Iran : La semaine en images n°159 06.03.2011 Cette semaine, pour la 4ème fois depuis le boycott de l’anniversaire de la révolution par les Iraniens, l’opposition officielle avait appelé ces derniers à lui manifester leur soutien pour se poser comme la seule issue légitime à la contestation du régime. Mais, le jour J, le mardi 1er mars, l’invitation a été boycottée par les Iraniens car ils ne veulent pas un changement d’hommes, mais un changement de régime. Le calme des rues était aussi la preuve que même les derniers partisans actifs du régime ne croient plus à cette solution et à la viabilité du régime. Mardi, le régime a été ainsi ébranlé ; mercredi, il a repris ses annonces de pendaison pour intimider les Iraniens qui le narguent, mais aussi ses propres partisans qui seraient tentés par la fuite. Il a aussi annoncé un grand rassemblement autour d’Ahmadinejad dans une grande ville du pays pour faire état d’une importante réserve de sympathisants. Avant de reprendre la promotion de cette opposition officielle et impopulaire via ses faux dissidents basés à l’étranger comme s’il était sûr de l’insuccès de cette fausse opposition. Par l’intermédiaire de son ministre des affaires étrangères, Salehi, le régime a aussi tenté de renouer avec la provocation nucléaire pour pousser l’Occident à l’attaquer afin d’invoquer la menace extérieure et regagner le soutien des Iraniens. Voici les images des zigzags désespérés d’un régime à la dérive. Il y a une semaine, le régime était dans la même situation. Moussavi et Karroubi, les chefs de l’opposition officielle avaient appelé les Iraniens à lui manifester leur soutien, mais le peuple n’avait pas donné suite à leur demande car ces deux hommes ne sont pas des opposants puisqu’ils siègent au Conseil de Discernement, le véritable centre de décision plénipotentiaire qui décide toutes les orientations du régime dans tous les domaines. Ce troisième échec en trois semaines avait provoqué une diminution du nombre de ses partisans actifs au point qu’il n’avait pu remplir le terrain de foot qui sert depuis 30 ans de lieu pour la Prière du Vendredi. Nous avions terminé notre précédente édition de la semaine en images sur cette constatation réjouissante, mais aussi des images montrant une altercation survenue samedi dernier entre Rafsandjani, l’ancien patron du régime et Larijani, l’actuel patron politique du régime, lors de la réunion hebdomadaire du Conseil de Discernement. Cette tension au sein du véritable gouvernement du régime, puis la focalisation du régime sur la promotion de l’opposition officielle issue de cet organe divisé ont été immédiatement ressenties comme la preuve d’un défaut de direction et donc, d’un prochain effondrement du système. Le même jour, samedi dernier avant le début d’une nouvelle phase de la promotion de la fausse opposition qui est incapable de sauver le régime, les Iraniens nantis ont pris d’assaut les banques pour retirer leur argent afin de le convertir en or ! Mais pas n’importe quel or : uniquement des pièces anciennes, c’est-à-dire du temps du Shah (valeur sûre) car tout le monde sait que le régime a toujours émis des pièces d’aspect doré ! Il n’existe malheureusement aucune image de cette ruée vers l’or de samedi après-midi, mais dimanche matin, pour calmer les esprits, le régime a annoncé la découverte de plusieurs mines d’or dans plusieurs régions iraniennes !
Puis, comme d’habitude, face au mécontentement, les dirigeants du régime se sont cachés pour ne prendre aucune position publique afin de ne pas envenimer la situation et ont focalisé leurs efforts sur la promotion absurde de l’opposition officielle qui veut participer à la contestation pour dévoyer les demandes ou encore amortir la chute du régime et de ses responsables. Par un hasard heureux, ce dimanche, Larijani, véritable responsable de ce choix absurde, devait recevoir les responsables de la fondation Khomeiny pour une rencontre de routine : il a donc été photographié ! On voit clairement qu’il est ailleurs, soucieux, impatient !
Lundi matin, le régime était sûr et certain du succès de son plan. Un média proche des Pasdaran a laissé courir la rumeur de l’arrestation de chefs de l’opposition officielle afin d’associer le rassemblement programmé à cette « mauvaise nouvelle ». Ces dispositions pour tromper les Iraniens ont redonné le sourire aux membres du Conseil de Discernement et aux ministres comme le confirment ces photos montrant plusieurs d’entre eux à l’enterrement d’un éminent islamiste qui enseignait la charia à l’université de Téhéran ! Ces photos sont d’autant plus intéressantes que cette semaine était marquée par la mort du gendre de Khomeiny.
Lundi vers minuit, le régime a démenti l’arrestation et les proches des deux chefs de l’opposition officielle ont fait des déclarations contradictoires laissant supposer que les deux hommes n’étaient pas arrêtés, mais chez eux. C’était le signe d’un doute du régime à propos du succès de son plan. Dans notre article, nous avions évoqué un doute lié au boycott du foot par le peuple en raison de la précipitation des joueurs dans la promotion de l’opposition officielle. Mais nous avions tort, le changement de ton était lié à un fait plus terre-à-terre : l’eau ! En fait, lundi soir, il s’est mis tout d’un coup à pleuvoir et la météo a annoncé une journée de pluie pour le mardi : une véritable catastrophe car le régime ne possède dans ses archives datant de la contestation de l’été 2009 aucune vidéo de manifestation sous la pluie ! Le plan des mollahs tricheurs a été stoppé par Dieu en personne ! Mardi matin, il pleuvait encore plus à Téhéran. En l’absence d’images, le régime ne pouvait pas parler de « manifestations destinées à libérer » Moussavi et Karroubi, il a annoncé que les deux hommes étaient à leur domicile. Mais le temps s’est apaisé en début d’après-midi, la pluie a cessé, le ciel s’est dégagé : le régime pouvait diffuser des bouts d’images d’archives. On a alors eu droit à un démenti à propos de l’annonce précédente sur la liberté de Moussavi et Karroubi, puis immédiatement, des récits de rassemblements et d’affrontements et les premières vidéos retravaillées en attendant le rassemblement de facto des jeunes aux abords de la place Azadi.
