En fait tous les responsables du régime ont condamné l’accord et appelé les députés irakiens à le rejeter sauf le chef du pouvoir judiciaire, l’ultraconservateur ayatollah Mahmoud Hashemi Shahroudi, pourtant nommé à son poste par l’ultraconservateur guide suprême Khamenei, très hostile à l’accord. On comprend la surprise des médias : ils ont été pendant des années abreuvés par des explications sur l’opposition entre les ultraconservateurs et les réformateurs.

Cette affaire est un parfait exemple de l’aspect caricatural de ces explications fournies par des soi-disant experts en politique iranienne qui sont en fait des lobbyistes du régime. La surprise des médias occidentaux est due à leur manque d’information : un manque de connaissance du régime lui-même et de l’identité de ses acteurs.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Bio express | En l’occurrence, le chef du pouvoir judiciaire s’appelle en fait Mahmoud Hachémi Shahroudi Eraghi. Le dernier vocable, Eraghi عراقي veut dire irakien.

Shahroudi est originaire d’Irak, né et élevé à Nadjaf. Il a été membre du Conseil Suprême Irakien (مجلس اعلای عراق), mouvement islamiste des années 70 sous Saddam. Après la révolution islamique en Iran, cet ancien élève séminariste de Khomeiny devint l’agent de liaison entre Khomeiny et Mohammad Sadegh Sadr, le père de Moqtadad Sadr.

C’est Shahroudi qui a refondé le Conseil Suprême Irakien en 1982 en exil en Iran, en le rebaptisant sur un ordre de Khomeiny Conseil suprême de la révolution islamique en Irak, mouvement armé disposant de 10,000 combattants islamistes irakiens basés en Iran, combattants aujourd’hui intégrés dans la police irakienne.

Shahroudi est par ailleurs un des piliers du régime, membre du Conseil de Gardiens de la Constitution. On pourrait penser qu’il a exprimé une position pro-irakienne, mais il ne faut pas être dupe : il ne s’agit pas d’une dissonance, mais d’une volonté délibérée du régime de montrer l’existence d’une certaine diversité, preuve de sa nature soi-disant démocratique. Cela permet aussi à Téhéran de faire diversion pour cacher la déception des mollahs face à cet accord qui réduit leur influence en Irak.

Le régime des mollahs use et abuse de ces procédés médiatiques alors qu’il châtie avec la plus grande sévérité le moindre écart de la ligne officielle du régime pour ceux qui ne sont pas du sérail.

D’ailleurs, cette diversité de façade est de plus en plus portée par les « conservateurs », qui sont le choix du régime pour incarner le pouvoir, une manière « démocratique » de rester encré dans une « tendance nationaliste » de poursuite des activités nucléaires (un soi-disant choix du peuple).

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Pour en savoir + sur la vraie position des mollahs :
 Iran : Importants revers irakiens pour le rôle régional des mollahs
 (17 NOVEMBRE 2008)