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Iran : Une guerre sous-marine éclair
10.08.2010

Washington a besoin d’une entente avec les mollahs, mais ces derniers ne peuvent pas accepter car ils perdraient le soutien de la rue arabe à leurs milices. En réponse, Washington sanctionne les mollahs pour les affaiblir et les forcer à accepter. Les mollahs qui ne s’estiment pas assez puissants d’un point de vue économique pour résister font tout pour provoquer une escalade afin que la perspective d’une guerre menaçant l’approvisionnement pétrolier dissuade les Américains. Ces derniers esquivent les provocations de Téhéran pour éviter toute escalade et continuer leur guerre d’usure économique. Pour neutraliser cette esquive, Téhéran exhibe régulièrement des armes capables de couler des pétroliers. Il y a exactement 5 mois, il avait fait état de la fabrication d’un très puissant missile sol mer, cette fois, il a annoncé la mise en service de « 4 sous-marins furtifs ».



Le dimanche 8 août 2010, régime des mollahs a annoncé le lancement de 4 nouveaux mini sous-marins de type Ghadir construits en Iran. Il a précisé que désormais il disposait de 11 engins de ce type conçu pour des attaques en eau peu profonde insinuant une capacité accrue de frapper des pétroliers dans le golfe Persique. La précision que ces sous-marins (dérivés du sous-marin nord-coréen Yono) sont fabriqués en Iran insinue également que les mollahs ont les moyens d’augmenter leur flotte donc leur force de frappe.

La réalité est un peu moins rose. Il y a du vrai, mais aussi beaucoup d’exagération. Tout d’abord ce mini sous-marin (29 m x 2,75 m) n’est pas furtif, mais le moyen d’attaque le plus discret de la marine iranienne. Il est aussi handicapé par son moteur diesel-électrique qui a une autonomie de quelques dizaines d’heures et ne lui permet pas de se déplacer au-delà de 15 kmh (8 nœuds). Selon notre spécialiste en armement, le Ghadir peut néanmoins surprendre ses cibles en rusant : de « s’il stationne au fond de l’eau, moteur éteint, se reposant uniquement sur ses batteries pour ses petits déplacements, il est indétectable. Il peut alors rester en planque pendant 7 à 10 jours avant de tirer ses torpilles contre une cible de son choix ».
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C’est ainsi qu’ont opéré les Nord-Coréens pour couler la corvette Cheoan bien que cette dernière soit spécialisée dans la lutte anti-sous-marine (ASM).

Mais le Ghadir ne dispose que de 2 torpilles et « dès qu’il les tirera, il sera détecté par tout navire situé à des dizaines de kilomètres à la ronde avec une précision de l’ordre d’une centaine de mètres. Les avions et bâtiments spécialisés dans la lutte ASM vont converger sur les lieux. Le mini sous-marin et ses 6 membres de l’équipage sont alors condamnés en raison de la lenteur de l’engin et son absence de défense. La durée de sa survie n’excédera pas 15 minutes ». C’est pourquoi on appelle ce type de submersibles des engins « sacrificiables ».

De fait, Téhéran a une certaine force de frappe, mais c’est une force jetable. On peut aussi parler d’une force éphémère car après une première attaque, les bâtiments occidentaux qui patrouillent dans la région seront en état d’alerte, ce qui réduira l’effet de surprise. La guerre maritime des mollahs risque donc de durer 10 jours et quelques minutes. Ce sera une guerre éclair, mais à l’insu de l’attaquant !

Pour sa première et unique attaque, Téhéran peut couler plusieurs pétroliers ou tenter un tir groupé de tous ses mini sous-marins contre un porte-avions américain. Si ses torpilles tirées de manière coordonnée (difficile en toute discrétion) traversent la barrière des chiens de garde ASM du porte-avions (frégates, hélicos, sous-marins d’attaque…), le régime pourrait couler un porte-avions ou du moins le rendre inopérant. Quelle que soit sa réussite et dans tous les cas de figures, le régime signerait son arrêt de mort. De fait on peut considérer la force de frappe sous-marine des mollahs comme une pure intimidation, le dernier moyen en date pour provoquer une escalade guerrière dissuasive.

La réponse de Washington qui veut éviter toute escalade est tombée quelques heures après l’annonce du lancement des 4 sous-marins iraniens. Pour rester dans la logique d’apaisement, Washington a encore proposé le dialogue. Dans le même temps, pour rester dans sa logique de guerre d’usure économique, il a torpillé les espoirs des mollahs en confisquant les avoirs de Persia International Bank, la petite sœur d’European-Iranian Trade Bank, basée à Dubaï. Et enfin, il a donné le coup de grâce en renvoyant la prochaine rencontre des Six pour parler de l’Iran à début octobre, ce qui signifie un prolongement de 3 mois de sa guerre d’usure économique contre les mollahs. C’est le principe même de l’embuscade, on tire sans sommation. C’est ce que devraient faire les mollahs s’ils étaient sérieux, mais ils ne le feront pas car d’une part, ils ne sont pas sérieux et ont peur des conséquences et d’autre part, ils risquent de ne pas trouver 66 volontaires suicidaires pour leur frappe sous-marine éphémère.
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Pour en savoir + sur l’objectif de la marine des mollahs
- Iran : NASR 1 ou le retour de la guerre des pétroliers
- (8 mars 2010)

Contexte de cette provocation
- Iran : Deux ou trois avertissements américains en douce
- (7 AOÛT 2010)

| Mots Clefs | Instituions : Puissance militaire des mollahs |
| Mots Clefs | Institutions : Provocations |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Nucléaire : Crise & Escalade |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Golfe Persique |