Hélas, cette victoire du peuple sur le régime n’a eu aucun écho en Europe, partenaire économique du régime. L’Europe a même prétendu que les Iraniens avaient massivement manifesté en faveur de l’opposition officielle pro-mollahs afin que l’opinion publique occidentale ne soutienne pas la résistance passive des Iraniens au régime. De même, Washington, qui a besoin d’un allié islamiste en Iran pour agiter l’Asie Centrale et la région musulmane de la Chine, a boycotté le boycott du système islamique par les Iraniens. Dès le lendemain, le mercredi 2 mars, tous les responsables occidentaux sont montés au créneau pour défendre l’opposition officielle afin d’aider leur partenaire à la dérive, ce que le régime a apprécié en réactivant les lobbyistes attitrés de sa fausse opposition islamiste : Shirin Ebadi et son ami Abdol Karim Lahidji, le responsable du FIDH, un des 5 rédacteurs de la constitution de la république islamique. Ebadi a reparlé de l’arrestation des deux faux opposants liés au régime et Lahidji a demandé à l’ONU de créer une commission pour aider ces deux tricheurs alors qu’en tant que membres du Conseil de Discernement, ils ont depuis donné leur accord à tous les attentats et les exécutions perpétrées par le régime depuis des années. Vraiment, ce mercredi, on a atteint le comble du cynisme et de la bassesse. Ce mercredi, un peu plus tard, on est tombé plus bas encore car le régime a réuni ses procureurs les plus antipathiques pour intimider le peuple, mais aussi ses propres partisans tentés par la fuite, et en guise d’échantillon, il a annoncé plus de 15 pendaisons.
Ce même mercredi, le régime a annoncé qu’Ahmadinejad avait été accueilli par des dizaines de milliers de gens à Khorram-Abad, une ville très religieuse dans l’est du pays. A la suite de cette annonce, le régime a publié des photos d’une foule immense, dont voici un exemple, afin d’insinuer des réserves de partisans en dehors des grandes villes et ainsi semer le doute dans les esprits de ceux qui le voient comme fini.
Jeudi, le régime a annoncé le début d’une vente exceptionnelle et à prix sacrifié de lingots d’or de la banque centrale, preuve que la ruée vers l’or continuait malgré l’absence d’information sur le sujet. La vente, vue comme une concession, ne pouvait que confirmer la peur du régime. Le régime a alors annoncé une visite de 6 heures du Guide Suprême au Ministère des Renseignements pour saluer ses employés chargés de surveiller la population. Le régime a ainsi insinué qu’il avait du répondant sur le plan sécuritaire. Mais en regardant attentivement les photos de la Visite du Guide, nous n’avons vu aucun sourire et aucune vue générale de la salle depuis le podium : il y avait là un petit nombre d’éléments fidèles dans la salle. Peut-être que ce ministère a été touché par la désertion et le régime tentait de cacher cet affaiblissement tout en intimidant ses adversaires. La semaine a été vraiment un zigzag fatigant pour le régime.
Mais cette fois aussi, la salle était petite et surtout remplie de gens valides et haut placés de la division 27 comme les commandants Shamkhani, Mohtasham, Mojtaba Asgari, Gharib, Ghassemi, Kossari, Ghalibaf… © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Vendredi, le régime, à bout de force et de solution, a tenté d’imposer ses vues via deux initiatives par l’intermédiaire de ses lobbyistes basés en France. La première initiative du régime a été de légitimer son opposition officielle sur la scène internationale par une intervention d’Ardeshir Amir-Arjomand, le porte-parole de cette fausse opposition en Europe, sur la section française d’Euronews.
Vendredi soir, après ce comportement inattendu et alarmant, le régime a organisé un nouveau rassemblement en l’honneur des martyrs de la 27ème Division dans une plus grande salle. Cette fois, on a vu les mêmes vieux commandants accompagnés de leurs enfants pour remplir la place vacante des jeunes Pasdaran.
Etant donné qu’actuellement les Américains parlent de leur intention de sortir les Moudjahiddines du peuple de leur liste des groupes terroristes pour leur confier la direction de leur opposition officielle aux mollahs, on peut parler d’une proposition d’entente acceptable d’où le sourire retrouvé de Larijani avant et après son discours controversé pour les gens du régime.
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Panique au sommet : la banque centrale a annoncé qu’elle prolongeait la vente exceptionnelle de ses lingots d’or pendant une période de 15 jours ! En sommes, le régime qui prend le risque de provoquer un soulèvement pour recycler ses dirigeants en opposants a pris le risque de vider ses comptes pour éviter la faillite financière. Il est condamné. Larijani a encore perdu le sourire (ici lors d’une rencontre de routine avec les footballeurs de sa ville). Encore deux zigzags ratés, il sautera entraînant l’implosion du système. Notre chance est que ses amis ne peuvent pas le dégager, la décision paniquera la base. Tout repose sur lui. Il le sait : c’est lui le joker du régime. C’est lourd à porter.
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