisance pour le pays. On peut aussi ajouter la suppression du planning familial qui a conduit à une forte augmentation fulgurante de la population pour disposer d’une grande armée islamique.

Très rapidement après la révolution islamique, les réserves d’argent laissées par l’administration royale ont fondu et ce quadruple choix désastreux des exportations bradées, de hausses des importations, de la production sacrifiée et d’augmentation de la population a conduit à un déficit irréversible et grandissant. Les mollahs ont rapidement été incapables d’approvisionner les marchés alimentaires. Ils ont opté pour une gestion des stocks, les réservant pour eux-mêmes et leurs proches collaborateurs grâce à de très bons salaires et en excluant les 99 % restant de la population d’accès à la consommation grâce à très bas salaires de plus en plus faibles.

Aujourd’hui, par la faute des déficits cumulés au cours des années et les sanctions adoptées par Trump, il y a de moins en moins de ressources en dollars, donc de moins en moins de produits importés pour les privilégiés dont le nombre a sans cesse augmenté. La kleptocratie ressemble à un gros panda qui aurait épuisé ses ressources alimentaires.

Toute augmentation de salaire (augmentation de pouvoir d’achat pour tous) conduirait à l’effondrement du peu à consommer, donc à des pénuries de tout pour tous. Les ouvriers à peine payés ne pourraient consommer, ils se révolteraient. Les privilégiés, membres de la kleptocratie au pouvoir, seraient aussi affamés, mais en danger, ils tourneraient le dos au régime pour sauver leur vie. Celui-ci s’effondrerait en moins d’un mois.

Les mollahs ne peuvent même pas ménager les révoltes en promettant une petite hausse sans conséquence sur la consommation. Les ouvriers ne l’ont pas d’ailleurs demandée. Ils ont formulé leur ras-le-bol pour réveiller tous les mécontents et leur faire comprendre qu’ils sont la majorité et peuvent changer la donne. C’est pour cela que leurs revendications ont été vues comme une déclaration de guerre à la misère et ceux qui l’imposent au peuple et ont fédéré d’autres travailleurs, d’autres Iraniens. [3]

Saillie n°2 | Paiement des salaires sans retard. En fait, des centaines de milliers d’ouvriers ou d’employés iraniens ont plusieurs mois voire d’années de salaires en retard. Ce second point signifie que les ouvriers ne sont pas dupes que le régime pourrait accepter par ruse leurs revendications et finalement reporter les paies. Ils annulent par avance cette option. C’est une réponse à Rohani qui avait évoqué la résolution prochaine des revendications de salaires sans donner aucune date.

Saillie n°3 | Hausse des conditions de sécurité et d’hygiène des lieux de travail. En fait, les employeurs liés au régime n’appliquent aucune norme mondiale en vigueur. Pour se conformer, il faudrait qu’ils dépensent et ils ne le feront pas. C’est une autre excuse pour les ouvriers de continuer leur mouvement de grève pour paralyser les mollahs, faire fuir leurs alliés afin de les renverser.

Saillie n°4 | Exigence de 10 jours de repos après 20 jours de travail. Encore une condition inacceptable pour les mollahs.

Saillie n°5 | Réembauche de tous les ouvriers (grévistes) licenciés. Idem.

Saillie n°6 | Transformation de tous contrats d’intérim en CDI et la suppression des sociétés d’intérim, car elles ont été créées par le régime pour se dispenser de contracter des CDI et pour maintenir les ouvriers dans un état de précarité pour qu’ils acceptent n’importe quel salaire.

Saillie n°7 | Annulation des lois particulières permettant aux employeurs de n’appliquer aucune règle dans les territoires qualifiées de zones commerciales spéciales. Encore une invention des mollahs pour favoriser leurs revenus.

Saillie n°8 | Accès au logement, la sécurité sociale et l’enseignement gratuit pour tout le monde. C’est là une autre déclaration de guerre aux mollahs et aussi une préférence pour avant la révolution islamique, car le Shah avait réalisé cette triple attente populaire au lieu de baser son pouvoir sur des armes ou les nantis de l’époque.

Saillie n°9 | Droit à la grève et à la création des associations. Idem.

Pour résumer, il n’y a eu aucune revendication que les mollahs puissent réaliser ou avoir envie de réaliser. On leur a demandé l’impossible  : on leur a déclaré la guerre.

Cette déclaration de guerre a été possible grâce aux résultats déjà obtenus par la grève générale et aussi grâce à plusieurs adhésions fortes à cette mobilisation.

Tout d’abord, il y a déjà très peu de carburants disponibles (ci-dessous à Mahabad - Kurdistan iranien) et les mollahs et leurs proches manquent de moyens énergétiques pour alimenter leurs autos, leurs groupes électrogènes pour sécuriser les domaines clos où se trouvent leurs logements.
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De plus, il y a quelques jours, les conducteurs de semi-remorques ont aussi rejoint le mouvement juste avant la déclaration pour annuler les livraisons de produits alimentaires ou de carburants stockés près des frontières vers Téhéran ! Le régime a tenté de les intimider et rassurer les siens par une vidéo soi-disant bienveillante évoquant la présence de mouchards parmi eux, mais ils n’ont pas flanché. Les routiers actifs à Téhéran et ses environs ont confirmé leur engagement par écrit pour rappeler le siège de la capitale.

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Par ailleurs, depuis quelques jours, les boulangeries de l’ensemble du pays ont diminué leur activité quotidienne à 2 h par manque de farine (ou à ce prétexte) pour priver de pain les privilégiés et inviter la crise à leur foyer.

