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Iran : La semaine en images n°188 25.09.2011 Au cours du dernier mois, lors du Ramadan, les mosquées iraniennes sont restées totalement vides alors que le régime dispose officiellement de 500,000 Pasdaran ou Bassidjis, 80,000 membres engagés dans le clergé. Les mosquées vides sont devenues la preuve que le peuple tout entier rejette le système islamique, le régime se résume désormais à ses 130 dirigeants, les 20,000 membres de leurs familles qui monopolisent les affaires et un nombre restreint d’agents de terrain (pas assez pour surveiller les 130 membres de la caste dirigeante et leurs associés tout en remplissant les mosquées pour sauver les apparences). Le boycott des mosquées a permis de révéler la vulnérabilité du régime. Ses (20,000) associés affairistes ont commencé à prendre leur distance. Ils pouvaient fuir le pays, aller vers le peuple ou encore pactiser avec Washington qui sanctionne le pays depuis des années pour obtenir un transfert des pouvoirs vers ses propres pions islamistes. Face à cette triple menace, la caste dirigeante a d’abord choisi de faire des annonces sécuritaires pour intimider ses adversaires et rassurer ses associés. Mais l’absence de déploiement du peu d’agents dont il dispose a fait tomber à l’eau sa propagande. La caste dirigeante a arrêté cette propagande et s’est mise à menacer Washington d’une guerre régionale contre ses alliés pour l’amener à reculer afin d’éliminer une des menaces qui pèsent sur elle. Washington a esquivé les provocations pour rester dans sa logique de guerre d’usure économique. La caste dirigeante a dû arrêter ses provocations pour ne pas mettre en valeur son impuissance à résoudre ses problèmes de cette manière. Il y a deux semaines, elle a alors décidé d’organiser une agitation politique sur un thème écologique fédérateur pour prendre la direction du soulèvement désormais possible tout en infiltrant l’opposition naissante pour reconnaître et éliminer ses meneurs. Le peuple a boycotté cette agitation téléguidée. Le régime est alors revenu à la provocation guerrière, mais la chute d’un avion avait remis en cause sa capacité de frappe. En conséquence, la semaine dernière, la caste dirigeante s’est repliée sur le thème sécuritaire avec l’annonce effrayante de plusieurs pendaisons collectives et une pendaison publique (une manière d’augmenter la pression sans devoir déployer des troupes qu’il ne commande plus). La semaine dernière, la caste dirigeante avait également annoncé l’organisation d’une conférence islamiste à Téhéran pour mettre aussi en valeur ses liens avec des mouvements islamistes régionaux afin d’insinuer une forte capacité d’action déstabilisante régionale. Enfin, elle avait aussi annoncé l’organisation de rassemblements insinuant l’existence de réserves de partisans à tous niveaux, en particulier chez les civils de province ou au sein de l’armée et des Pasdaran. Les images de la semaine dernière nous ont montré l’infondé de ces annonces. Cette semaine, le jeudi 22 septembre, le régime devait célébrer la journée de l’armée. Il était clair qu’on allait voir le manque d’engagement en sa faveur, ses insinuations rassurantes allaient tomber à l’eau et ses associés allaient encore paniquer. Par ailleurs, un opposant lié à Washington, « Oghab Iran » ou Aigle de l’Iran, avait appelé le peuple à se soulever le vendredi 23 septembre à 19 heures pour parvenir à chasser une partie des dirigeants et former un « nouveau gouvernement » (forcément islamique). La proposition ne pouvait pas plaire au peuple, mais elle était assez claire pour encourager le plus grand nombre possible des associés du régime à changer de camps. Cette proposition pouvait encourager des désistements et entraîner un effondrement interne. De fait, cette semaine, le grand souci du régime était, encore une fois, ses derniers alliés paniqués, ses maillons faibles qui sont tentés par la fuite ou le changement de camp. En réponse, le régime devait se montrer plus intimidant ou plus complaisant. Il a privilégié une voie médiane basée sur des annonces, comme des « pendaisons publiques applaudies par la foule de ses sympathisants », pour insinuer l’existence de réserves de sympathisants civils tout aussi bien en province qu’à Téhéran, afin de rassurer ses alliés et démoraliser ses adversaires. Les images de la semaine nous révéleront l’infondé de ces insinuations et mettront en valeur le contraire. Les derniers évènements survenus en Iran... | Il y a une semaine, après l’échec du projet d’une (fausse) agitation politique pour infiltrer l’opposition anti-islamique interne et les ratés des manœuvres voulues par le régime, les associés affairistes du régime avaient paniqué. Ils s’étaient rués vers le marché de l’or et du dollar pour préparer leur fuite. Le dollar avait fait un bond énorme pour atteindre un taux record. Le régime avait alors tenté de les rassurer en alignant le plus grand nombre d’officiels à l’inauguration de la conférence sur le Réveil de l’islam, la doctrine conquérante des Frères Musulmans. La conférence des symboles | Il y avait là Khamenei, le guide suprême, Ahmadinejad, le président, deux personnages médiatiquement en vue mais constitutionnellement dépourvus de pouvoirs officiels, mais il y avait aussi Ali Larijani, Sadegh Larijani et Ali-Akbar Velayati, 3 membres du Conseil de Discernement, organe plénipotentiaire qui décide toutes les orientations du pays dans tous les domaines. Ces trois là n’étaient pas choisis au hasard parmi les 23 membres à vie de ce Conseil : grâce à l’appui de Sadegh Larijani qui détient le pouvoir judiciaire, Ali Larijani peut être considéré comme le vrai patron du Conseil de Discernement et donc le patron politique du régime.
