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Iran : Ce que le Guide entend par des « compensations »
12.03.2009

Une semaine d’efforts diplomatiques ont finalement échoué : Téhéran ne montre aucune envie d’accepter l’invitation d’Hillary Clinton à participer à une conférence internationale sur l’Afghanistan et ainsi de se retrouver à une table de négociations avec les Etats-Unis.



Il y a 8 jours, Hillary Clinton invitait l’Iran à la prochaine conférence internationale sur l’Afghanistan. L’Iran est un voisin de l’Afghanistan et ne cesse de répéter qu’il attache une grande importance à la stabilité de ce pays. Les Américains espéraient coincer les mollahs afin de mettre fin à leur refus de les rencontrer. Ce refus ou fuite est le seul atout dont dispose Téhéran pour obtenir des compensations « équitables » en échange d’un alignement sur les Etats-Unis. Les mollahs savent que Washington a besoin du territoire iranien pour avoir un accès sécurisé vers l’Asie Centrale, ce qui permettrait de sortir cette région de la double mainmise sino-russe. Les Etats-Unis pourraient ainsi contrôler la zone Golfe Persique – Iran – Asie Centrale, autrement dit tous les fournisseurs de pétrole à la Chine et à l’Inde, les deux puissances montantes qui cherchent à bousculer son hégémonie sur l’économie mondiale. Entre autres, les mollahs savent que les Etats-Unis souhaitent utiliser les compétences islamistes des Pasdaran pour agiter la région minière chinoise de Xinjiang peuplée des musulmans. En d’autres termes, la future diplomatie américaine en Asie repose sur une alliance avec des forces islamiques en Iran et ne peut se concrétiser tant que les mollahs fuiront la discussion ! C’est en faisant patienter Washington que les mollahs peuvent espérer des compensations « équitables » (levée de toutes les sanctions contre l’Iran et l’abandon de toutes accusations sur le nucléaire ou le terrorisme).

Médiation turque | Il y a une semaine, Washington a tenté de mettre fin à cette fuite tactique en invitant Téhéran à la Conférence sur l’Afghanistan. N’ayant pas obtenu les compensations « équitables » qu’il exige, Téhéran est resté fermé à la demande, et comme faux prétexte, il a affirmé qu’il n’avait « reçu aucune invitation officielle de Washington ». Or, puis qu’il est exclu que Washington abandonne ses accusations contre les mollahs et lève les sanctions (sans quoi il n’aurait plus de moyens de pression sur Téhéran), les Américains ont décidé à pousser plus loin leur plan pour coincer les mollahs. Ils ont demandé des médiations de leurs alliés régionaux : le Pakistan, l’Afghanistan et la Turquie, dont les présidents étaient attendus à Téhéran pour le 10e sommet de l’Organisation de Coopération Economique.

« Aucune médiation n’est nécessaire » | Peu avant son départ pour Téhéran, le ministre turc des affaires étrangères avait également affirmé qu’une médiation turque était possible conformément à une récente demande soumise par Téhéran ! Nous avions remis en cause l’authenticité de cette demande, en y voyant une ruse pour « coincer Téhéran ». La réponse iranienne confirme cette hypothèse puisque lors d’une conférence de presse conjointe des chefs d’Etat et des délégations des pays membres de l’Organisation de coopération économique (OCE), Ahmadinejad a déclaré sèchement que l’Iran n’avait pas besoin d’intermédiaires car Téhéran est prêt à dialoguer avec Washington sur la base de « la justice et du respect mutuel », une référence aux compensations équitables exigées par les mollahs.

Quelques heures plus tard, le Guide Suprême a recentré le débat sur ces compensations équitables en déclarant au médiateur américain, le président turc Abdullah Gül, que son régime n’avait « vu aucun signe de compensation de la part des Etats-Unis pour les erreurs qu’ils avaient commises » (sanctions et accusations).

Réponse américaine | Cette rectitude des mollahs, censée faire fléchir Washington, n’a pas vraiment fonctionné. Washington a riposté sur le plan économico-stratégique, une riposte qui nécessite un petit rappel. Lors du sommet qui s’est tenu à Téhéran, les pays membres de l’Organisation de Coopération Economique avaient essayé de tenter Téhéran en évoquant une possible participation iranienne au projet de Gazoduc Nabucco (indispensable à l’Europe pour s’affranchir de sa dépendance au gaz russe). Téhéran avait alors laissé entendre que cette participation était impossible tant que les sanctions américaines restaient en vigueur. Il espérait encourager les Européens à faire pression sur les Etats-Unis pour arrêter leurs sanctions et permettre ainsi à l’Iran de résister plus facilement et fuir les discussions sans être puni par de nouvelles sanctions. Les Etats-Unis ont coupé court à ces ambitions en faisant savoir via leur sous-secrétaire d’Etat adjoint Matthew Bryza qu’« à l’heure actuelle, l’administration américaine ne voyait pas d’un oeil positif la participation de l’Iran au projet Nabucco ». Fin de discussion, fin de chantage.

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Une semaine d’efforts diplomatiques intensifs qui a également comporté des initiatives d’intimidation a fini sans faire flancher les mollahs. Dans moins de trois semaines aura lieu la conférence sur l’Afghanistan à La Haye. Après un temps mort dû à l’échec de cette semaine, d’autres efforts seront entrepris pour coincer les mollahs.


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| Mots Clefs | Décodages : Définition selon les mollahs, Novlangue, NewSPEAK |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Khamenei |

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |
| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Pays : Turquie |

| Mots Clefs | Enjeux : Gazoduc, Oléoduc & pipelines |