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Iran : Les dessous du second procès de Saberi
10.05.2009

Il y a une semaine, les mollahs envoyaient paître le ministre japonais des affaires étrangères venu intercéder en faveur de Roxana Saberi. A présent, ils s’apprêtent à la libérer suite à un nouveau procès qui a été annoncé le 5 mai. Nous devons ce retournement à des représailles judiciaires américaines à l’encontre des hommes du régime aux Etats-Unis.



Le 18 avril dernier, pour faire pression sur les Etats-Unis, les mollahs ont condamné à 8 ans de prison Roxana Saberi, une journaliste irano-japonaise née aux Etats-Unis. Ils espéraient une intervention officielle américaine pour crier à l’ingérence afin de fuir le dialogue proposé par Obama ou encore une demande officielle de libération pour poser leurs conditions et exiger un changement dans la ligne diplomatique américaine vis-à-vis de l’Iran.

En réaction, Hillary Clinton avait le 20 avril promis « des mesures » : Téhéran avait donc bon espoir de réussir le pari osé de cette prise d’otage. Or, Washington n’a pas bougé, n’a pris aucune mesure officielle et s’est juste contenté de faire des déclarations politiquement correctes. Du coup, Téhéran devenait le vilain méchant, une image publique qui ne plait pas aux mollahs.

Deux options ont été envisagées : une libération via un nouveau procès ou un plan pour faire passer les Américains pour des méchants (en simulant une aggravation de l’état de santé de Saberi qui aurait exigé une prompte intervention officielle de Washington).

Téhéran a lancé les deux projets simultanément avec une certaine complicité de la victime et surtout de son père, une complicité qui est peut-être volontaire ou bien forcée.

En réponse, les Américains ont pris des mesures, mais pas celles qu’attendaient les mollahs : d’abord une médiation humanitaire via le pasteur noir anti-sémite Jessy Jackson, puis une médiation du ministre japonais des affaires étrangères dont le pays est le plus important client pétrolier des mollahs. Téhéran n’a même pas daigné répondre Jackson et il a envoyé promener le diplomate japonais. Le 5 mai, Washington a cessé la manière conciliante pour passer à l’offensive.

Le 5 mai 2009, l’honorable Lev L. Dassin, le procureur fédéral de la Zone du Sud de New York, a annoncé la mise en accusation d’un important représentant du régime des mollahs : Farshid Jahedi, président de la Fondation Alavi, qui avait été arrêté le 19 décembre dans une affaire de blanchiment d’argent pour financer des réseaux terroristes. Le procureur américain a évoqué une condamnation pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison qui mettrait également en cause la possibilité de la restitution des avoirs iraniens gelés aux Etats-Unis, avoirs que Téhéran espère récupérer depuis plusieurs décennies.

L’offensive du 5 mai a fait bouger les mollahs et leurs complices. Ce 5 mai, le porte-parole du pouvoir judiciaire des mollahs, Ali-Reza Jamshidi, a annoncé la tenue du procès en appel de Saberi, alors que les avocats de la journaliste venaient à peine de déposer avec 18 jours de retard une demande d’appel ! Le même jour, Roxana a aussi mis fin à sa soi-disant grève de la faim ! Quelle comédie !

Téhéran estimait avoir fait assez de compromis et a laissé un certain flou sur la date du procès en évoquant un jour « au cours de la semaine prochaine » : ce qui est non conforme à la procédure car on sait généralement la date quand on fait une annonce judiciaire. Washington n’a pas aimé cette approche qui était censée sonder ses intentions et il est repassé à l’offensive. Le jeudi 7 mai (dernier jour de la semaine en Iran), le procureur fédéral a informé Jahedi qu’il serait traduit en justice le lendemain à 16h00 (devant le Juge fédéral Shira A. Scheindlin). [1]

Ce vendredi, bien que la journée soit fériée en Iran, Jamshidi, le porte-parole du pouvoir judiciaire des mollahs, a réuni la presse pour annoncer la date du dimanche 10 mai pour le procès en appel, c’est-à-dire avant lundi 11 mai, second jour du procès de Jahedi à New York. Dans la foulée, l’avocat de Saberi, porte-parole indirect du régime, a fait état de son optimisme à la presse : « Nous nous attendons à ce que notre plaidoyer de 15 pages qui a été remis au tribunal soit pris en compte. J’espère qu’elle sera acquittée, je suis optimiste ».

Washington a frappé au bon endroit. Reste à présent à gérer la coordination entre les deux verdicts, même si la valeur marchande du prisonnier iranien est si élevée que Washington pourrait demander en échange la libération de tous les Irano-américains actuellement détenus en Iran.

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A lire absolument :
- Iran : Affaire Saberi – Ebadi – Ghobadi
- (23 AVRIL 2009)

Article complémentaire :
- Iran : Roxana Saberi, otage américain des mollahs !
- (9 AVRIL 2009)

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Terrorismes : Prise d’otages |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |
| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Décideurs : Hillary Clinton |

[1President of Alavi Foundation Indicted for
Obstruction of Justice

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Manhattan federal court|Alavi