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Iran : Début fulgurent de la pré-campagne éléctroale
09.09.2008

Suite à l’échec de la tentative de coup d’Etat rampant de Larijani et la disgrâce de ce dernier, le régime s’était vu contraint de continuer le scénario d’une nouvelle « présidence conservatrice » avec Ahmadinejad . Dans son empressement, le régime a presque réélu ce dernier au détriment des shows médiatiques qu’il affectionne pour revendiquer l’existence d’une démocratie en Iran. Pour éviter une campagne morose et prédéterminée, le régime a pris des dispositions : des voix aux intonations préélectorales se lèvent contre Ahmadinejad, et parmi eux, il y a celle de Hassan Rowhani, ex-négociateur nucléaire sous Khatami qui aujourd’hui occupe la direction du centre des études stratégiques du Conseil du Discernement.



© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Dans un long discours devant ses amis du parti Modération et Progrès, Rohani a accusé Ahmadinejad d’avoir placé « le régime » dans une situation critique ! Il a aussi bien critiqué sa gestion intérieure (inflation, coupure de courant) que sa gestion internationale de la crise ou du problème israélien. Le contenu de ses critiques nous informe sur le positionnement que le régime veut lui attribuer dans les prochaines élections présidentielles.

À propos des déclarations d’Ahmadinejad sur Israël, Rohani n’a pas critiqué le fond des propos, mais leur forme. Il a signalé que le ton d’Ahmadinejad laissait supposer l’existence d’un plan de destruction d’Israël, supposition qui pourrait provoquer la mise en place de projet militaire hostile au régime. C’est un positionnement subtil qui lui permet de critiquer son futur adversaire tout en restant anti-israélien. En d’autres termes : il n’entend donner aucune indication sur son positionnement. On peut retrouver Rohani comme « réformateur » ou encore comme un « conservateur pragmatique ».

On retrouve la même approche à propos du nucléaire : Rohani n’a pas remis en cause la décision de continuer l’enrichissement, mais les commentaires d’Ahmadinejad sur les résolutions (qualifiées de brouillons). Il a qualifié cette appréciation de légère en la comparant à un otage menacé par un fusil qui essaierait de se convaincre que le fusil est factice ou chargé à blanc. Selon Rohani, cette attitude rend vulnérable le régime. Là encore, Rohani a critiqué son futur adversaire sur un point de détail sans remettre en cause la politique fondamentale du régime de refus de tout compromis.

Sur le plan intérieur où son interlocuteur est la société iranienne, Rohani s’est fait plus polémique, plus électoraliste. Il a demandé des comptes à Ahmadinejad pour comprendre ce qu’il avait fait des hauts revenus pétroliers. Il a affirmé que la déclaration d’Ahmadinejad sur le coût élevé de ses projets était fausse car ce dernier avait fait des prévisions en 2005 sur la base d’un baril à 25 dollars alors qu’il a obtenu plus de 130 dollars par baril dont il ne reste que très peu de trace. À ce titre, Rohani a évoqué la bonne gestion des revenus pétroliers de l’Arabie Saoudite qui a su accumuler 870 milliards de dollars de réserve en devises et aussi le cas du Koweït qui aurait constitué un trésor de 350 milliards de dollars !

Bizarrement, on remarque que cette partie de son intervention médiatique est totalement bancale : ses critiques économiques de son futur adversaire sont fondées sur la base de chiffres inexacts et d’un raisonnement incomplet ! Ces deux Etats n’ont pas reconstitué ces réserves en 3 ans et dans le cas d’Ahmadinejad, en 2005 le baril était à 55 dollars et non pas à 25 dollars et il est resté très peu de temps au-dessus de 130 dollars. Ces erreurs grossières ne sont pas admissibles à son niveau : elles ont été commises pour lancer le débat entre les deux futurs adversaires. En ce sens, on reste sur le schéma directeur qui est de critiquer Ahmadinejad sans critiquer le système car c’est depuis la révolution que l’Iran vit à l’heure des taux d’inflation toujours supérieurs à 20% et de réserve frôlant le rouge.

Dans sa longue intervention, Rohani a abordé pratiquement tous les thèmes (les Etats-Unis, les relations russo-européennes et le rôle régional du régime) en critiquant les erreurs formelles d’Ahmadinejad, mais sans jamais remettre en cause le fond de ces politiques approuvées par le Conseil du Discernement, auquel lui-même appartient.

Le mollah Rohani est l’un des plus jeunes membres de ce Conseil où se décident tous les projets politiques du régime. Il siège également à l’Assemblée des Experts, le club des 80 mollahs qui se partage le gâteau des revenus du régime. Il serait un bon candidat pour animer une campagne qui s’annonçait morose.

Cependant, il est tôt de se prononcer sur sa candidature : son intervention a une valeur de sondage. Le régime l’a fait parler et il a médiatisé ses propos ; il attendra des retours qui pourraient être recueilli via des conversations rapportées par ses mouchards : chauffeurs de taxi, faiseurs de queues, commerçants... S’il en obtient un bon retour, le régime en fera l’un des animateurs des prochaines élections présidentielles iraniennes du 19 juin 2009, et peut-être même le futur président (il a un profil d’expert en nucléaire comme Larijani).

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