Après moult retards délibérés, la Russie a enfin annoncé l’achèvement des travaux de la centrale de Bouchehr et le début des tests de fonctionnement qui dureront un certain temps. Les médias du régime ont couvert la visite du site (ci-dessous), preuve des progrès scientifiques de l’Iran.
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Comme l’affirme la une du quotidien Jomhuri Eslami (république islamique) : « La conquête de l’espace et l’enrichissement, preuves de la puissance iranienne pour l’achèvement de Bouchehr ! »
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Conforme à cet esprit, à l’occasion de la conférence de presse de l’inauguration, Aghazadeh (à droite), le responsable iranien du programme nucléaire a zappé Bouchehr. Il a surtout parlé de l’enrichissement nucléaire, une activité anxiogène sanctionnée par le Conseil de sécurité, pour annoncer l’accélération de ce programme : évident pied de nez officiel au rapport de l’AIEA qui avait annoncé un ralentissement volontaire de l’Iran pour donner une chance à un compromis.
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Or, sous le régime des mollahs, le durcissement de la politique nucléaire va de pair avec la promesse d’un retour des modérés. Pour stigmatiser ce retour chargé d’espoir de compromis, le régime a mis en scène les soi-disant artisans de ce retour : les « étudiants iraniens dissidents » opposés à Ahmadinejad !

Cependant, ces dissidents factices ne peuvent en aucun cas scander des slogans contre le régime, car dans ce cas ils seraient la preuve d’impopularité du programme nucléaire ou de la politique du soutien financier au Hamas. En l’absence d’un vrai fond ou de critique contre les vrais responsables, le régime met en scène cette soi-disant dissidence sous la forme d’une opposition très théâtrale sur des sujets qui n’ont aucune importance et une colère surtout dirigée contre Ahmadinejad qui est constitutionnellement dépourvu de pouvoir. Cette fois, le prétexte de ces étudiants bidons était de s’opposer à l’enterrement des restes d’enfants soldats dans la cour de leur université (ci-dessous).
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Comme d’habitude, les images de leurs manifestations a été immédiatement uploadées sur YouTube, la nouvelle plateforme de désinformation du régime. Passons le fait qu’il est impossible d’uploader des fichiers lourds avec des abonnements normaux accessibles à des revenus d’étudiants, les images sont en soi très éloquentes : on assiste à une bagarre entre des étudiants des miliciens du Bassidj. On voit clairement que les figurants miliciens font attention à ne pas toucher le caméraman qui dispose d’un espace vide d’un rayon de 2 m devant lui pour se rediriger et tout filmer sans encoche. Cette chorégraphie résulte du fait que la majorité de ces étudiants sont eux-mêmes membres de la milice Bassidj.

Ceci est l’un des 3 visages de l’information de l’Iran des mollahs : la désinformation. Elle accompagne la réalité toujours dissimulée sous une épaisse couche de propagande. Cette propagande régit toute l’information du régime : elle transforme la livraison très tardive d’un équipement technologique russe en victoire scientifique révolutionnaire et islamique. Cette propagande évoque aussi un régime puissant : ainsi, quand Téhéran se sent menacé par de nouvelles sanctions, et qu’il envoie son président distribuer des sous en Afrique pour acheter des voix au conseil de Gouverneurs de l’AIEA, cela devient la tournée africaine du président pour combattre l’impérialisme.

Les images de cette tournée ont été si pauvres que le régime a oublié de les diffuser dans la presse écrite iranienne. Les journaux iraniens coûtent ½ dollar l’exemplaire. Ils ne sont pas lus par des gens de peu, mais par ceux qui ont les moyens : les Bazaris, les hommes d’affaires. C’est à eux que le régime a voulu cacher les images d’une déchéance qui prend la forme d’une piteuse tournée africaine !
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On retrouve encore de la propagande dans le traitement du voyage en Iran du président irakien Jalal Talabani. Il y a deux mois à peine, son 1er ministre Al Maliki était à Téhéran.
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Régulièrement les Américains expédient en Iran des émissaires officiels irakiens pour proposer un deal aux mollahs. Le refus du régime d’accepter ce deal est également une source de malaise pour les hommes d’affaires du régime, mais en même temps Téhéran est heureux de montrer que les Américains le courtisent.

Il en résulte une propagande bicéphale : d’un côté le régime réalise à l’usage des agences de presse étrangères des images de la visite de Talabani, et de l’autre côté, il en montre peu en Iran. Pour faire passer la pilule, il accompagne la nouvelle d’un discours de circonstance où l’on affirme que Talabani est venu demander des conseils de gouvernance à Ahmadinejad et parallèlement on couvre de cadeaux les Bazaris inquiets : une baisse factice du taux de change de dollar et une réduction de 90% de droits de douanes sur des produits de saisons (les fruits et agrumes).

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Cette combinaison de réalités déprimantes, de propagande et de désinformation est présente dans tous les domaines. Cette semaine, des images de flamands roses morts ont touché beaucoup d’internautes : le régime a prétexté la sécheresse de l’été dernier.
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La vérité est que l’eau des montagnes qui irriguait le lac d’eau douce de Bakhtegan a été détournée depuis un an pour alimenter un projet inconnu. Les flamands roses sont également morts en grand nombre l’année dernière. Plus au nord, d’autres marais ont été saccagés pour être transformés en dépôts d’ordures.
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Il y a toujours une réalité économique inavouable derrière ce qui passe en Iran. Cette réalité ne trouve pas sa place dans le discours officiel du régime ni dans les propos élogieux de ses lobbyistes qui affirment bien connaître l’Iran car ils s’y rendent souvent. Nous avons des raisons de croire qu’ils vont uniquement chez les gras mollahs et non en périphérie des villes où habitent 20% des Iraniens sans rien ; comme ici à Bandar Abbas, jadis 1er port du pays, non loin de Bouchehr. Cette réalité-là, personne n’en parle ; ni les mollahs, ni leurs lobbyistes qui hantent les plateaux de France 3, ni Shirin Ebadi, normalement chargée de défendre les enfants et encore moins les soi-disant étudiants en colère.
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Ceux-là ont eu la chance d’être photographiés par un journaliste iranien de l’agence ISNA, d’autres ont été récemment photographiés par un badaud sans prétention lors de la 30e anniversaire de la révolution islamique. Au lieu d’avoir ce genre d’images intenses, les lobbyistes du régime, comme une certaine Isabelle Eshraghi, nous abreuvent des mêmes clichés fatigués de jeunes filles libérées, peu voilées et souriantes, sortie tout droit d’un Iran fictif de propagande et de désinformation.