Quant à Velayati, il est le représentant de Rafsandjani (fondateur du Conseil de discernement, ex-patron politique du régime et du terrorisme, aujourd’hui écarté par Larijani). Velayati qui fait aussi office de négociateur plénipotentiaire du régime et aussi de contact avec les groupes terroristes était présent comme organisateur et aussi comme le symbole du soutien de Rafsandjani à Larijani, malgré la lutte impitoyable qui les oppose.
Pour éviter de déplaire aux invités sans impliquer les dirigeants haut placés, Salehi le ministre des affaires étrangères issu du clan Rafsandjani a dû faire acte de présence. Les invités les plus connus sur le plan international n’ont pas apprécié ce traitement au rabais et ont quitté le pays dès le premier jour avant la fin de l’événement prévue pour dimanche soir. Le régime a dû inventer des événements périphériques, comme des ateliers de discussions nécessitant peu de participants (la 4ème photo), afin d’expliquer des absences qui pouvaient à leur tour être interprétées comme le lâchage des terroristes qui ont longtemps garanti les intérêts du régime.
Le lundi 20 septembre, le régime a définitivement tourné cette page de menace terroriste en annonçant une grande conférence de presse d’Ali Larijani. On ne sait ce qu’il y a dit ! De fait, on peut conclure qu’il s’agissait uniquement de changer de sujet ou encore de montrer que le chef était là !
Dans ce cas précis, la décision a été seulement jumelée avec le départ d’Ahmadinejad à New York pour l’assemblée générale de l’ONU afin que le représentant du régime puisse utiliser cette libération comme une preuve de bienveillance et de modération du régime. Ce même lundi, le régime a aussi joué la carte de la bienveillance avec ses associés tentés par la rupture en enterrant une fausse affaire de détournement qu’il avait inventée pour se donner les moyens de punir les candidats à la fuite : la somme détournée a été divisée par deux et le chef du pouvoir judiciaire s’est dit convaincu que les poursuites n’étaient pas nécessaires. Enfin ce lundi 20 septembre, à défaut de pouvoir utiliser l’arme de l’intimidation contre les siens ou l’arme de la menace terroriste contre Washington, dans le cadre de son approche au coup par coup, le régime s’est focalisé sur une propagande destinée à intimider et démoraliser le peuple. Acte 1, lundi même : puisqu’il souffre du rejet des Pasdaran et surtout des Bassidjis (très jeunes miliciens qui ont été les premiers à le lâcher dès 2008), le régime a parlé d’une « grande fête populaire dans l’est du pays après la réalisation par le Bassidj d’un gigantesque chantier de liaison de ce secteur au réseau national d’eau courante ». Cette annonce évoquant l’adhésion de nouveaux jeunes dans une région qui s’est distinguée par son opposition au régime était de nature à faire douter et déprimer les opposants et aussi capable de donner de l’espoir aux collaborateurs paniqués du régime.
Mardi (21 septembre), à deux jours de son défilé militaire voué à un boycott, le régime était face à un nouveau désaveu interne. Sa passivité face à l’appel de l’Aigle de l’Iran en direction de ses associés l’affaiblissait aussi également. Sa fausse annonce d’adhésion de jeunes au Bassidj l’avait ridiculisé, le régime a trouvé une solution à tous ses problèmes en annonçant une « pendaison publique très applaudie » par les habitants de Téhéran pour insinuer qu’il avait des sympathisants dans chaque rue de sa plus grande ville et qu’il était ainsi capable de contenir et même de punir tous ses adversaires voire ses associés indécis.
Ce mardi matin, il a amélioré sa présentation. Pour l’exécution d’un déséquilibré qui avait tué un médecin en septembre 2010, il devait diffuser des images montrant ses centaines de spectateurs. Les photos nous montrent une présence presque nulle et une rue vide entre les jambes des spectateurs du premier rang ! Il n’y avait pas de seconde rangée de spectateurs !
Cette fois, le régime a exécuté un frêle jeune homme de 17 ans accusé de l’assassinat de Rouhollah Dasdashi, l’homme le plus fort de l’Iran et il a parlé de la présence d’une foule impressionnante. Cela était plausible car récemment des centaines d’hommes forts, amis et condisciples de Dadashi, s’étaient réunis à Téhéran pour le pleurer et exiger la mort pour ses assassins.
