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Iran : Dialoguer mais avec qui ?
13.10.2008

Jean-Louis Bianco s’est rendu en Iran (en tête d’une délégation parlementaire) pour évoquer avec Larijani, président du Parlement des mollahs, Velayati, le conseiller diplomatique du guide suprême et Mottaki, le ministre des affaires étrangères, la possibilité de la reprise des négociations avec Téhéran. Presque au même moment, Kalhor, le conseiller culturel d’Ahmadinejad, a posé des conditions claires pour une telle reprise : une rupture des relations avec Israël. Tout le monde parle et les Occidentaux ignorent souvent à qui ils doivent s’adresser.



Cet interlocuteur ne peut pas être le grassouillet Kalhor qui a été plusieurs fois destitué puis renommé à son poste pour avoir parlé à tort et à travers dans les médias, il a même frôlé la prison. Par cette déclaration très conforme aux slogans du régime, Kalhor opère une tentative pour exister médiatiquement et sortir de son isolement.

L’interlocuteur idéal ne peut également pas être Larijani qu’a rencontré Jean-Louis Bianco. Larijani est en disgrâce suite à la découverte par Rafsandjani, le patron du régime, d’une tentative de coup d’Etat rampant pour prendre le pouvoir. Le régime a supprimé Larijani des médias et s’est attaqué à son bras droit, Ali Kordan.

La carrière de Larijani bat sérieusement de l’aile et ne doit son maintien à son poste qu’au désir du régime de ne pas révéler ses fractures internes. Comme nous l’avions suggéré dans nos précédents articles, cette ex-étoile montante du régime, qui a trahi ses bienfaiteurs, a enfin annoncé ce samedi qu’il ne serait pas candidat à la succession d’Ahmadinejad.

Jean-Louis Bianco qui n’a généralement pas de chance a atteint un niveau d’excellence en rencontrant ce looser en perte de vitesse. Dans l’immédiat, Larijani ne pense qu’à se maintenir à son poste en essayant de faire le moins de vague possible c’est-à-dire en montrant le plus de zèle possible pour défendre les projets les plus controversés du régime comme la suppression des allocations en nature (qui permettent à 60 millions d’iraniens de survivre), la justification de la prime de 100,000 dollars accordée aux députés, et un soutien sans faille au droit à l’enrichissement.

Cette invitation s’inscrivait aussi dans ce registre d’allégeance de Larijani au régime. Les mollahs sont en permanence en quête de visiteurs officiels dont le déplacement en Iran prouverait que leur régime n’est pas isolé.

Bianco, avide de succès médiatiques pour lui-même et le PS, a été le parfait pigeon pour être attiré en Iran et y rencontrer Velayati, le conseiller diplomatique du guide suprême et Mottaki, le ministre des affaires étrangères des mollahs.

Dans ce groupe Velayati est également à exclure comme interlocuteur car il est sous mandat d’arrêt international pour avoir commandité l’attentat très meurtrier contre le siège d’une association juive argentine. Il ne pourrait donc pas quitter l’Iran par peur d’une arrestation. Son intérêt réside dans le fait qu’il se dit partisan d’un dialogue avec l’Europe. Il a, par sa présence, rassuré le pigeon Bianco qui a indiqué à son retour d’Iran qu’il avait vu dans la réception de cette délégation parlementaire un « signal » de leurs interlocuteurs pour élargir le dialogue.

Téhéran n’avait besoin pas d’une pointure (et il a été servi), mais d’un prétexte. Tout de suite après la rencontre, Téhéran a publié une dépêche où il a mis en avant la possibilité d’une plus forte coopération économique et régionale (c-à-d au Liban) comme pour tenter d’autres chefs d’Etat si Nicolas Sarkozy ne mordait pas à l’hameçon. A présent, les mollahs attendent sagement une offre de rencontre à haut niveau entre un haut responsable européen et un vrai interlocuteur au sein de leur régime.

Qui ? Il peut s’agir de Rafsandjani, le vrai patron du régime, d’Ahmadinejad qui est revenu dans la course à sa propre succession après la disgrâce de Larijani ou encore de Rohani, son véritable adversaire présidentiel.

Cependant, si Jean-Louis Bianco a vu dans la réception de cette délégation parlementaire un « signal » pour élargir le dialogue, l’ennui est que ce dialogue est un moyen et non une fin en soi pour les mollahs.

Les 3 dirigeants que nous avons nommés souhaitent un dialogue constructif, mais pas avec un interlocuteur européen, car leur objectif est une entente avec l’actuel maître de Washington. Les Européens risquent uniquement de renforcer la stature internationale des mollahs et de leur accorder un poids supplémentaire régional pour réaliser cet objectif.

En Iran, Bianco a d’ailleurs tenu des propos flatteurs en ce sens sur la réalité du rôle régional des mollahs que sans doute ses amis (s’il en a) lui reprocheront.

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| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : France |

| Mots Clefs | Décideurs : Ségolène Royal (et autres socialistes français) |

| Mots Clefs | Mollahs & co : Ali Larijani |