Pour Téhéran, l’invitation américaine d’une participation iranienne à la conférence sur l’Afghanistan est en fait une manœuvre habile politicienne dont la gageure est les retrouvailles irano-américianes autour d’un centre d’intérêt en commun, ce qui pourrait être une transition parfaite pour des négociations sur la crise nucléaire iranienne dont le véritable enjeu est le rôle régional de l’Iran.

Pour les Américains, si Téhéran accepte de faire ce premier pas symbolique en sa direction, cela équivaut à prendre la main tendue par Obama, et en échange Washington fera l’effort d’élargir les discussions sur le rôle régional de l’Iran en Afghanistan à des négociations sur son rôle régional au Moyen-Orient.

Le problème vient du fait que pour Téhéran, le premier pas n’a rien de symbolique ! Les différents centres de décision en Iran se sont déjà prononcés sur ces premiers ! Il s’agit non pas de symboles qualifiés par l’Iran de « blabla » mais de gestes concrets comme la levée de toutes les sanctions américaines contre l’Iran et l’abandon de toutes les charges qui justifient ces sanctions.

C’est pourquoi en réponse à l’invitation informelle de Clinton, Téhéran a répondu qu’il étudierait dans une approche positive la demande si elle était officiellement proposée par le Département d’Etat à la république Islamique d’Iran.

La partie en gras, malencontreusement supprimée de la dépêche de l’AFP, est le cœur de la réponse iranienne : Téhéran attend en fait que même le premier pas (symbolique) soit fait par Washington. En plus il maintient le doute sur la date de sa réponse afin de faire insidieusement pression sur les Américains et leurs alliés, tous très mal-en-point en Afghanistan, afin d’obtenir un début de compromis sur sa demande centrale de la levée des sanctions américaines à son encontre.

Téhéran a également précisé qu’il pourrait annoncer sa décision lors de la visite à Téhéran du ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini. Or, ce dernier a été contraint d’annuler son voyage en raison des propos agressifs des mollahs au sujet d’Israël. Cela fait partie de la volonté permanente de Téhéran de transformer toutes relations ou offres de compromis en rapports de forces, seuls schémas de base de sa diplomatie et encore de son rôle régional. Ce qui était une manœuvre pour briser la glace se transforme en un nouveau conflit avec les mollahs.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Pour en savoir + sur cette invitation :
 Iran : L’offrande afghane d’Hillary Clinton
 (7 MARS 2009)