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Iran : Binoche pour la grandeur du cinéma et tout le reste...
22.05.2010

Juliette Binoche a pleuré devant les caméras pour Jafar Panahi, « un cinéaste emprisonné en Iran ». Pourtant, Panahi n’a jamais dénoncé la moindre lapidation, la moindre pendaison de mineurs. Jafar Panahi est ce que les Iraniens appellent un faux opposant : quelqu’un que le régime veut faire passer pour un opposant afin qu’il usurpe la place des vrais opposants. Il va sans dire que le faux opposant ne veut pas d’un changement de régime. D’ailleurs, ce Panahi l’a récemment dit dans une lettre écrite du fond de sa cellule d’isolement en Iran ! L’annonce a révolté notre ancien collaborateur Ardeshir Babakian car « la lettre écrite du fond d’une cellule d’isolement » est une des étapes de la procédure de victimisation scénarisée pour fabriquer un faux opposant. Il a décidé de lancer un appel à Juliette Binoche et la grande famille de cinéma.



« C’est pour la grandeur du cinéma, la perception du metteur en scène, l’histoire qui m’a profondément émue… » Et l’on est prié de croire cette affirmation récurrente (ou les autres du même style ampoulé) que nous servent les acteurs et actrices !

« La grandeur du cinéma et tout le reste... », mais aussi manger et payer les arriérés d’impôts, mais ça on ne le dit pas, exactement comme lorsqu’un acteur vient faire la promo d’un film pour qu’il se vende en rajoutant qu’il n’est pas là pour faire de la publicité, mais qu’il faut absolument voir le film pour s’imprégner de son atmosphère ! (Atmosphère, atmosphère, est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ?)…

Et comme nos mollahs et leurs dociles passeurs de plats (conscients ou non) savent utiliser toutes les ficelles du cinéma, une occasion comme le festival de Cannes ne se refuse pas ! Pensez donc, un parterre de journalistes toujours prêts à s’enflammer pour une cause plus ou moins humanitaire à laquelle ils sont bien souvent étrangers et incapables de la comprendre, mais qui fera vendre du papier…, des spectateurs qui vont se donner bonne conscience et se la jouer intellectuel « aware », un sous ministre d’une culture qui pourra parler d’autre chose que d’un cinéaste retenu pour ses frasques sexuelles passées… Bref tout pour plaire et comme le cinéma est un monde de faux-semblants, quoi de mieux pour les mollahs de Téhéran qui sont passés maîtres dans l’art de faire des scénarios tous plus abracadabrantesques les uns que les autres, d’ailleurs, ne dit-on pas « bonimenteur comme un mollah » ?

Prenez le cas de Kiarostami qu’on nous a déjà servi en 1997…, il lui était soi-disant interdit par le régime de venir à Cannes, alors qu’il était de toutes les manifestations prétendument culturelles de Téhéran, il était arrivé à temps pour le Palmarès sous l’oeil humide d’une actrice à la larme facile ! La grande Catherine Deneuve qui ne saura rien de tout ça… Et comme souvent à Cannes un prix récompensera un cinéaste iranien ou son film, on nous servira le couplet de ses difficultés à le faire, mais on oubliera que pour le sortir d’Iran, c’est muni d’un bon visa d’Ershad (la police politico-culturelle, organe de censure du gouvernement) qu’il pourra le faire…, car au final, le film permettra de donner une image d’un Iran qui respire malgré tout et où la répression serait somme toute moins pesante que celle que nous décrivons. Oubliés les vrais opposants du monde du cinéma iranien qui ne sortiront jamais d’Iran, ni même de leur cellule et qui ne verront jamais leur oeuvre finie, diffusée et primée !

Le bon cinéaste iranien validé en douce par le régime et qui va pouvoir finalement déambuler sur les pontons des bords de la Méditerranée aura fait une grève de la faim dans des conditions terribles, mais on arrivera quand même à nous envoyer une photo fort convenable de lui dans sa prison, rasé de près après une arrestation humiliante devant sa famille ! RSF y sera allé de son intervention, de son communiqué, il se trouvera même des personnes pour nous mettre en ligne sur le net une pétition réclamant sa sortie ! De quoi nous faire penser aux scénarios pour promouvoir des ex-tortionnaires comme Gandji et Sazgara (et autres) qui une fois accueillis dans des pays comme l’Allemagne ou bien les Etats-Unis feront un lobbying intelligent pour le régime de Téhéran en expliquant à qui veut l’entendre qu’il ne faut pas prendre de sanctions, mais discuter avec ce régime... Remarquez qu’on a vu dans l’Histoire des personnages discuter avec Hitler et dont les aventures ont donné un nombre incroyable de films.... Peut-être que ceci expliquerait cela !

Souvenez-vous du cas Ossanlou, syndicaliste torturé à qui le régime aurait coupé la moitié de sa langue et qui sortant de prison et avec une langue bien pendue se permit de faire un long prêche du haut de son tabouret, on aurait pu voir à sa place un mollah louant les vertus de Mahomet qu’on n’aurait pas fait la différence. Remarquez qu’on est prêt à en voir d’autres encore et que les journaux occidentaux sont prêts à nous relater des histoires chaque fois plus dignes d’un film de série Z monté par les mollahs, après tout n’a-t-on pas lu dans ces journaux avant la révolution islamique que l’Iran d’alors rôtissait les mollahs opposants et que les geôliers les mangeaient ?

On a ainsi vu Juliette Binoche aller en Iran sous son foulard et dûment chaperonnée par son ami Kiarostami ! On a envoyé un message à l’agent de Deneuve, il y a quelques années, on attend encore leur réponse… On se doute qu’il va en être de même si on écrivait à tant d’autres qui font de même ! Il faut bien manger et les actrices semblent avoir un solide appétit expliquant pourquoi au mépris d’une conscience politique ou sociale elles font en fait le jeu des mollahs !

Mais le cinéma est une grande famille à ce qu’on nous dit… Alors peut-être que la famille du cinéma français devrait employer un peu plus ces dames afin qu’elles soient payées pour faire autre chose que servir de faire-valoir à des cinéastes tricheurs qui servent les mollahs.


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Pour en savoir + sur Panahi :
- Iran : Les habits neufs de l’Empereur Jafar !
- (20 avril 2010)

article complémentaire à lire :
- Iran : Cannes et le réseau « Persépolis »
- (24 mai 2007)

Un cinéma engagé à l’iranienne :
- Iran : de la relativité au service des femmes !
- (5 octobre 2006)

Un cinéma engagé à l’iranienne (2) :
- Iran : 3 films officiels sur le soulèvement iranien
- (26 août 2009)

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