Il a alors parlé du grand succès de la « Fête des Bourgeons » qui célèbre l’entrée, sur la décision de leurs parents, de très jeunes enfants chez les Bassidjis. Avec le facteur intergénérationnel, le régime améliorait l’insinuation de l’existence des réserves permanentes de soutien à son égard. Les photos de l’événement montraient un spectacle bien en dessous du communiqué avec bien peu de « bourgeons » pour annoncer un nouveau printemps pour le régime.
Pour évoquer un soutien impossible à prouver, il a parlé d’un autre chantier du Bassidj au service du peuple. Les photos illustrant la nouvelle nous montrent une mise en scène improvisée sur un chantier abandonné car les charpentes sont rouillées et il n’y a aucune réserve de parpaings. Les hommes présents ont par ailleurs dépassé l’âge d’appartenir à la milice Bassidj…
Le régime avait gâché les occasions pour se montrer fort, il devait se rattraper dans la mise en scène de la journée de l’armée, un domaine où il excelle grâce à la diffusion des images d’archives. Jeudi, dès les premières heures, les médias ont été submergés d’images d’un défilé impressionnant sur le site isolé et discret du mausolée de Khomeiny situé à quelques kilomètres de Téhéran. Il y avait un seul défaut : sur les images, le ciel était bleu, les visages très contrastés et les ombres très longues et distinctes alors que ce jeudi, le ciel de Téhéran était gris et la lumière bien fadasse.
En parvenant à faire admettre des images d’archives comme la preuve de l’existence de troupes fidèles capables de le sauver, le régime a augmenté sa capacité d’intimider la rue, ses associés ont été rassurés, le marché de l’or a continué à augmenter mais seulement de 1% au lieu de 10 à 12% lors des journées de panique. Le régime a immédiatement crié victoire en annonçant une baisse de l’or pour tromper les acheteurs et encourager la baisse. Vendredi| est un jour férié en Iran, mais le régime ne chôme pas car il doit organiser la Prière de Vendredi dont le taux de participation est un indice de confiance interne des collaborateurs vis-à-vis du régime. Ces dernières semaines, le régime a été confronté à un fort boycott de la Prière de Vendredi, il avait tout d’abord renoncé à diffuser des images des lieux avant de revenir avec un cocktail d’images et de vidéos d’zchives. Cette semaine, il n’a diffusé aucune image. Cela arrive quand le remplissage est presque nul. Sa seule décision majeure a été d’annoncer une nouvelle baisse de l’or et du dollar pour encourager le marché à baisser au lieu de paniquer et monter dès samedi ! En ce samedi 24 septembre (début d’une nouvelle semaine de crise pour le régime), on attendait aussi de voir ce qui arriverait à l’Aigle de l’Iran, nous avions tablé sur un échec de cet homme qui ne propose rien de vraiment excitant pour les Iraniens. Ce pronostic (plutôt facile) s’est réalisé, aucun Iranien n’a manifesté en sa faveur. L’Aigle très bavard jusque-là et ses assistants médiatiques encore plus prolixes ont perdu l’usage de la parole ! L’échec de ces oiseaux américains a confirmé le rejet des projets de réforme du système islamique par les opposants de l’intérieur et leur attachement à un changement de régime. En conséquence, la semaine a commencé dans la nervosité avec une nouvelle hausse de l’or et du dollar alors que les spécialistes du régime tablaient sur une baisse après avoir passé avec succès l’étape à risque de la journée de l’armée. En raison de cette hausse (qui a continué ce dimanche), le régime s’est retrouvé dans un processus de panique chez ses associés, il devait revenir à une politique d’intimidation vis-à-vis du peuple pour rassurer ses partisans qu’il peut se maintenir en place et ainsi assurer leurs intérêts. On s’attendait à revoir les images de « pendaisons publiques (soi-disant) applaudies par des milliers de ses sympathisants », mais le régime n’a rien annoncé de tel. Ces derniers partisans ne souhaitant sans doute pas s’afficher comme le complice de ses derniers crimes. En lieu et place d’une « pendaison applaudie par des milliers de ses sympathisants », le régime a évoqué la mobilisation de milliers de ses sympathisants pour une cérémonie d’enterrement des restes de deux soldats morts pendant la guerre Iran-Irak qui a été voulue et plébiscitée par le régime malgré sa destruction tant humaine que matérielle. Par ce geste d’adhésion à un fait monstrueux de son histoire, le régime a donné une valeur fanatique à ses derniers partisans qui sont chaque jour moins nombreux. Il a évidemment diffusé des dizaines d’images de ces milliers de participants, mais elles ne nous ont pas impressionnés car il y a des incohérences dans les tailles des participants ou sur la planéité du sol : donc des interventions hâtives et ratées des artistes retoucheurs du régime.
Encore plus fort, après cette propagande ratée, le régime a diffusé des images montrant ses troupes d’élites anti-terroristes en action comme pour dire attention « j’ai ce qu’il faut ». Le défaut de ces images est la couleur très bleue du ciel, cela n’a pas pu avoir lieu cette semaine. Il s’agit encore d’images d’archives ! Ces messieurs que l’on voit ici ont peut-être (comme leurs camarades de la Brigade Qods) déjà rompu avec le régime et ce dernier continue à les exhiber comme des tueurs robotisés à ses services.
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