Iran : La renaissance endeuillée 21.04.2010 Samedi dernier (17 avril), disparaissait à Paris à l’âge de 92 ans, Shoja’eddin Shafa, l’intellectuel iranien le plus influent des 30 dernières années qui resta pourtant méconnu de l’opinion publique internationale. par Babak Khandani
« Notre antique Iran fut la première et principale victime de l’impérialisme des déserts que le Califat arabe avait peint de la couleur verte de la religion. Mais sa vraie teinte était celle du sang que les sabres des bédouins dirigés par Saad Vaghass avaient versé. » « Dans toute son histoire islamique, la mission de notre nation fut de dire non à cette supercherie qui dure depuis 1400 ans. Aujourd’hui encore, la responsabilité de briser cet anneau infernal, incombe, plus que n’importe qui dans le monde, à notre jeunesse. » Ma dernière rencontre avec M. Shafa remonte à deux ans, à l’occasion de l’hommage donné à Paris à un Zoroastrien iranien, assassiné par des Islamistes à Madrid. La victime, Manouchehr Farhangui, était un homme d’affaires éloigné du monde des intellectuels, mais convaincu que le problème des Iraniens était d’ordre culturel et non politique. C’est sur cette conviction qu’il avait approché M. Shafa pour lui proposer de financer ses publications. Ce mécénat permit, entre autres, la création de deux œuvres majeures de Shoja’ed-Din Shafa : Après 1400 ans (پس از هزار و چهارصد سال) et Une re-naissance (تولدی دیگر) [1]. Bien qu’interdits en Iran, ces livres sont probablement les ouvrages les plus lus dans la République Islamique. Les jeunes les téléchargent, les photocopient et se le distribuent sous les manteaux. Ironie du sort, c’était dans la même salle, douze ans plus tôt que j’avais rencontré pour la première fois M. Shafa dans des circonstances similaires. Il venait présenter son hommage à un autre iranien assassiné à Paris par les tueurs du régime des mollahs : le chercheur et écrivain Kourosh Aryamanesh. Ce dernier, militant anti-islamique farouche, pensait comme Shafa qu’il fallait chercher l’origine du mal non en 1979 mais en 642, date de la défaite définitive des Iraniens face à l’armée des Arabes. Ignorés des médias occidentaux qui préfèrent les faux intellectuels à paillettes comme Kiarostami, Satrapi ou Neshat, ce sont néanmoins des personnes de la trempe de M. Shafa et Aryamanesh qui influencent aujourd’hui le peuple Iranien. Malgré les milliards dépensés pour promouvoir les idées creuses de la bourgeoisie islamiste et ainsi sacraliser certains courants du régime islamique comme le Mouvement Vert, le peuple iranien reste indifférent à cette propagande Anglo-américaine qui veut tendre la perche aux islamistes par la comédie du mea-culpa, demandant sans cesse pardon d’avoir bafoué une soi-disant démocratie islamique dont la figure de proue serait le fameux Mossadegh. En effet, les jeunes iraniens se fichent comme de leur première chemise de savoir si Mossadegh fut la victime de la CIA ou non. Pour eux, expliquer le drame iranien à un épiphénomène comme la destitution d’un premier ministre, de surcroit très islamiste, serait comme réduire l’histoire de la France à la tentative de putsch du Général Boulanger. Ils ne retiennent rien des millions de pages et de kilomètres de pellicules de navets débités par les faux opposants qui ne cherchent qu’à écarter la vraie et seule question qui leur importe : « Voulons-nous continuer à vivre dans une société encadrée par l’Islam ? » La réponse est évidente et la bourgeoisie islamique (la bourgeollah) s’en inquiète énormément. Des figures comme Shoja’ed-Din Shafa sont ses bêtes noires. Elle cherche à les éliminer soit physiquement, soit par la calomnie, mais surtout en les noyant dans un océan de médiocrité qu’elle nous fourgue en tant que cinéastes, écrivains, avocats, philosophes …
| Mots Clefs | Resistance : Identité Iranienne |
| Mots Clefs | Réformateurs & faux dissidents : Le Mouvement Vert |
© WWW.IRAN-RESIST.ORG [1] Une re-naissance (تولدی دیگر) | Version originale en PDF
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