Ce n’est pas la première fois que Shirin Ebadi formule ce genre de demandes. Sous Bush, elle avait même demandé que les Etats-Unis imposent des restrictions à l’encontre des opposants du régime des mollahs ou qu’ils respectent le pacte signé entre l’entourage de Khomeiny et ceux de Reagan à Alger, pacte qui a échangé les otages américains contre l’engagement d’une totale impunité accordée aux mollahs.

On ne peut imaginer un défenseur des droits de l’homme tenir ce langage, mais le problème est qu’elle n’est pas un défenseur des droits de l’homme : Shirin Ebadi n’a jamais condamné la lapidation et ses variantes (amputation & énucléation), la pédophilie autorisée par la charia, ni jamais dénoncé les pendaisons publiques, les pendaisons d’opposants politiques en Iran ou les commandos du régime qui ont massacré des opposants iraniens en exil. Elle a en revanche sillonné le monde entier pour défendre le droit des femmes à porter le foulard islamique ou pour insister sur la qualité démocratique de l’Islam. Le centre de ses préoccupations est l’Islam et non les droits de l’homme.

Dernièrement alors que le régime avait reconnu avoir réalisé plusieurs lapidations, elle était intervenue dans Le Monde, non pas pour appeler à l’aide et demander une mobilisation internationale pour sauver des vies, mais pour faire oublier ces affaires mauvaises pour l’image du régime dans un article sur les progrès des droits de l’homme en Iran ! Elle le joker du régime et le régime le brandit quand ça va mal. Alors qu’Ahmadinejad va entacher encore plus l’image du régime à Genève, elle intervient pour équilibrer la donne.

Mais, son intervention ne se limite pas à cela : elle contient des mots précis qui correspondent aux attentes très précises du régime des mollahs.

A la question de savoir ce qu’elle pense de l’offre de dialogue d’Obama, Ebadi répond : Ce que Barack Obama a dit est très positif. Le discours utilisé par George Bush ne faisait qu’encourager la violence du régime iranien. Mais pour que les choses changent vraiment, des actions doivent suivre : Après la révolution iranienne, Washington a gelé tous les fonds iraniens aux États-Unis. Le premier geste serait de dégeler ces fonds. Ensuite, le gouvernement américain devrait accepter de discuter avec l’Iran sans condition préalable. Et enfin, les Américains doivent s’asseoir et négocier.

Ce qu’elle demande n’est pas banal : cela revient à la levée des sanctions contre le régime des mollahs. Elle demande en plus aux Etats-Unis de faire le premier pas : de se présenter à une négociation sans condition préalable ! C’est en substance, ce que Téhéran demande depuis des mois !

Mais, la formule sans condition préalable comprend également les critiques sur les violations des droits de l’homme par les mollahs : via Ebadi, le régime veut en finir avec ces balivernes ! C’est inadmissible qu’une telle personne puisse être l’interlocuteur des médias et des ONG sur la question des violations des droits de l’homme en Iran. Normalement, tout le monde devrait dénoncer cette femme, mais personne ne dit rien car on préfère liquider le dossier noir des violations des droits de l’homme en Iran, mauvais pour le commerce avec les mollahs.

Nous dénonçons avec vigueur les partenaires commerciaux de l’Iran qui continuent à remettre des prix à Ebadi ou à lui rendre hommage pour renforcer la valeur de son expertise humanitaire. Les responsables politiques ont créé une vache sacrée que personne n’ose dénoncer. Il est temps d’agir et de la faire tomber de son piédestal.

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Pour en savoir + :
 Iran : Ebadi invite Obama à rencontrer Ahmadinejad !
 (23 DÉCEMBRE 2008)