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Iran : Karroubi, le martyr répétitif !
03.09.2010

Il y a deux jours, les médias ont rapporté que Mehdi Karroubi, « chef de l’opposition iranienne », avait été malmené par les bassidjis. Puis, hier, on a dit que sa maison avait été saccagée. Il est important de rappeler que Karroubi est partisan du régime et défend l’ensemble de ses politiques, il n’est de ce fait pas un opposant, mais un membre haut placé du pouvoir présenté comme un opposant pour simuler l’existence d’une lutte interne en faveur de la démocratie. Mais étant du même avis que le pouvoir, Karroubi n’a pas une vraie actualité politique. Son actualité se résume à des rumeurs d’attaques physiques contre sa personne. Ainsi, tout au long de l’année dernière, on avait également parlé des attaques contre lui, son auto ou sa maison.



Personne n’a plus le décompte des (soi-disant) attaques contre Karroubi et les autres membres de l’opposition d’opérette du régime nommé le Mouvement Vert. Ils sont souvent « attaqués » car le régime a besoin de les mettre en avant alors qu’ils n’ont aucune critique à formuler sur les diverses politiques du régime. L’attaque est censée prouver qu’ils sont différents des autres, mais aussi leur fournir un sujet de débat indépendant du nucléaire ou les droits de l’homme.

Cette approche a été inspirée par l’arrestation surmédiatisée qui a été le principal outil de promotion des réformateurs qui ne proposaient aucune réforme.

Ces premiers soi-disant opposants du régime ont fait leur apparition en 1995 car c’est durant cette année que Washington a commencé à sanctionner les mollahs tout en leur proposant une réconciliation bilatérale en vue d’une entente stratégique. Les mollahs ont tout de suite compris qu’à l’issue de la réconciliation, ils devaient autoriser les pions (islamistes) de Washington à participer à la vie politique de leur régime. Washington allait transformer le régime de l’intérieur dans le sens de ses intérêts. Pour ne pas prendre le contrôle de leur régime, les mollahs ont vite inventé des faux opposants appelés « réformateurs » qui assumaient toutes les politiques du régime et n’envisageaient qu’une réforme : l’application des principes de base de Khomeiny. Etant donné que ces réformateurs étaient là pour dévoyer le projet américain ou le débat sur l’évolution du régime et n’avaient rien à dire, ils auraient vite été inefficaces. Téhéran a alors imaginé l’arrestation surmédiatisée.

Pendant des années, le régime a arrêté des quasi inconnus. Depuis leur cellule, ils clamaient alors leur innocence et se disaient victimes de leur projet de réforme. A l’extérieur, d’autres réclamaient le soutien des ONG internationales. On rapportait soudain des nouvelles de la détérioration de leur état de santé. Les ONG occidentales financées par des grandes puissances volaient alors à leur secours et en l’espace de quelque mois, elles transformaient avec l’aide du régime, des islamistes avec des passés accablants en héros de la résistance. Reconnus mondialement pour leurs qualités humaines et politiques, ces soi-disant héros de la résistance étaient alors libérés et quittaient le pays avec un passeport du régime pour faire des conférences sur leurs visions de réforme.

Etant donné que l’arrestation surmédiatisée avait rendu d’énormes services au régime et aux animateurs du show réformiste, au début du lancement du Mouvement Vert qui est animé par les mêmes gens, le régime a évoqué l’arrestation de Moussavi, plus celle de Karroubi, afin d’appliquer le même modèle efficace et déjà bien rôdé de promotion. Sa première tentative a été l’annonce de la séquestration de Moussavi dans ses bureaux pendant plusieurs heures. Tout allait bien, Téhéran était satisfait de la médiatisation de l’affaire en Occident, mais il y a eu un problème : dans l’article consacré à ce fait, nous avons fait remarquer que cette sorte d’arrestation n’avait donné lieu à aucune mobilisation populaire alors que Moussavi est censé avoir recueilli 20 millions de votes. Le régime a alors renoncé au projet d’arrêter Moussavi et Karroubi afin de ne pas attirer l’attention de l’opinion occidentale sur leur impopularité d’autant plus que les deux hommes sont également incapables de mobiliser la rue sur leur invitation.

Le régime a alors mis en l’accent sur des « attaques contre leur personne, leurs autos ou leurs locaux visant à empêcher la mobilisation autour de deux hommes » ! Des attaques censées empêcher une mobilisation inexistante : c’est fort malin.

Ces attaques censées expliquer l’absence de mobilisation ont systématiquement lieu avant un appel à la mobilisation lancé par Moussavi ou Karroubi, dans leur rôle de chefs de l’opposition.

C’est le cas de cette présente attaque puisqu’elle a eu lieu à la veille de la mobilisation demandée par Karroubi pendant la Journée de Qods, journée très islamiste de soutien au projet de destruction d’Israël par le Hezbollah. Cela cherche à mobiliser la foule lors d’une date fondamentale pour la révolution islamique afin de renforcer le régime, mais aussi pour islamiser la contestation existante. L’année dernière, à la même époque, ce même Karroubi avait lancé un appel similaire à la mobilisation, puis il avait également évoqué « des pressions visant à l’empêcher de joindre ses partisans » afin d’expliquer l’échec de son appel à la mobilisation nationale. Les mollahs ne changent pas les bonnes recettes. Sacrés tricheurs !

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Pour en savoir + :
- Iran : La "Révolution Verte", deuxième prise !
- (5 juin 2010)

Pour en savoir + :
- Iran : Les difficultés de Moussavi et Karroubi
- (11 JUIN 2010)

| Mots Clefs | Mollahs & co : Karroubi |

| Mots Clefs | Réformateurs & faux dissidents : Le Mouvement Vert |

| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |

| Mots Clefs | Resistance : Boycott (du régime ou du Mouvement Vert) |