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Iran-AIEA : Les conclusions invariables d’Elbaradei
03.03.2009

Dans son dernier rapport, El Baradai s’était montré très offensif contre le programme nucléaire iranien, notamment en évoquant des capacités militaires accrues. A la réunion du Conseil des Gouverneurs de l’AIEA consacré à l’examen de ce rapport, il s’est montré plus modéré, renouant avec son style habituel.



Il y a une dizaine de jours, le rapport de l’AIEA évoquait des progrès notables dans la militarisation du programme nucléaire iranien, signalait la production d’une quantité alarmante d’Uranium Faiblement Enrichi, suffisante pour produire environ 20 kilos d’Uranium Hautement Enrichi, c’est-à-dire de quoi fabriquer une première bombe !

En fait, pour la troisième fois consécutive, El Baradai est allé à l’encontre des plus récentes hypothèses des services secrets américains qui affirment que Téhéran n’a plus de programme nucléaire militaire depuis 2003. Les Américains ont ainsi créé une ambiance médiatique propice à une entente irano-américaine exclusivement vitale pour les Etats-Unis et donc forcément contraire aux intérêts des autres puissances de la communauté internationale engagées dans cette crise (membres du groupe des Six).

En prenant le contre-pied des Américains, El Baradai espérait priver les Américains de leur monopole d’accusations modulables afin de les priver de leurs moyens de pressions sur les mollahs. Pour y parvenir, l’AIEA a dû contredire ses précédents rapports en grossissant anormalement le stock d’Uranium Faiblement Enrichi amassé par Téhéran et pour contrebalancer cette accusation, dans le même rapport, El Baradai a également affirmé qu’après avoir réuni ce stock d’Uranium Faiblement Enrichi et atteint ce seuil dans la militarisation de son programme, Téhéran avait délibérément ralenti ses activités d’enrichissement. Par conséquent, en tant que nouvel arbitre de la crise, il proposait à la communauté internationale de saisir l’occasion pour conclure un compromis avec Téhéran sur la base des propositions déjà faites à l’Iran via les Six, propositions endossées par le Conseil de Sécurité.

Cette initiative a déplu certes aux Américains, mais aussi aux mollahs qui ne souhaitent aucun compromis avec les Six, mais uniquement une entente avec les Américains avec à la clef une reconnaissance de leur rôle régional par ces derniers. Aussi bien les mollahs que les Américains ont donc décidé d’éliminer cet acteur indésirable de leur bras de fer exclusif.

Les Américains ont focalisé sur la découverte tardive du stock élevé d’Uranium Faiblement Enrichi pour accuser Téhéran d’activités secrètes, activités synonymes de plus de sanctions et non d’un compromis comme le stipulait El Baradai. L’AIEA a alors dû intervenir pour défendre Téhéran en évoquant une erreur non-intentionnelle d’estimation : en agissant de la sorte, elle a rompu avec sa mission de se poser en principale source de pression sur Téhéran.

Après cette reculade, Téhéran est également intervenu pour discréditer totalement l’AIEA : il n’a pas démenti le stock d’uranium, mais il a insisté sur le fait qu’il n’avait aucunement ralenti l’enrichissement. Téhéran a même annoncé qu’il faisait actuellement fonctionner 6000 centrifugeuses, soit le double du nombre annoncé par El Baradai, et qu’il s’apprêtait à multiplier ce nombre par 8, le minimum théorique requis pour un programme nucléaire militaire sérieux.

Aujourd’hui devant le Conseil des Gouverneurs de l’AIEA, El Baradai n’a tenu compte d’aucune de ces évolutions pour rester figé sur ses propres conclusions dans le rapport, conclusions invariables conçues avant le rapport. Il a donc insisté sur la nécessité d’une « nouvelle approche de la part de la communauté internationale de rechercher le dialogue avec l’Iran », sans jamais évoquer l’initiative américaine de dialogue séparé avec l’Iran qui elle aussi pourrait résoudre la crise. Il a ainsi prouvé son attachement implicite à un compromis via les Six dont l’ambition non avouée est de faire barrage à une entente exclusive irano-américaine. Mais en restant figé sur cette conclusion invariable, l’AIEA a de facto renoncé à son initiative défaillante de supplanter les Etats-Unis comme arbitre de la crise.


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Pour en savoir + sur l’Erreur Non-intentionnelle :
- Iran : L’AIEA défend l’intégrité des mollahs - Décodages
- (23 FÉVRIER 2009)

| Mots Clefs | Nucléaire 2 | AIEA : Conseil des Gouverneurs |
| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : El Baradei |
| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : inspections, actions et rapports |

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |