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Iran : La semaine en images n°74 19.07.2009 Cette semaine, deux faits d’actualité ont reçu une couverture médiatique : le crash d’un avion de ligne et le sermon de vendredi dirigé par Rafsandjani, sponsor du mouvement vert qui veut refaire une nouvelle révolution islamique en Iran pour réactualiser les objectifs de la révolution islamique de 1979. Depuis 74 semaines, nous revisitons les évènements de la semaine précédente principalement via l’œil des caméras du régime. Ce qui nous a toujours interpellé a été l’écriture photographique adoptée par le régime pour couvrir les évènements. C’est pourquoi nous avons toujours accompagné ces images de dupe d’une explication des sous-entendus qu’elles véhiculent. Topo de la semaine | A cet égard, cette semaine, nous sommes gâtés car on a eu le droit à une nouvelle forme d’images de propagande : la vidéo faussement contestataire nécessaire pour duper ceux qui s’adressent de plus en plus à des médias alternatifs comme YouTube, support qui fut une formidable source d’infos sur la révolte iranienne du 15 au 25 juin. Il faut cependant reconnaître que Téhéran a été précurseur en ce domaine dès l’été 2007. Ces images tournées à la façon Cloverfiled n’apparaissent qu’à des occasions précises quand le régime veut passer des messages dissidents faisant croire à l’existence d’une dissidence politique précise. Sorti de ce contexte, pas de vidéos amateurs ! Le crash | C’est ainsi qu’il n’y a eu aucune image non officielle du crash de l’avion de Caspian Airlines malgré un grand nombre de témoignages visuels. Téhéran ne souhaitait pas s’attarder sur cet incident qui peut l’accuser de manquer d’assiduité pour le respect des normes de sécurité. C’est pourquoi, le traitement médiatique adopté a été de montrer des images des familles de victimes errant sur le site du crash jonché de débris en tous genres. C’est le côté humain mis en avant pour montrer la serviabilité du régime.
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Tous les médias du régime, même ceux dirigés par les Pasdaran ou les Bassidjis que l’on dit hostiles au « mouvement vert », ont répercuté avec emphase cette communion. Répercussion inadéquate avec l’image de dissidence de ce mouvement et les nouvelles de répression à l’encontre de ses dirigeants et de ses partisans. Cette couverture médiatique incongrue est l’expression d’un malentendu : ce mouvement vert animé à l’étranger par des jeunes Iraniens ou par des artistes et, de fait, aimé par des jeunes du monde entier n’est pas une « révolution de couleur », mais l’actuelle priorité du régime. C’est pourquoi étaient présents, en première ligne derrière Rafsandjani, tous les membres à vie du Conseil du Discernement, le véritable gouvernement secret de ce régime : Moussavi, Karroubi, Rezaï, Rohani (le gros gris) et les autres dinosaures dont les noms ne sont pas familiers en France et ni même en Iran.
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>Le moment fort de ce projet sera l’adhésion de ces vieux au mouvement sainement islamique des jeunes iraniens et la clef de sa réussite sera la médiatisation mondiale de cette adhésion. En fait, il s’agit de réhabiliter en démocrates les gens qui dirigent le pays sans partage depuis 20 ans. Ce qui de facto réhabilitera leurs choix (notamment nucléaire) avec un cachet démocratique d’une légitimité absolue. Pour résumer, on simule un mouvement contestataire réprimé par le régime dont l’objectif est de donner une nouvelle légitimité à ce même régime. La propagande du régime s’est adaptée à cette contradiction en séparant les sources qui évoquent les deux sujets : les sources dissidentes dénoncent la persécution des militants et les médias officiels évoquent la lente adhésion des gros bonnets à la cause populaire. Pour plus d’impact sur la véritable cible de l’opération de médiatisation, c’est-à-dire les jeunes occidentaux, naïfs, romantiques et prêts à s’enflammer, notre mouvement vert est anglophone ! On voit régulièrement des affiches ou des écriteaux en anglais et bien sûr le signe V de victoire (de Moussavi) qui ne veut rien dire en persan sinon 2 !
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De fait, si le régime n’a aucun mal à faire des photos de jeunes militants en pamoison devant des images de Rafsandjani ou Talegani, le vieux mollah à la barbe blanche qui fut l’un des fondateurs de ce régime intégriste, il a plus de mal à donner l’illusion d’une grande foule pro-Rafsandjani et de ses autres complices. Il en résulte des vidéos de foule statique parquée dans des espaces réduits comme les rues de la cité U de Téhéran ou des scènes de course poursuite sur une petite longueur. Ces subterfuges permettent au régime de laisser croire à des mouvements de masse important lorsqu’il s’agit en réalité de petits attroupements !
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On y voit un groupement de bassidjis dont plusieurs en civil. L’un de ceux-là vise de son arme la tête d’un homme présent. La même scène existe, cette fois sans l’homme visé. Et pour chacune de ces deux scènes les spectateurs sont les mêmes, dans la même postures : ils n’ont pas bougé d’un millimètre ! (cliquez sur la seconde image pour l’agrandir)
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C’est aussi cela la propagande au pays des mollahs : les indésirables tombent dans les oubliettes de l’info et les favoris occupent la une des quotidiens à fort tirage normalement qualifiés de conservateurs et de pro-Khamenei !
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