Durant son mandat, pour faire plier Téhéran et lui imposer une entente conforme aux intérêts américains, Bush a imposé de lourdes sanctions contre l’Iran au prétexte de ses activités nucléaires. De son côté, conformément à sa méthode de chantage, Téhéran a refusé de lever le voile sur ses capacités nucléaires réelles, espérant utiliser la menace latente d’une escalade pour obtenir une capitulation américaine et une entente conforme à ses propres intérêts.

Ces deux stratégies sont devenues des pièges pour les deux parties bloquant tout possibilité de dialogue anticipé et donc toute possibilité d’entente : Bush ne pouvait renoncer à la condition préalable, car il aurait aussi dû renoncer à ses sanctions sélectives, perdant immédiatement tout moyen de pression sur Téhéran et de son côté, les mollahs ne pouvaient accepter une suspension vérifiable qui pourrait contredire leur prétention nucléaire.

Dans ces conditions, Téhéran était tranquillement installé dans son refus car le mauvais rôle était celui du méchant Bush qui n’acceptait aucun compromis libérateur. La venue d’Obama a bouleversé ce train-train : Obama propose un dialogue sans condition préalable. Mais l’absence de conditions pour la reprise du dialogue ne change pas le fond du problème, c’est-à-dire les clauses d’une entente irano-américaine, clauses diamétralement opposées, puisque Washington veut un allié agitateur (un pittbull régional docile) et Téhéran veut tout simplement une entente sans aucune contrainte !

Que Bernard Kouchner se rassure donc, l’offre du dialogue sans condition préalable d’Obama ne sera pas acceptée par les Mollahs, ces derniers ne veulent pas un dialogue sans condition préalable, mais une entente inconditionnelle !

Mais sous peu, les rôles seront inversés par cette proposition machiavélique d’un dialogue sans condition préalable. Le refus des mollahs sera plus que suspect, ouvrant la voie à une option militaire, suprême moyen de pression américain sur Téhéran. On entendra alors le chef de la diplomatie française tenir le discours inverse et défendre le dialogue sans condition préalable.

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