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Les chefs (communistes) des syndicats des ouvriers pétroliers du Pakistan(pays persanophone géopolitiquement proche des Anglais) ont aussi apporté leur soutien aux grévistes, excluant tout envoi de main d’œuvre persanophone en Iran pour aider les mollahs.
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Samedi après la publication de la présente déclaration (de guerre) des grévistes et leurs associés, les mollahs n’ont pas réagi afin de minimiser sa portée. Ils espéraient un geste des Européens, fans de principaux bénéficiaires du pétrole ou autres produits iraniens à prix bradés. Les Européens sont restés impassibles ! Ils ne se sont pas précipités pour alléger les sanctions des mollahs ou affirmer leur soutien en rappelant leur envie d’investir en Iran.

Les proches du régime ont conclu que le système n’avait aucun intérêt pour les Étrangers s’ils devaient lui accorder de vrais revenus. Les proches du régime ont craint que l’UE saisisse aussi leurs comptes européens pour compenser la perte de ses investissements en Iran.

Ils ont paniqué et ont commencé à vendre des actions (reçues par leur fidélité) afin de récolter des devises ou des Bitcoins et s’enfuir. Les mollahs leur ont offert de quoi acheter près de 200 millions de dollars en devises sans augmenter les taux de change pour qu’ils ne tournent pas le dos au régime.

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Les mollahs et les chefs Pasdaran devaient aussi dénouer la crise. N’étant pas en mesure d’accepter les exigences des grévistes, ils ont seulement donné mission à Ahmadinejad [4] de se présenter comme le défenseur du peuple en se focalisant sur le manque de légitimité électorale du nouveau président pour substituer des revendications politiques aux revendications économiques.

Très mauvais choix, car les grévistes n’ont pas abandonné leur lutte. De nouveaux corps de métiers du secteur pétrolier ont rejoint la guerre contre le régime. Le nombre des sites en grève est passé de 73 à 82. Enfin, de nombreux fonctionnaires ont manifesté sous le label "Campagne 1400" [5] des ouvriers pétroliers ou en adoptant leurs revendications fédératrices pour afficher leur soutien à leur lutte contre le régime.

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Par ailleurs une vidéo ancienne a circulait sur les réseaux sociaux rappelant le rejet catégorique de la notion du patriotisme par Khomeiny puis par Ahmadinejad pour souligner l’attachement de ce dernier au régime islamique. La diffusion de cette vidéo a rappelé la rébellion des miliciens de renseignements et de la presse du régime et a donné du courage aux grévistes.

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Dimanche, les Bazaris de Téhéran, grands alliés des mollahs depuis 1860, artisans de la révolution islamique, mais victimes de la kleptocratie au pouvoir depuis, ont dépassé leurs craintes provoquées par un récent incendie punitif ordonné par les mollahs, et ont adhéré sans préavis à la lutte.

Les Bazaris ont ainsi bloqué par surprise tout échange dans la capitale notamment des achats d’or et de devises, pour amplifier la panique des privilégiés du régime afin de les pousser à retirer leurs fonds des banques et mener les mollahs à la banqueroute.

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Les mollahs ont d’abord nié le problème en affimrant qu’ils avaient ordonné cette fermeture par peur d’une nouvelle vague de Covid.

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Ils ont aussi tenté de calmer la panique en abreuvant les paniqués à la bourse, mais devant l’ampleur de la panique, ils ont dû improviser.

Craignant de perdre pied, ils ont coupé l’électricité dans toute la ville dès midi pour bloquer les antennes de transmission des portables et bloquer les transmissions par ordinateur pour bloquer les achats online, les transferts d’argent des privilégiés vers les pays du Golfe Persique, mais aussi pour empêcher l’achat de Bitcoins, dernière valeur refuge de leur régime et enfin, pour éviter la coordination d’une attaque des affairistes en colère contre leurs banques car cela avait vraiment ébranlé leur régime il y a deux ans. Cette coupure a dû certainement griller aussi les serveurs informatiques de leurs amis affairistes ! Elle a aussi provoqué des morts dans les hôpitaux qui sont réservés aux privilégiés en raison des prix des soins sous le régime des mollahs.
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Dans la nuit, la colère des habitants de Téhéran, dont les privilégiés du régime, s’est amplifiée en constatant que le mausolée de Khomeiny restait éclairé à 100 % comme d’habitude (sans doute pour empêcher une action populaire contre ce site qui symbolise le régime, mais par les dépenses engagées inutilement symbolise aussi sa corruption).

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Plus tard, une fuite (par les miliciens rebelles des renseignements) a révélé que la coupure n’avait pas touché les fermes d’extraction de Bitcoins des chefs Pasdaran. Les dirigeants du régime étaient en train de se remplir les poches en vue d’une fuite en laissant leurs collaborateurs ripoux seuls face à la colère du peuple !

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La nuit a été remplie notamment par le slogan décisif :
Marg bar Jomhouri Eslami !
Mort à la République islamique !

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On ne l’espérait pas si tôt...
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En conclusion, au cours des deux derniers jours, sous la pression de l’amplification de la lutte, le régime est entré en détresse. Les mollahs et les chefs Pasdaran ont fait un choix idiot d’imposer une mesure extrême sans prendre en compte les intérêts de leurs collaborateurs affairistes. Ils ont ainsi brisé l’équilibre précaire qu’ils privilégiaient depuis des décennies. Ils ont sacrifié des proches dans la pure logique de leur méthode de gestion « moi d’abord ». Ils ont déprimé leurs proches et divisé leur régime de manière irréversible.

Les grévistes ont donc pu craquer le système au bout de 17 jours grâce à leur détermination et la pertinence de leurs revendications fédératrices.

À présent, le régime doit reculer pour apaiser les proches qu’il a sacrifiés hier, mais il n’a pas assez de dollars pour y parvenir. Il ne peut que se montrer irascible avec eux. Ils vont le lui faire payer cher. Bientôt, ça va craquer de partout !

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