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Iran : Cannes, Prix Spécial d’un Jury encore plus spécial
25.05.2009

Le jury de la sélection « Un certain regard » du Festival de Cannes a décerné un Prix Spécial à « On ne sait rien des chats persans » de Bahman Ghobadi. Ainsi, Cannes a encore récompensé un cinéaste iranien bénéficiant d’un passeport du régime des mollahs pour voyager à travers le monde pour donner une image édulcorée de la répression en Iran.



C’est une mauvaise nouvelle quand un festival de film donne un prix à un film produit en Iran qui entend édulcorer la situation des droits de l’homme dans ce pays en la réduisant à un manque d’accès à la musique ! Actuellement, on pend des mineurs en Iran : le souci d’un jeune ne peut être de jouer sa musique sans essayer d’alerter le monde sur cette situation. Or, c’est ce qu’ont fait cette semaine Bahman Ghobadi et ses jeunes acteurs (aux looks branchés).

Cela fait des années que Cannes participe activement au lancement de la carrière médiatique de cinéastes venus d’Iran et qui ont ce même discours précis. Le premier d’entre eux a été Kiarostami qui a reçu le prix du meilleur film dans la catégorie « Un certain regard ». C’est en 2007 que nous nous sommes penchés sur le cas de Cannes, étant certains que le festival récompenserait Marjane Satrapi dont les propos ou les écrits tranchaient avec son image médiatique d’auteur qui dénonce les mollahs.

Nos soupçons étaient fondés puisque que Cannes a attribué le « Prix du jury ex-aequo » à Marjane Satrapi qui dans sa vie n’avait jamais dénoncé une seule pendaison de mineur ou encore une seule lapidation et en plus passait son temps sur la croisette pour relativiser la situation des droits de l’homme en Iran : par exemple, elle répétait en permanence que l’Iran est un pays comme les autres, que « les mollahs ne sont pas des talibans » !

« Iran, un pays comme les autres » est aussi le message assumé de Ghobadi dont les jeunes acteurs ont comme seul souci de liberté de jouer de la musique, en l’occurrence un rap musulman non politisé qui ne dénonce pas le régime.

Il n’est pas concevable qu’un jury accepte ce genre de comportement ou des films dont le propos est de ne rien dénoncer alors que la presse grouille d’informations sur les pendaisons de mineurs, les lapidations, la répression des homos…, mais cela arrive très régulièrement à Cannes. Dans le cas de Satrapi, nous avons découvert que trois figures principales du jury de l’année 2007 (Stephen Frears, Marco Bellocchio, Abderrahmane Sissako) étaient sous contrat avec la productrice de son film, l’Iranienne Hengameh Panahi, responsable de la société Celluloid Dreams.

C’était bien la première fois que quelqu’un regardait de près les liens entre les donneurs et les receveurs des récompenses cinématographiques à Cannes. Nous avons publié un article très bien documenté sur le sujet avant l’annonce du palmarès.

L’article a été très largement lu. Il n’y eut aucune réaction officielle, mais nous pensons que l’article a eu un impact certains sur Cannes en particulier sur les jeunes cinéastes qui ont compris que les dés étaient pipés. Afin qu’ils ne protestent pas contre une concurrence déloyale susceptible de nuire à la réputation internationale de ce Festival, les organisateurs ont opté pour un ex-aequo en 2007 (pour Satrapi), et l’année suivante, il n’y a pas eu de film iranien en compétition, mais une place dans le jury pour Satrapi (une récompense passive) . Et cette année, nous avons eu droit à une nouvelle disposition censée limiter la visibilité encombrante des cinéastes iraniens.

2009 | Le film iranien a quitté la sélection officielle pour Un Certain regard… Le jury a été composé de manière à gommer des liens visibles avec le circuit iranien (plus exactement franco-iranien) et une récompense exceptionnelle, le Prix Spécial du Jury, qui ne faisait pas partie de la grille officielle des récompenses a été inventée pour l’Iranien afin que les vrais cinéastes sélectionnés ne soient pas lésés.

Il n’en reste pas moins que le jury était lié au circuit cinématographique iranien. Il était composé de 3 responsables de festivals de film qui ont l’habitude de récompenser des films iraniens. Il était présidé par Paolo Sorrentino dont le dernier film a reçu sa palme d’un jury comprenant Marjane Satrapi. Sorrentino est aussi indirectement lié au circuit iranien puisque Wild Bunch qui a distribué son avant-dernier chef d’œuvre s’occupe également de Bahman Ghobadi, mais aussi Samira Makhmalbaf, cinéaste iranienne qui dénonce tout sur terre sauf les mollahs. Wild Bunch a aussi co-produit un des derniers films de Julie Gayet, autre membre du jury. C’est la grande famille du cinéma.

Ce sont évidemment là des vrais hasards de rencontre dans cette grande famille amoureuse de l’art ! Autre hasard du même genre, le Prix du Jury du Festival de cette année est allé en ex-aequo à un film français (Prophète d’e Jacques Audiard) co-produit par l’iranienne Hengameh Panahi, la productrice qui finance des films pour manipuler l’opinion à propos de la vraie situation des droits de l’homme en Iran. C’est aussi elle qui a produit la nouvelle version esthétique du film sur la castration des homos !
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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C’est le coup de grâce. Avec de tels hasards, on ne peut s’attendre à des soutiens de la part des acteurs, actrices ou réalisateurs français pour dénoncer les violations des droits de l’homme en Iran outre que l’absence de jouer du rap !

Pire encore, les cinéastes iraniens dotés d’un passeport délivré par les mollahs auront d’autres récompenses pour mériter le financement de leurs films par la puissante Celluloid Dreams.

« C’est vraiment dégueulasse », comme disait un certain Jean-Luc.


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Pour en savoir + :
- Iran-Cannes : Les supercheries de Ghobadi révélées par lui-même
- (19 MAI 2009)

Pour en savoir + :
- Iran : Un certain regard !
- (15 MAI 2009)

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