![]() | |
Iran : Procès, pendaisons et pipeline… 22.06.2010 Abdolmalek Riggi, le chef du Jundallah, a été exécuté à l’issue de son procès. Dans ces cas-là, on a généralement des articles sur la personne exécutée, son parcours, ses motivations et surtout sur son procès. Mais il n’y a eu rien de tel à propos de Riggi. Les quelques articles qui ont été publiés se sont focalisés sur les circonstances de son arrestation, mais ils ne se sont guère exprimés sur ses exploits et ils ont surtout évité toute analyse géopolitique de ses actes. Peut-être a-t-on estimé que l’on avait trop parlé du sujet puisque depuis hier, il y a un nettoyage : il n’existe désormais que 3 ou 4 articles ou devrait-on dire 3 ou 4 dépêches à propos de l’exécution de Riggi sur Google.news et Yahoo.news ! Ces petits articles se ressemblent tous. Le Jundallah semble être un sujet tabou ! | Décodages | Le Jundallah, groupe armé islamiste sunnite et séparatiste baloutche, s’était fait connaître en 2006 avec la sanglante attaque d’un convoi des Pasdaran dans l’Est du pays en capturant sur la route déserte de Tassouki 29 responsables nationaux et régionaux qui ont été alignés à genoux, tués d’une balle dans la nuque (ci-dessous). Après ce coup, le groupe s’est réfugié au Pakistan.
Téhéran n’a pas été dupe. Il n’a jamais accusé le Pakistan ou les Kurdes irakiens. Il a officiellement accusé les Etats-Unis d’apporter leur soutien logistique et financier au Jundallah. Il est indispensable de préciser que grâce à des attaques conjointes et permanentes de Jundallah et de Pajak, Washington aurait pu facilement déborder les Pasdaran pour renverser les mollahs, mais il ne l’a pas fait car son objectif n’était pas de renverser les mollahs, mais de les intimider pour les pousser à devenir ses alliés régionaux. Le Jundallah a été une menace pour forcer Téhéran à accepter la main tendue par Obama. Mais ce qui est ironique est que les mollahs qui par peur d’une perte du soutien de la rue arabe ne peuvent pas accepter un apaisement avec le protecteur d’Israël ont inlassablement utilisé cette menace molle du Jundallah pour accuser Washington de terrorisme afin d’avoir une raison valable de refuser le dialogue. Washington qui a absolument besoin de cette entente pour étendre sa mainmise sur les réserves pétrolières mondiales a même fini par livrer les responsables du Jundallah aux mollahs : d’abord le frère du chef du Jundallah et quelques-uns de ses lieutenants, puis le chef lui-même. Téhéran a exécuté les lieutenants et il a gardé les deux frères en réserve. Quand Washington a envoyé la Turquie et le Brésil à Téhéran pour arracher un compromis aux mollahs afin d’ouvrir la porte du dialogue, Téhéran a organisé le procès du frère du chef du Jundallah. Il a diffusé les images des tueries fournies par le groupe aux médias arabes pro-américains. L’accusé a expliqué comment il avait été contacté et recruté par Washington, comment ce dernier lui fournissait l’argent et les armes, mais aussi les ordres. Puis, Téhéran a exécuté l’accusé. Téhéran s’est ainsi donné les moyens de fermer la porte ouverte par Erdogan et Lula. Mais ce procès qui a fait la une des quotidiens iraniens n’a eu aucun retentissement en Occident. Téhéran a été privé de son argument. Le régime a de nouveau tenté sa chance avec Abdolmalek Riggi à un moment où Washington a encore tenté le dialogue en autorisant le Pakistan à signer l’accord définitif pour la construction du pipeline Iran à Pakistan, un tube qui lui permettra d’acheter 30 millions de mètres cube de gaz par jour à l’Iran pour une valeur de 3 millions de dollars par jour. Ce projet date de 1990 et il a sans cesse été autorisé puis interdit par Washington. Alors que selon les sanctions américaines de la loi d’Amato de 1996, il ne peut en aucun cas être autorisé, ce projet est depuis longtemps le plus important moyen de pression sur Téhéran car il n’est pas une sanction mais une promesse d’investissement dans un pays privé de tout investissement. Cette fois, Washington a cessé les autorisations implicites ou floues en faisant intervenir Richard Holbrooke, son envoyé spécial pour l’Afghanistan et le Pakistan, pour affirmer que le Pakistan était un pays indépendant et que les États-Unis ne nourrissaient aucune inquiétude quant à ce projet ! Pile à ce moment, Téhéran a organisé le procès d’Abdolmalek Riggi (ci-dessous) : il a diffusé les images des tueries, l’accusé a expliqué comment il avait été contacté et recruté avant de marcher vers la potence.
La France qui avait récemment proposé un dialogue direct à Téhéran s’est distinguée dans cette entreprise notamment en faisant dire à Stéphane Dudoignon [1], spécialiste des minorités iraniennes, que cela avait un lien avec le Mouvement Vert et Moussavi (qui a la cote au Quai d’Orsay) alors qu’en février 2010 au moment de l’arrestation d’Abdolmalek Riggi, ce même Dudoignon avait clairement parlé de liens avec Washington. Visiblement, la France est revenue dans le sillage de Washington. Cela a été bien noté par les mollahs… © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Téhéran qui n’entend pas accepter l’apaisement proposé et ne peut donc espérer la finalisation de cet accord a alors décidé de le dénoncer lui-même par un texte d’un proche collaborateur de Moussavi, le faux opposant qui plait au Quai d’Orsay. Ce proche collaborateur de Moussavi a accusé Ahmadinejad d’avoir signé un accord humiliant sur la base d’un prix très bas, un accord que l’Iran ne pourrait pas annuler car il a été signé dans l’ambassade au Pakistan d’un Etat étranger hostile à la république islamique d’Iran (?!!) : le contrat est de ce fait soumis à la loi de ce méchant pays. Manque de chance pour le Quai d’Orsay, ce méchant Etat est la France ! Ce bon Moussavi qui lui plait tant accuse la France d’avoir humilié la république islamique d’Iran, ce qui exclut tout dialogue avec ce pays !
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement (US) | | Mots Clefs | Terrorismes : Jundallah |
| Mots Clefs | Pays : Pakistan |
[1] Les déclarations de S. Dudoignon à propos de l’exécution de Riggi
|